63% des artisans en état de fragilité financière


La baisse de pouvoir d’achat des consommateurs est la première cause citée par les artisans de Nouvelle-Aquitaine à l’origine de leurs difficultés financières.

Deux apprentis du Centre européen en éco-réhabilitation du Panazol au travailCorinne Merigaud | Aqui

Historiquement premier secteur de l'artisanat en Nouvelle-Aquitaine, le secteur du bâtiment cède la première place aux métiers de services.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 31/01/2024 PAR Cyrille Pitois

Dans son point de rentrée, le président de la chambre régionale de métiers et de l’artisanat, Gérard Gomez dresse un bilan de santé mitigé de l’économie des artisans. Ce secteur réunit 175 000 entreprises à l’intérieur du périmètre des douze départements, dont 67 % sont des entrepreneurs individuels. A l’issue de la dernière enquête de conjoncture, 63 % des répondants estiment que leur entreprise est en situation de fragilité financière et parmi eux, 65 % attribuent ce fait à la baisse de pouvoir d’achat de leur clientèle.

En alimentaire, un artisan sur deux en survie

Près de la moitié du secteur de l’alimentaire se dit en situation de survie critique. « C’est le secteur le plus fragile de l’artisanat qui est pris en étau. Très impacté par la hausse des coûts depuis 2022, qui perdure, il fait face aujourd’hui à une forte baisse de la consommation en lien avec la baisse du pouvoir d’achat des clients » précise Gérard Gomez. Les autres causes citées évoquent l’augmentation du coût des matières premières et l’augmentation des coûts de déplacement.

Pour la 3e année consécutive, le secteur des services arrive en tête des activités en totalisant 38 % des entreprises, suivi par le bâtiment (37 %). La majorité des créations sont réalisées dans le secteur des services (45 % des créations) et du bâtiment (31 %). Le nettoyage des bâtiments, la coiffure hors salon et les travaux de maçonnerie sont les activités les plus récurrentes.

77 % des entreprises artisanales n’ont pas de salarié, 11% emploient entre 1 et 2 salariés et 3 % d’entre elles, 10 salariés et plus. Si 35 % des entreprises sont en phase de développement (3 à 10 ans), 46 % sont en phase de maturité (au-delà de 10 ans). Et 67 % des entreprises sont sous le statut d’entrepreneur individuel.

En s’appuyant sur les enquêtes de la Banque de France et de l’Insee, Gérard Gomez s’inquiète de la remontée des défaillances qui dépassent légèrement les chiffres de 2019. « Après la perfusion du quoi qu’il en coûte, on observe cette tendance à la hausse depuis début 2021, et un accélération en 2022. »

Des centres de formation pleins… et déficitaires

Pour ce qui est de la formation, le nombre d’apprenants est de 12 791 aujourd’hui contre 12 667 l’année dernière, dans les centres de formation des apprentis de la région. « Nous assistons probablement à un ralentissement de la phase de croissance forte de ces dernières années (+ de 10 %). Nos CFA sont pleins et c’est une excellente nouvelle, mais la baisse du financement de l’apprentissage rend plus de la moitié de nos formations déficitaires. Nous allons essayer de faire face pour garder un maximum de filières. Une nouvelle concertation a été promise et nous espérons que le nouveau gouvernement fera preuve de compréhension afin que nous puissions sauver la rentrée 2024 » s’inquiète Gérard Gomez.

Le registre national de métiers en perdition

Gérard Gomez pointe les difficultés rencontrées avec le guichet unique des formalités des entreprises géré par l’INPI, mis en place il y a un an à la place du répertoire des métiers tenu précédemment par la Chambre de métiers et de l’artisanat. Ce nouveau guichet devait apporter de la simplification administrative. Il semble que les entrepreneurs buttent plutôt sur une complexification des démarches: « En plus des nombreux dysfonctionnements qui laissent des gérants ou créateurs d’entreprise sans solution, ce registre national ne permet pas aujourd’hui d’identifier clairement l’ensemble des artisans, » s’agace Gérard Gomez. « D’une part, cela signifie que pour certains créateurs d’entreprise, nous ne sommes pas en mesure de leur proposer un accompagnement au moment où ils en ont le plus besoin. D’autre part, il n’est pas possible d’indiquer directement dans la plateforme les titres d’artisan, d’artisan d’art, de maître artisan et de maître artisan d’art, tout ce qui caractérise l’excellence à laquelle nous sommes très attachés.» Et le président régional de citer le rapport de la Cour des comptes sur la création du nouveau fichier qui mentionne « une réforme insuffisamment préparée, mal conduite, qui pourrait avoir des conséquences pour plusieurs années, sans apporter les simplifications attendues par les entreprises ».

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