130 agriculteurs accélèrent vers l’agroécologie de demain


Au côté du pôle de compétitivité Agri Sud Ouest Innovation, 130 agriculteurs néo-aquitains et occitans veulent démontrer les impacts positifs de l'agriculture régénératrice. Parmi eux, treize viticulteurs de la cave coopérative de Crouseilles (64).

Main tenant du compostJING Pixabay

Remplacer l’engrais de synthèse par du compost produit sur le territoire peut-être une option envisagée dans le cadre de d'une agriculture régénératrice des sols

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 07/02/2023 PAR Solène MÉRIC

Pratiques de conservation du sol, agroforesterie, protection intégrée des cultures et renforcement du lien entre cultures et élevage. Voilà les ingrédients de l’agriculture régénératrice des sols, « avec un objectif fort de santé et de « recarbonation » des sols agricoles », appuie Pauline Avila, chargée du programme Solnovo, dernier né des programmes de recherche-action du pôle de compétitivité Agri Sud-Ouest Innovation.

Cette agriculture, le pôle de compétitivité cherche à en démontrer la pertinence et les impacts tant environnementaux qu’économiques pour les agriculteurs. Pour ce faire « le programme Solnovo va accompagner durant 5 ans des collectifs d’agriculteurs s’engageant dans cette transition », éclaire la jeune femme. Un accompagnement technique, financier, de mise en réseau mais aussi de diagnostic et de suivi sur l’environnement et sur la santé économique des exploitations.

7 collectifs, 130 agriculteurs, 2 régions

Tout juste lancé à Bordeaux, le programme compte sept collectifs lauréats d’un appel à projet lancé fin 2022, rassemblant plus de 130 agriculteurs de filières diverses. Parmi eux, un collectif de treize viticulteurs adhérents à la cave coopérative de Crouseilles dans les Pyrénées-Atlantiques et au GIEE Agroréseau 64.

Engagés dans des schémas de certification Bio ou HVE, leur volonté d’avancer vers des pratiques plus responsables n’est pas nouvelle. « Depuis cinq ans au sein d’Agroréseau 64, nous avons déjà monté un groupe visant à réduire l’utilisation des produits phytosanitaires », témoigne Eric Labat, représentant de ce collectif. Les membres qui le composent, couvrent au total 220 ha de vigne soit plus du quart des surfaces de la cave.

Apprendre sur les couverts végétaux

Dans le cadre de Solnovo, ce projet baptisé Madisol « se décline en cinq axes », décrit Eric Labat. D’abord, les couverts végétaux, « où  il y a encore beaucoup à apprendre » pour développer et améliorer les pratiques déjà en place : « La couverture des sols en hiver, ça permet de créer de la matière organique, et au printemps on peut en faire un paillage pour garder un peu d’humidité l’été ». Sans oublier l’atout fertilisation, si on y ajoute des légumineuses, et la biodiversité en intégrant des fleurs ou des cultures mellifères, détaille-t-il. Le projet viticole vise d’ailleurs aussi à renforcer la présence de haies et d’arbres sur les parcelles, ainsi qu’à restaurer d’anciennes mares. Autant d’atouts pour attirer, et abriter, la faune et la flore.

Autre axe de travail : le désherbage et l’entretien du cavaillon ( la bande de terre au pied des rangs de ceps ). Plusieurs hypothèses sont ici envisagées avec en commun, l’objectif zéro pesticide. Enherbage total ou partiel, en alternance avec des paillages réalisés, pourquoi pas, en broyat de branches des futurs plaqntations. L’ambition en tout cas, est « d’aller dans le bon sens », affirme Eric Labat.

Donner à voir, il n’y a que comme ça que les pratiques se diffusent

Quatrième axe du projet Madisol : remplacer insecticides et fongicides par des solutions de bio-contrôle. « Sur la vigne on pratique déjà la confusion sexuelle depuis 3 ans. On veut la développer et surtout de donner à voir les résultats. C’est comme ça qu’on va élargir les surfaces en biocontrôle, en montrant que ça marche !», s’enthousiasme le viticulteur. Sans oublier l’enjeu de santé autour des traitements insecticides pour les viticulteurs et leurs salariés.

Pour Eric Labat (au centre), viticulteur à la cave de Crouseilles (64), l’agroécologique, « c’est une adaptation nécessaire ».

Enfin, si les treize coopérateurs sont impliqués à des degrés divers dans chacun des cinq axes du projet, la création d’une plateforme de compostage, est partagée par tous. « Certains font de l’élevage, dans notre groupe il y a aussi un C.A.T. qui assure des missions de gestion d’espaces verts. Ils ont donc des résidus dont ils ne font rien et qui sont compostés à Pau. Le faire sur place, nous paraît plus intelligent. » Objectif ici : réduire l’impact carbone à la fois en n’utilisant plus d’engrais chimique et en limitant les déplacements. « On est en train de réfléchir au matériel qu’il nous faudra pour épandre ». Une réflexion technique mais aussi financière, dont une des vocations du programme Solnovo est d’aider à y répondre.

Financement participatif et finance carbone

En effet, avec un budget d’aides total demandé par les 130 agriculteurs de 2,8 M€ pour mener à bien leur projet de transition, Agri Sud Ouest Innovation propose d’une part, un financement participatif sur la plateforme Miimosa, et d’autre part la voie de la finance carbone via des structures partenaires du programme. Deux solutions cumulatives qui permettent « d’intégrer citoyens et entreprises privées dans la démarche de la transition agricole », pointe la coordinatrice du projet.

Une ouverture au-delà du monde agricole qui n’est pas pour déplaire à Eric Labat persuadé qu’il « faut créer des moments de rencontre entre le monde agricole et la société ». Une attention aussi prise en compte dans leur projet Madisol.

Infos pratiques !

En savoir plus sur le programme Solnovo : solnovo.agrisudouest.com

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