Saison culturelle 2019 : Bordeaux dévoile sa « liberté »


Mairie Bordeaux

Saison culturelle 2019 : Bordeaux dévoile sa "liberté"

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 7 min

Publication PUBLIÉ LE 21/03/2019 PAR Romain Béteille

Thème fédérateur

Elle a obtenu son avant-première ce mardi 19 mars au Louvre, à Paris, mais c’est à Bordeaux qu’à été, ce jeudi 21 mars, dévoilée une grande partie de la programmation de la nouvelle « saison culturelle » bordelaise et métropolitaine. Après une première édition organisée en 2017 à laquelle l’arrivée de la ligne à grande vitesse servait logiquement de prétexte (elle était d’ailleurs consacrée aux Paysages), c’est sous le signe de la liberté que la ville a décidé de placer sa manifestation qui devrait compter pas moins de 120 propositions différentes tout au long des deux mois qui la ponctueront (du 20 juin au 20 août). Un thème qui, pour Nicolas Florian, nouveau maire de Bordeaux, « n’a pas été choisi par hasard », même s’il a été décidé bien en amont des mouvements sociaux de ces derniers mois, comme l’ont plusieurs fois défendu les organisateurs de la biennale. « On réunit des acteurs locaux, on mobilise des intervenants extérieurs et on favorise le mécénat qui participe à la construction de cette programmation. Le budget est de près de quatre millions d’euros, ça doit être une vitrine. Pour ce qui est du thème », a-t-il ajouté, « la liberté est notre ADN. Liberté de penser, de parole, de se retrouver. Dans l’histoire collective, il y a notamment l’esprit des lumières. La thématique correspond aussi à une conjoncture qui n’est pas réjouissante depuis quelques semaines, ce sera d’autant plus fort pour nous d’afficher ce volontarisme culturel ». 

Volontarisme et évènement vitrine donc, mais pas seulement. Pour Fabien Robert, premier adjoint et en charge de la politique culturelle à la mairie de Bordeaux, « les acteurs culturels n’ont pas de questionnements sur l’intérêt de se rassemblement. Ce thème nous unit parce qu’il est très fort. Il est en phase avec l’actualité et il peut se décliner de deux manières : d’abord avec un volet patrimonial plus fondamental autour de l’esprit des lumières et puis avec la création contemporaine, d’où le sous-titre « du siècle des lumières à l’esprit océan ». Il comportera davantage de créations et de commandes inédites. Enfin, l’un des points très forts de cette saison, c’est que l’on va investir l’espace public. La liberté est très liée aux thèmes des spectacles proposés mais elle sera aussi abordée sur le plan politique via cinq « grands entretiens » auxquels nous avons convié Jérôme Clément (fondateur d’Arte) ». A noter que ces derniers, organisés à la Station Ausone, porteront sur des thèmes comme les manières de faire vivre une démocratie libérale, d’organiser « l’accroissement des libertés individuelles sans restreindre les libertés publiques » ou « d’assurer un pouvoir fort tout en respectant la séparation des pouvoirs et la vitalité d’un régime parlementaire », preuve que la biennale est aussi faite pour pousser un peu la réflexion.

Performances et festivités

Mais l’intérêt réside surtout dans ce que l’on pourra y voir de nouveau. On l’a précisé, si le programme n’est pas totalement complet (il est terminé à « environ 70%), il contiendra pas mal de nouveautés et de commandes inédites, un choix politique assumé selon Fabien Robert. « C’est à la fois un outil de rayonnement pour Bordeaux, les grandes métropoles ayant besoin d’avoir une visibilité culturelle renforcée, mais aussi un outil de politique culturelle qui nous aide à structurer le territoire. Dans cette période, on peut expérimenter, faire confiance à des associations locales pour tester et pourquoi pas conserver de nouveaux lieux et de nouveaux évènements ». Cela passera d’abord par un « quartier général » physique, qui s’installera pendant un mois et demi dans les locaux des anciennes archives municipales (rue du Loup), bâtiment qui sera d’ailleurs ouvert au public pour la dernière fois sous sa forme actuelle avant une transformation à venir. « On pourra y boire un verre, rencontrer les artistes après les spectacles ou au moment des vernissages. Il y aura tous les jours des expos photo, des débats avec les artistes, des soirées musicales et toute une forme de médiation autour de la saison », comme pour un festival « classique » : le Festival International du Film Indépendant de Bordeaux, par exemple, installe chaque année son QG cour Mably.

Et les spectacles, alors ? Ils sont, bien évidemment, beaucoup trop nombreux pour les citer tous. Les organisateurs l’ont d’ailleurs bien compris puisque la programmation elle-même est divisée en trois phases par ordre d’importance dans lesquelles viennent se greffer les propositions culturelles : phares, archipels et panorama. Du côté des « grandes étapes » de cette « Liberté! », on retrouvera bien sûr une traditionnelle « fête du fleuve » revisitée mais qui gardera tout de même son ADN de base : grands voiliers (les deux plus grands voiliers-école du monde, le Sedov et le Kruzenshtern, seront notamment ouverts à la visite), exposition sur l’histoire de la navigation et les « bateaux de la liberté » (une quinzaine en tout) mais aussi des spectacles et concerts gratuits (sont notamment annoncés Zazie, Jérémy Frérot). Les musiciens de l’Orchestre National de Bordeaux Aquitaine accompagnés de 300 choristes, se mèleront aussi aux festivités à l’occasion de la fête de la musique pour interpréter (les incroyables, et ce mot n’est pas galvaudé) Carmina Burana de Carl Off, de même que le groupe bordelais Odezenne et, la veille, un Arthur H apparemment en grande forme avec le concours de l’Orchestre d’Harmonie de Bordeaux. Enfin, la fête du fleuve sera aussi l’occasion de revoir les prestations pyrotechnique (avec une ambition apparemment renouvelée) du Groupe F sur les quais (les 20 et 22 juin) ces derniers ayant déjà participé à la précédente édition. 

Initiatives

Il ne faudra sûrement pas manquer non plus le concert de clôture de Démos, initié en 2010 (par la Philarmonie de Paris) et regroupant 120 enfants de sept à douze ans pour les initier à la pratique musicale en orchestre. La soirée du 15 juin à l’Auditorium servira de « point d’orgue » à cette initiative « qui pourra amener des enfants à embrasser la vocations de devenir musiciens professionnels », de l’aveu même du chef d’orchestre Mark Minkowski. « Travelling », de son côté, sera un « trajet de nuit performatif » en batcub sur la Garonne, transformée grâce à des faisceaux lumineux et des projecteurs éphémères par l’artiste suisse Massimo Furlan en partenariat avec le festival Chahuts. Côté espaces publics, le retour de José Manuel Goncalves (déjà partenaire de la précédente saison culturelle et directeur du centre artistique parisien centquatre) se placera sous le signe d’oeuvres installées dans la ville : Mably, la chapelle du Crous ou la Halle des Chartrons serviront notamment de décors à ces installations inédites.

Évoquons aussi un « été métropolitain » réunissant 25 communes de la métropole autour de 200 évènements (dont 95% sont gratuits) et qui a réuni l’an dernier 200 000 visiteurs, des croisières musicales à bord du Sicambre (les 30 juin, 7-21-28 juillet et 4-11 août), de la création culinaire (treize « cabanes folies » revisitant le terroir local et des déjeuners et dîners autour du thème « faune et flore » au Jardin Botanique ou encore du street-art au Temple des Chartrons, lieu fermé au public depuis plus de trente ans. Pour les amateurs de chevaux, citons le retour de Zingaro, 35 ans après sa dernière prestation à Bordeaux, pour 21 représentations place des Quinconces (nous en avions déjà parlé ici). Et pour ceux qui préfèrent l’art, citons parmi les quelques 25 projets d’expositions celle du partenariat engagé pour trois ans en février dernier entre Bordeaux et le Musée du Louvre, qui se déclinera au travers d’une expo intitulée « La Passion de la Liberté : des lumières au romantisme », convoquant pas moins de 47 chefs-d’oeuvre du célèbre musée parisien. 

Focus panoramique

Les quelques exemples que nous venons de citer ne constituent même pas le tiers de la programmation totale mais font tous partie des « phares ». Pour finir en diversifiant un peu les approches, citons deux autres projets qui font aussi partie de la saison « Libertés ». « Les jeunes occupent la place », selon son créateur Michel Schweizer, « vise à proposer à différents groupes d’enfants d’investir une structure culturelle en étant accompagnés » (ici, la Salle des Fêtes du Grand Parc qui a récemment dévoilé le contenu de sa saison culturelle). « Le cœur de ces propositions est de donner la parole aux jeunes et leur demander comment ils voient le monde. Il y a une nécessité à créer un espace pour que ces jeunes puissent apparaître et nous adresser des choses. C’est une expérience qui s’est déjà produite l’an dernier à Bobigny et qui se reproduira en 2020 à Besançon et au Centre de Développement Chorégraphique National de Caen. J’espère aussi la mener sur plusieurs années un peu partout en France ». Pour la déclinaison bordelaise, rendez-vous les 6 et 7 juillet. 

Le second s’intitule le Week-end de l’Art Contemporain (WAC pour les intimes), aura lieu du 5 au 7 juillet et a été initié par l’association BAC (Bordeaux Art Contemporain) composée de 41 structures ayant souhaité se fédérer pour créer des actions groupées et créée en 2017 à l’occasion de la première édition de ce festival singulier. Comme le précise l’une des organisatrices, « le WAC sera cette année composé d’une cinquante d’expositions, d’une centaine d’artistes et de six parcours créatifs qui permettront de faire le lien entre tous ces évènements sur la métropole. Nous avons lancé un appel à projets sur les parcours, il est en cours jusqu’au 31 mars. Trois parcours longs (entre 2h30 et 3h) et trois courts (1h30) pour accompagner les gens à la découverte des artistes et des structures favorisant leur émergence ». Pour le reste, du surf au mouvement punk, de la Déclaration des droits de l’homme aux « arbres en liberté », vous devriez forcément réussir à piocher une proposition qui vous emballe en consultant l’intégralité du programme disponible sur le site www.bordeaux.fr. Début des hostilités le 20 juin prochain.

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Gironde
À lire ! CULTURE > Nos derniers articles