Sans-abrisme : Bordeaux porte plainte contre l’Etat


D'ici le 24 février, le maire de Bordeaux adressera comme 4 autres villes un recours contentieux à l'Etat demandant le "remboursement" d'une partie des frais investis dans l'hébergement d'urgence. Pierre Hurmic exige une somme de 130 000€.

Une personne à la rue allongée sur le sol.Jon Tyson

Selon le recensement de la Nuit de la Solidarité 2024, 1019 personnes vivent à la rue à Bordeaux, dont 202 enfants.

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 16/02/2024 PAR Enzo Legros

Un constat de 1019 personnes dans les rues de Bordeaux le 25 janvier dernier lors de la Nuit de la Solidarité, dont 202 enfants, et un appel à l’aide resté sans réponse ont poussé Pierre Hurmic, maire de la capitale girondine, à suivre la marche des maires, de Strasbourg, Rennes, Grenoble et Lyon, en allant en justice contre l’Etat pour, entre autre, obtenir le « remboursement » d’une partie de l’argent investi dans la lutte contre le sans-abrisme depuis 2020.

« Nous devons palier les carences de l’Etat« , se désole le maire bordelais en rappelant dans une conférence de presse digitale regroupant les 5 plaignants que « c’est au gouvernement d’agir » en la matière. Bordeaux enverra son recours contentieux « le 24 février au plus tard » pour demander l’indemnisation des 130 000€ investis par la ville dans les nuitées hôtelières à destination des publics les plus démunis, ou encore de la mise à disposition de la salle municipale Gouffrand du quartier des Chartrons. 

Une réponse « insuffisante » du préfet de Gironde 

Avant d’en arriver au stade de la plainte contre l’Etat, les 5 villes en question ont déposé un premier recours auprès de leurs préfectures respectives, qui disposaient de 2 mois pour y répondre. Résultat : un silence total, à l’exception de Bordeaux qui a reçu un retour trop tardif du préfet girondin, jugé de toute façon « insuffisant » par l’élu.

« Notre recours a été déposé le 24 octobre, le préfet Etienne Guyot nous a informé le 9 février avoir saisi le délégué interministériel pour l’hébergement et l’accès au logement des personnes sans abris ou mal logées, retrace Pierre Hurmic. Malgré la bonne volonté des préfets, leurs solutions ne sont pas à la hauteur. C’est à l’Etat de donner aux préfets les moyens d’agir », réclame le maire Europe Ecologie Les Verts. 

L’élu bordelais indique avoir défendu depuis 2020 « la dignité, la justice sociale de chacun, l’accès au droit, l’alimentation, la santé, la scolarité… », et en demande aujourd’hui le remboursement sans « exhaustivité ». Près de 150 personnes ont été accueillis dans les logements vacants de la ville et « 43 dans des logements CCAS (de la Caisse centrale d’activités sociales) », évoque-t-il. Malgré ces solutions, la dernière Nuit de la Solidarité a relevé une hausse du nombre d’enfants vivant dans des bidonvilles ou dans des squats. 

« Un système insuffisant, inefficace, indigne »

Grégory Doucet, élu de Lyon (où 200 personnes vivent à la rue), a rappelé que la démarche du jour n’était « pas partisane » et a pour principe « de faire vivre notre devise Liberté, Egalité, Fraternité ». Eric Piolle, maire de Grenoble, dénonce lui « une hiérarchisation assez insupportable ». Quant à la maire de Strasbourg Jeanne Barseghian, elle critique une « gestion au thermomètre » et « un système insuffisant, inefficace, indigne. On a prouvé que c’était possible (de donner des solutions d’urgence : ndlr) pendant l’accueil des familles déplacées ukrainiennes ou pendant la crise sanitaire, pourquoi on le ferait pas toute l’année ? », interroge-t-elle.

Que contiennent précisément les différents recours ? 

Les recours contentieux qu’enverront les maires de Bordeaux, Strasbourg, Rennes, Grenoble et Lyon demandent en premier lieu un remboursement partiel des frais de prise en charge des sans-abris. « C’est une manière symbolique de faire prendre à l’Etat sa responsabilité, explique Jeanne Barseghian. Ce qu’on demande plus largement, c’est la refonte du système et que le président de la République acte le sous-dimensionnement de l’aide d’urgence dans notre pays », poursuit-elle. Les textes évoqueront également l’accès au droit mis en péril par la digitalisation des documents administratifs et le maintien de « l’inconditionnalité des aides d’urgences ». 


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