Si l’image des vins de Bordeaux est prestigieuse, le grand public est loin d’imaginer les difficultés économiques auxquelles sont confrontés bon nombre de viticulteurs bordelais. Les chiffres sont évocateurs. Cette année, les prix des vins de Bordeaux ont baissé de 9%. « 30% des transactions se font désormais en dessous de 700 euros le tonneau, alors que l’an dernier il n’y en avait pas une seule », s’inquiète Philippe Abadie, responsable du service formation à la Chambre d’agriculture de la Gironde. Résultat, « deux tiers des exploitations viticoles ne gagnent pas le Smic », ajoute-t-il. 20% des entreprises viticoles ont un revenu négatif en Gironde, selon les dernières statistiques. Dans ces conditions, il est devenu urgent de venir en aide aux « petits » viticulteurs bordelais, qui sont loin d’être une minorité.
Faire remonter le prix du vin
D’où la nécessité de lancer un plan d’action pour la filière, appelé « Bordeaux demain ». Ce ne sont encore que les prémisses, mais il a déjà été acté de mettre en place un audit auprès d’une centaine d’exploitations pour les accompagner dans leur démarche qualité, entre autres. « A travers une récente étude, nous avons constaté que les vins dits « basiques » ne sont pas adaptés à la demande des consommateurs », souligne Joël Bonneau, vice-président de la Chambre d’agriculture de Gironde et viticulteur dans les Blayais. Pour lui, le vrac tire trop les prix vers le bas. « 23% du vrac se situe en dessous de 550 euros le tonneau », déplore-t-il. Pour lui, il est devenu urgent et nécessaire de revaloriser le prix du vin de Bordeaux. « Il faut un plan adapté sur l’ensemble de la profession avec un signe fort envoyé aux basiques », avance-t-il. A cet égard, Joël Bonneau souhaite que le marché se moralise. « Sans quoi, on n’y arrivera jamais », prévient-il.
Nicolas César