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PUBLIÉ LE 19/03/2024 PAR Enzo LegrosQuoi de plus insolite que du couscous pour attirer du monde au profit d’une association ? Pour initier la 30ème édition du Sidaction, le Collectif Sida 33 organise le mardi 19 mars sa traditionnelle vente de couscous à la tunisienne, au profit de la recherche, du dépistage et de la prévention sur le VIH. Aux fourneaux, Noëlle Auckenthaler, membre du collectif, et Maryse Tourne, fondatrice de ce groupe d’associations, concoctent des barquettes d’environ 1kg et une panoplie de dessert, sous l’égide de la « cheffe cuisinière » Aïcha Bouillaud. La tunisienne dicte la recette du « couscous rouge », qui doit sa couleur au curcuma et au concentré de tomate.
Un dépistage public pour « trouver l’épidémie cachée »
Les barquettes de couscous sont vendues au prix de 10€. L’année dernière, 100 barquettes ont été vendues, moyennant 1000€ pour la cagnotte locale du Sidaction. La même équipe culinaire se reformera vendredi pour approvisionner les points de restauration qui seront installés sur la place de la Victoire, le samedi 23 mars.
Des Trod (tests rapides d’orientation du diagnostic) y seront proposés aux passants, tout comme vendredi sur la place Pey-Berland. Il s’agit de prises de sang faites à un doigt, similaires à celles utilisées pour le diabète, donnant un résultat en 30 minutes. Pour attirer l’attention du public samedi, le Collectif Sida 33 compte sur plusieurs animations festives, comme la présence de la Fanfare de Los Teoporos à 13h ou du show de Drags Queen à 16h. Le Sidaction se conclura par un loto dimanche, dans les locaux de l’association Union Saint-Bruno.
Enzo Legros | Aqui Noëlle Auckenthaler (à gauche) et Aïcha Bouillaud (à droite), membres du Collectif sida 33 depuis 2009, préparent le couscous tunisien pour la vente du mardi 19 mars.
« Le but est de trouver l’épidémie cachée, les personnes qui ignorent leur séropositivité », explique Tristan Poupard, directeur de l’association bordelaise Le Girofard, un centre d’accueil LGBTQIA+ membre du Collectif Sida 33. D’après Santé publique France, 25 000 personnes ne connaissent pas leur diagnostic dans le pays, dont 500 en Gironde. Un problème de taille pour de nombreuses associations, puisque les traitements utilisés dans les pays développés, comme la France, permettent de « redonner une espérance de vie normale » aux malades, selon Tristan Poupard. Ils ont aussi et surtout la capacité de rendre la maladie « intransmissible », et d’émettre ainsi « l’espoir de mettre fin à l’épidémie de VIH ».
Encore 5000 à 6000 nouveaux cas par an
Malgré ces traitements, le nombre de nouveaux cas de Sida stagne entre 5000 et 6000 par an en France depuis plusieurs années. Un phénomène difficilement explicable pour les acteurs du dépistage du Sida. Maryse Tourne estime que « la précarité y joue un rôle », et ce alors que les préservatifs masculins sont gratuits en pharmacie pour les moins de 26 ans depuis le 1er janvier 2023.
La cagnotte du Sidaction doit servir à soutenir la recherche scientifique, les actions locales de dépistage, et à financer les initiatives portées par l’association à l’étranger. « En France, dès qu’on dépiste, on traite. Ce n’est pas le cas dans le monde entier », rappelle Maryse Tourne. Il existe aujourd’hui des médicaments permettant de s’immuniser contre le VIH lors d’un rapport sexuel avec une personne séropositive, et d’autres capables d’empêcher une contamination quelques heures après le rapport. Malgré cela, 630 000 morts liées au Sida ont été décomptées dans le monde en 2022.
