Symptôme de crise : le foncier viticole en berne


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Symptôme de crise : le foncier viticole en berne

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Publication PUBLIÉ LE 14/10/2010 PAR Solène MÉRIC

Le constat est sans appel pour Hervé Olivier : « globalement aujourd’hui, le prix du foncier est plus bas qu’au début des années 90 ». Hormis les appellations les plus prestigieuses, comme Margaux, Pauillac ou Saint-Estèphe, « le prix des vignes a baissé dans toutes les appellations sauf dans les appellations communales du Médoc. Même en Saint-Emilion, si les prix ne diminuent pas vraiment, ils stagnent. » Mais, bien sûr, le constat le plus rude se fait au niveau des Bordeaux et Côtes de Bordeaux. Selon le Directeur de la Safer de Gironde, « un hectare de Bordeaux, part aujourd’hui, à environ 15 000 € maximum et, de plus en plus, on constate des ventes qui frôlent les 10 000 €… Les Côtes de Bourg sont passées de pratiquement 50 000 €/ha en 2000 à environ 25 000 €/ha en 2009. Toutes les appellations souffrent. Et à ce prix là, ce ne sont pas des vignes en friche ! », s’exaspère Hervé Olivier. « Il y a beaucoup à vendre et pas de preneurs. On ne peut pas connaître le nombre de propriétés en vente. Sur le site internet de la Safer il y en a une centaine, mais si on se base, dans l’optique la plus pessimiste, sur le nombre de viticulteurs en réelle difficulté, il y aurait 20 à 30 % des propriétés viticoles potentiellement en vente. »

Que faire des terrains à l’abandon ?
Autre question, incontournable pour la filière viticole : la destination des terres. Pour Hervé Olivier, « les parcelles qui sont hors ODG, et les terroirs pas intéressants sont invendables. Si la prime à l’arrachage était intéressante sur ces terrains, il y aurait sûrement des propriétés qui se vendraient, mais actuellement, il n’y a pas de solution et la question se pose : qu’est-ce qu’on fait de ces terrains à l’abandon ? Parallèlement, la crise élimine, en général, les terroirs les mieux placés, puisque,les propriétaires de ces terrains, procèdent à l’arrachage des vignes, et les propriétés se transforment en terrain à bâtir… » En d’autres termes le constat est amer : « De 2000 à 2005, il y avait une certaine résistance à l’urbanisation, mais là, le foncier agricole est en train de se miter partout. C’est difficile à dire, mais ça permet de sauver des gens de la faillite. »

Une nouvelle baisse du nombre de transactions
Pourtant, le directeur de la Safer Gironde, veut rester « modérément optimiste » puisque, selon lui « il y a quand même des gens qui veulent acheter. Quand la vigne est au environ de 10 000 ou 15 000 €/ha on peut y arriver. Et pour les vignobles de qualité, il reste une certaine demande. » Sur le profil de ces acheteurs trois grandes catégories apparaissent : « les viticulteurs qui vont bien, parce qu’ils ont baissé la tête depuis 5-6 ans, et cherchent maintenant à restructurer leur exploitation, avec de la qualité. Il y a aussi les cadres de haut vol parisiens, qui ont déjà un réseau de commercialisation en place, et profitent de la pression foncière en baisse et enfin, les étrangers. En ce moment, les Chinois reviennent. » Pour autant, on est loin d’une « invasion des investisseurs chinois » puisque seules 3 ou 4 ventes de ce type se sont faites sur l’année. Sur le nombre de ventes, la prudence doit rester de mise car si les chiffres fin 2009-début 2010, ont montré un léger redémarrage, les études plus récentes (septembre 2010) constatent à nouveau une baisse du nombre de transactions. Une baisse d’autant plus remarquable, que les ventes sont habituellement plus nombreuses durant l’été, en raison des proches vendanges… Un argument qui n’aura pas suffi pour convaincre à l’achat durant cet été 2010.

Solène Méric

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