Les cuisines du Wanted café Bordeaux s’activent pour les plus démunis


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Les cuisines du Wanted café Bordeaux s'activent pour les plus démunis

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 22/12/2020 PAR Mélanie Philips

Il est 17h et pourtant, la cuisine du Wanted Café fume déjà. Pour cause, la préparation des 50 repas à débuté. Une action qui se répète cinq fois par semaine rue des Capucins. « On a commencé depuis le premier jour du confinement. On fait 1000 repas tous les mois », raconte Jérémie, un des créateurs de ce lieu. Pour que cela soit possible, Jérémie et Luc s’appuient sur une vingtaine de chefs cuisiniers. Restaurateurs de brasseries ou chefs de restaurants étoilés viennent mettre la main à la pâte. Ils peuvent évidemment compter sur l’aide de bénévoles, membres de la Wanted Community qui regroupe 1 million de personnes sur Facebook !


Chaque soir, ils sont cinq à venir prêter main forte. Au total, déjà 100 personnes sont venues participer. Et il est important de savoir qu’ils sont nombreux à se bousculer pour avoir une place ! « C’est plus de trois cents personnes qui ont manifesté l’envie de vouloir nous aider », précise Jérémie. Et niveau organisation… tout est calé ! « Quand on prévoit les équipes pour le mois, on fait un appel dans la communauté Wanted et en général, en moins d’une heure, on a notre effectif ». Les repas sont ensuite distribués dans la rue par différentes associations avec lesquelles ils ont l’habitude de travailler. Par exemple Les gratuits, Graines de solidarité, Imagine demain et les Robins de la rue. Alors certes il y a un côté  » action aide alimentaire  » , mais ce qui est très important c’est le lien dont ces gens ont besoin. 

Toujours plus de bénévoles

« On remarque quand même depuis le début du confinement que beaucoup plus de gens veulent aider, qu’ils ont envie de donner du temps. On ressent une vraie volonté de leur part de venir en aide », confie Jérémie. D’une part, parce que les gens ont plus de temps pour le faire, mais aussi parce que la situation donne envie de se rendre utile. Chacun a son échelle apporte sa contribution. C’est le cas d’Ines, 28 ans, qui a trouvé le projet « très humain ». «  Je pense que plus que jamais aujourd’hui on en a besoin », confie-t-elle. C’est dans une bonne ambiance, au milieu d’éclats de rire et d’un son latino, que les petits chefs en herbes se prêtent au jeu.

Les bénévoles s'activent au Wanted Café

Au menu ce soir-là, risotto de lentilles corail à la fourme d’Ambert, légumes rôties et tortilla, avec un gâteau au citron en dessert. Voilà de quoi apporter du réconfort aux personnes qui sont dans le besoin. Le tout dans la bonne humeur, avec « l’impression d’être entre amis », raconte Solène, 34 ans, venue aider « à son petit niveau ». « C’est le bon moment avec le confinement de faire ce genre de choses, ça a mis beaucoup de monde dans l’embarras et il y a beaucoup de gens dans le besoin », poursuit-elle. Un moment « sympathique » où la bienveillance règne. Tout cet élan de générosité, de solidarité, Jérémie espère le voir vivre encore après le confinement. « J’ai vraiment bon espoir. Je pense que quand il arrive de grandes épreuves comme celle qu’on traverse en ce moment, ça vient révéler chez nous une envie de se serrer les coudes, de faire des choses ensemble », raconte-t-il. 

Un travail d’équipe 

Si les bénévoles sont importants, l’implication des chefs l’est tout autant. Pierre, chef cuisinier au restaurant Meunier, fait partie de ceux qui s’engagent et écrivent l’histoire avec Luc et Jérémie. Restaurant fermé, il décide donc, lui aussi, de venir en aide. « J’ai un ami qui m’a présenté ce projet au deuxième confinement. Et je me suis dit « vas-y je fonce direct ».  Vu que moi je sers à rien, maintenant je sers à quelque chose », explique-t-il en train d’émincer les oignons – et sans pleurer, balaise- . Si son restaurant n’est pas encore dans cette lignée, Pierre souhaiterait soumettre l’idée à son supérieur pour « voir si on ne peut pas faire un événement de temps en temps de cette manière ». C’est avec une certaine satisfaction que le chef pose le tablier en fin de service : « là c’est top parce que je me rends compte qu’il y a une cinquantaine de personnes qui vont pouvoir manger un bon repas chaud. Je rentre chez moi le soir, c’est un régal je me dis que les gens vont passer un bon moment », témoigne-t-il en essuyant la sueur de son front.

Comme beaucoup de restaurants pendant la crise, Wanted Café a le même enjeu : « pouvoir rester à flot pour la suite », explique Jérémie. Faire cette action, évidemment, cela a un coût. Que ce soit les produits pour confectionner les repas, mais aussi faire tourner la machine ! Eh oui, faire la cuisine, éclairer le restaurant… Et cela est possible grâce au financement d’Harmonie Mutuelle. Si cela ne rapporte aucun bénéfice, il permet de rendre heureux 50 personnes, cinq soirs dans la semaine. 

Café suspendu

Cette idée ne vient pas de nulle part. Avant le confinement, tous les dimanches, les portes du Wanted Café étaient ouvertes pour les personnes qui sont dans le besoin. « Il y a un an et demi on a commencé les tablées solidaires. On fait appel à des membres de la communauté et on fait des repas de 70 couverts et on accueille qui veut venir », explique Jérémie. Un concept qui a pris une ampleur et une organisation différente en ce temps de crise sanitaire.

Le restaurant propose aussi le café et repas suspendu. Venu tout droit de Naples, le principe est de payer un café, qui sera « suspendu » et sera donné à un personne qui n’a pas forcément les moyens de se l’offrir. « Pour le repas c’est le même principe. Si tu payes 1€ en plus de ta note ça suspend un café. 5€ ça suspend un plat. Cela vient alimenter un compteur de plats que nous offrons à des personnes qui n’ont pas les moyens, qui sont soit à la rue, soit sont isolés ».

Au Wanted Café, c’est possible de bénéficier d’une carte de fidélité ! Mais attention, elle change un petit peu de ce que vous avez l’habitude d’avoir dans votre porte-monnaie. Celle-ci, elle est solidaire. C’est à dire qu’au bout du 10ème repas, un repas est suspendu et donc offert. Ce n’est pas tout ! Le restaurant reverse 2% de son chiffre d’affaires à une association bordelaise qui est dans l’entraide et la solidarité. Ce qui représente 8 000€ par an ! 

Le but avec ces différentes actions, n’est pas seulement de « donner » mais c’est aussi de créer du lien avec ces personnes. « L’accueil et le service se font pour tout le monde pareil. Donc certes il y a le côté alimentaire mais il y a aussi le fait de considérer les gens ». C’est un point très important pour les créateurs du Wanted Café. Et c’est aussi cela qu’ils souhaitent faire perdurer durant le confinement. 

 Et après? 

« Notre vision globale c’est de créer toujours plus de liens avec les gens, parce que c’est quelque chose qui manque beaucoup, les gens sont beaucoup isolés ». Et c’est comme ça d’ailleurs qu’est né le Wanted Café à Bordeaux ! Mais Jérémie Ballarin, Luc Jaubert et Christian Delachet ne comptent pas s’arrêter là et ont d’autres projets ! Ouvrir un second restaurant, à Paris cette fois. Pour que ce projet aboutisse, ils vont faire bon usage du gain – 1 million de dollars – remporté par le concours Facebook Community Leadership Program en septembre 2018. Mais ils vont aussi faire appel à la communauté. Une campagne d’investissement participatif va être lancée.  

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