A Blanquefort, les salariés de Ford paralysent leur usine pour obtenir des garanties sur leur avenir


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A Blanquefort, les salariés de Ford paralysent leur usine pour obtenir des garanties sur leur avenir

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 18/02/2008 PAR Nicolas César

Depuis trois jours, près de 300 salariés de Ford Aquitaine Industries, à Blanquefort, se relaient jour et nuit, pour empêcher l’entrée et la sortie des camions transportant des boîtes de vitesse sur le site. « Cette grève est illimitée. Tant que la direction de Ford n’aura pas cédé, nous bloquerons l’usine. Nous en avons assez d’être baladés. Les politiques viennent enfin de comprendre que Ford s’est moqué de nous. Mais, on a perdu deux ans. Maintenant, ça suffit, on veut savoir de quoi sera fait notre avenir » déclare, excédé, Eric Troyas, délégué FO à Ford Blanquefort et père de trois enfants. Une chose est sûre, depuis la visite du vice-président de Ford-Europe, Jim Tetreault, le 7 janvier, leur usine, qui produit des boîtes de vitesse automatiques ne recevra plus de commandes de la maison mère, Ford, en 2010. « Le problème est qu’aujourd’hui, Ford n’a aucune solution alternative concrète à nous proposer. Le comité de pilotage a été mis en place par Ford Europe et les pouvoirs publics, afin de trouver un autre projet industriel, s’est révèlé être un échec cuisant. Ford nous a amusés pendant toutes ces réunions » lâche Francis Wilsius, secrétaire du CE de Ford Blanquefort. Du coup, les ténors politiques de la région, Alain Juppé, le maire de Bordeaux, Alain Rousset, président du Conseil régional d’Aquitaine, sont montés au créneau. Le PDG de Ford Europe, John Fleming, a même été convoqué au ministère de l’économie le 5 février par Christine Lagarde. Mais, pour l’heure, seules trois pistes se dégagent : produire des moteurs d’éoliennes et fabriquer des pièces pour des véhicules hybrides électriques (Dassault). Par ailleurs, Ford Blanquefort vient de décrocher un nouveau marché et va produire une boîte 5 vitesses (une centaine par jour) qui équipera des véhicules à propulsion assemblés en Australie pour le marché local. Mais cela sauvera au mieux 400 emplois, que fait-on des 1 200 autres ? » s’interroge Jean-François Sembres, 40 ans, chef d’équipe à Ford Blanquefort. « Et, il ne faut pas oublier que Ford Blanquefort fait travailler de nombreux sous-traitants dans la région. Un emploi supprimé à Ford Blanquefort, c’est cinq emplois supprimés en Aquitaine. 10 000 emplois indirects sont concernés. » rappelle Jean-Claude Conte, délégué CGT.


« J’ai une petite fille de 4 ans, un crédit sur ma maison à payer, je ne sais pas comment je vais m’en sortir »


Face à tant d’incertitudes, l’angoisse monte chez les salariés. « C’est inhumain. Ford ne nous donne aucune information sur notre avenir. On ne sait pas si l’on doit chercher du travail. Et puis, où va-t-on pouvoir être embauché ? On ne peut faire aucun projet avec la famille. On s’attend à une baisse de notre pouvoir d’achat. Alors depuis un an, on limite nos dépenses » témoigne, Sylvie, 43 ans, dont le mari travaille aussi à Ford Blanquefort. « J’ai une petite fille de 4 ans, un crédit sur ma maison à payer, je ne sais pas comment je vais m’en sortir », ajoute t-elle. « Le moral est à zéro. Quand on arrive au portillon de l’usine le matin, on n’a qu’une envie : faire demi-tour. L’ambiance est tellement tendue au travail, que certains en sont même venus aux mains » raconte, Annie, 34 ans, agent de fabrication.
Pour autant, les salariés restent attachés à leur usine. La plupart sont là depuis 20 ans. Certains sont même arrivés à la création de l’usine, en 1973. « Nous nous battrons jusqu’au bout. Il nous reste encore un vrai moyen de pression, rappelle Francis Wilsius, secrétaire du CE. « Si Ford nous laisse tomber, sans avoir trouvé un autre projet industriel pour nous, la direction sera obligée de démolir le site et de le dépolluer, avant de partir. C’est la loi. Et cela leur coûtera 500 millions d’euros » précise t-il.


Nicolas César

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