A Bordeaux aussi, l’institut de lutte contre le cancer utilisait les prothèses PIP


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A Bordeaux aussi, l'institut de lutte contre le cancer utilisait les prothèses PIP

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Publication PUBLIÉ LE 07/01/2012 PAR Nicolas César

Dans le cadre de l’information judiciaire ouverte contre Jean-Claude Mas, fondateur de la société varoise de prothèses mammaires PIP, la juge d’instruction marseillaise en charge du dossier s’est déplacée mercredi dans l’ancienne usine de la société à La Seyne-sur-Mer, dans le sud de la France. Les analyses de l’Afssaps, effectuées sur des prothèses saisies lors d’une perquisition dans les locaux de PIP (Poly Implant Prothèse) en mars 2010, ont mis en évidence un gel non conforme, au pouvoir irritant mais non géno-toxique (sans altération de l’ADN des cellules), avec un risque élevé de rupture des enveloppes et de suintement du gel. Le pire, dans cette histoire, c’est le cynisme avec Jean-Claude Mas, le fondateur des prothèses mammaires PIP, a agi. Devant les enquêteurs qui l’ont interrogé en octobre, le fondateur de la société varoise PIP a expliqué qu’il savait « que ce gel n’était pas homologué ». Mais, a-t-il poursuivi, « je l’ai sciemment fait car le gel PIP était moins cher (…) et de bien meilleure qualité ». Jean-Claude Mas explique que « dès 1993 », soit deux ans seulement après la création de sa société, il avait donné « l’ordre de dissimuler la vérité » à l’organisme certificateur allemant TÜV, soit bien avant la mise sur le marché des implants incriminés aujourd’hui. « Jean-Claude Mas est d’un cynisme consommé vis-à-vis des victimes », a déclaré Me Laurent Gaudon, avocat de porteuses d’implants qui entendent poursuivre non seulement la société PIP, mais aussi les chirurgiens concernés. Pour Philippe Courtois, avocat bordelais qui représente plus de 1.300 porteuses, Jean-Claude Mas « traite avec mépris l’ensemble des victimes » et « n’a pas une once d’humanité. » Par ailleurs, une ancienne salariée du groupe auditionnée par les enquêteurs a expliqué qu’une double base de données avait été établie pour déjouer les contrôles de l’organisme allemand TÜV Rheinland, un organisme de certification de produits et systèmes de management. Selon elle, il « vérifiait simplement si le cahier des charges était respecté ». « Aucun échantillon de prothèse n’était testé », ajoute-t-elle. Seul le nom du gel américain autorisé, le Nusil, était noté.

Les centres anticancéreux ont utilisé des prothèses PIP
Me Philippe Courtois annonce qu’il se rendra à Marseille courant janvier pour rencontrer la juge d’instruction en compagnie d’Alexandra Blachère, présidente de l’association PPP (Porteuses de prothèses PIP) qui revendique environ 2.000 adhérents, victimes et proches des victimes. D’autre part, jeudi, nous avons appris que les centres anticancéreux regroupés au sein de la Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer (FNCLCC) ont utilisé jusqu’en mars 2010 les prothèses mammaires fabriquées par PIP. « La centrale d’achat de la vingtaine de centres spécialisés avait passé un marché public en 2008 avec la société Poly Implant Prothèse (PIP) pour la fourniture des implants », a indiqué Josy Reiffers, le président de la FNCLCC. « A la fin 2009 déjà, nous avions signalé au fabricant quelques remontées d’informations des chirurgiens faisant état de problèmes de fuite du gel et nous avons mis fin au marché en mars 2010″, a-t-il expliqué. Josy Reiffers a précisé qu’environ 3.000 opérations de chirurgie réparatrice consécutives à un cancer avaient été effectués dans ces centres et rappelé qu' »aucun lien n’a été établi entre les prothèses PIP et le développement d’un cancer ».

Les centres de lutte contre le cancer pourraient se porter partie civile
Selon Josy Reiffers, « la majorité des implantations effectuées avec ces prothèses PIP ont été effectuées pour des raisons de chirurgie esthétique et les indications liées au cancer ne concernent qu’une femme sur cinq et dans ces 20%, les centres anticancéreux représentent moins de la moitié ».Lorsque le problème des ruptures d’implants est apparu en 2010, l’Institut Bergonié de Bordeaux qu’il dirige a pris contact avec toutes les patientes porteuses de prothèses PIP. « 106 ont été revues en consultation et 40 ont du subir une explantation », a précisé Josy Reiffers. Il estime que les centres anticancéreux ont été victimes d’un fournisseur, PIP, et qu’à ce titre la FNCLCC étudie la possibilité de se porter partie civile dans le dossier judiciaire ouvert à Marseille.

                                                                                                                         Nicolas César

Crédit photo : Interpol

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