Roland Feredj directeur du CIVB : des vérités pour aller de l’avant


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Roland Feredj directeur du CIVB : des vérités pour aller de l'avant

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 10/10/2010 PAR Joël AUBERT

Ne dites pas au directeur du CIVB que le prix du Bordeaux s’est effondré comme certains nous l’ont dit ces dernières semaines. Il sort le dernier état des transactions enregistrées telles qu’elles apparaissentdans le bulletin de la commission économique du 5 octobre dernier. Les chiffres de septembre sont là : prix de vente moyen du millésime 2009de Bordeaux Rouge: 926 euros le tonneau de 900 litres, un prix supérieur à 900 euros pour la première fois depuis le début de l’année et 1062 euros pour le Bordeaux Blanc.

Un véritable accident industriel
Ne lui faites pas dire non plus que cet instantané autorise les responsables du CIVB à ignorer ces ventes qui continuent de s’opérer à des prix très bas, de l’ordre de 700 euros. Roland Feredj le dit haut et fort :« le crise je ne la masque pas, nous venons de vivre et vivons encore un vrai accident industriel que personne n’a voulu relever ; on a perdu entre 2008 et 2009 la vente de l’équivalent de 1.200 millions d’hectolitres dans une économie mondiale en crise ! Cet accident industriel, on ne l’a pas mesuré comme tel et on n’a pas non plus pris en compte les dégâts collatéraux économiques et sociaux. » Comprenons, ici, qu’aux yeux du directeur de la filière, ni la puissance publique ni les collectivités n’ont évalué aussi précisément qu’il aurait sans doute fallu la gravité d’une crise comparable à celle d’un grand secteur industriel qui aurait sans doute fait l’objet de plus de sollicitude. Surtout lorsqu’on sait son poids économique et social : 3,5 milliards d’euros, 35.000 emplois.

On use et abuse de la marque Bordeaux
Cependant la crise économique n’explique pas tout. Il va falloir aussi se pencher sur le produit lui-même. Aujourd’hui à partir du moment où vous êtes inscrit à l’ODG et que vous remplissez le cahier des charges, à priori tout ce vous produisez est passible de l’appellation. « Si vous regardez l’histoire de Bordeaux (le vin ndlr) il y avait déjà quelques 25% de la production qui était du vin de table. Aujourd’hui, c’est à 100%du Bordeaux. Il entre donc sur le marché des produits que vous ne pouvez éliminer car ils bénéficient en quelque sorte de droits acquis. On use et abuse de la marque Bordeaux ; on ne tient pas sa promesse. » note Roland Feredj et il ajoute: « regardez les produits laitiers par exemple vous n’en avez aucun qui n’ait été contrôlé avant d’entrer en marché; le vin est un des seuls produits alimentaires qui n’a pas subi tous les contrôles ». Le constat, en manière de proposition pour l’avenir, est rude: « Voilà un des chantiers de Bordeaux à régler affirme le directeur du CIVB »Une des pistes avancées ; redéguster avant la mise en bouteille un vin qui n’aura pas été vendu au bout d’un an. L’on a toléré des passagers clandestins, ce n’est plus possible »

Pour autant il fautla fois gérer cette crise à court terme et préparer le décollage du plan Bordeaux. (lire par ailleurs sur aqui.fr). Une organisation de marché est plus que jamais nécessaire pour le vrac car c’est un véritable serpent de mer où le négoce n’a pas craint parfois la surenchère à la baisse et la viticulture a accepté de suivre. Et, là, il ne faut pas se cacher qu’il va falloir aller au fond des choses pour en sortir, c’est à dire s’intéresser de près, à ces transactions qui se font à des niveaux aberrants, de 650 euros par exemple, aller voir ce que sont ces vins et voir quel est le tricheur. L’objectif est de parvenir, dans les deux trois ans qui viennent, à une relance de ce marché du vrac sur des bases plus saines. 

Le renouvellement d’une génération
Le directeur du CIVB observe que le « brain storming » engagé depuis un an à travers des groupes de travail a ouvert des perspectives et mis en évidence la complexité du système et ouvert des pistes de changement. Il  souligne que la crise intervient au moment où plus de la moitié des viticulteurs ont plus de 55 ans, où on est entré dans une période de renouvellement d’une génération. Des approches moins individualistes peuvent participer des évolutions indispensables: créer un groupement d’achat commun, une idée qui progresse; apporter des raisins à la vinification comme c’est par exemple le cas en Rioja pour un tiers des vignobles; passer des contrats de mise à disposition des propriétés, passer de quelques quarante cinquante caves coopératives à cinq ou six, de façon à disposer d’une vraie capacité de négociation et d’un réservoir des marques futures… Autant de mesures incluses dans le plan Bordeaux. Encore faudrait-il passer d’une prise de conscience collective, en progrès au sein de l’interprofession, à une véritable mobilisation de la puissance publique. L’Etat, les collectivités sont sollicités pour accompagner la mutation du vignoble girondin, soutenir en particulier le grand effort de promotion nécessaire incluant la prise en compte de l’agrotourisme comme c’est le cas dans des régions comme le Languedoc ou la Toscane.

Ce n’est qu’à ce prix, en s’y mettant tous, que l’on sauvera le potentiel de production du vignoble girondin. Le plan Bordeaux montre qu’aucun segment de marché ne doit être abandonné et qu’il n’est pas aberrant d’évoquer les chiffres de 6 à 7 millions d’hectolitres souligne Roland Feredj en manière de déni à ceux qui voient dans le plan Bordeaux l’instrument possible de leur disparition.

Joël Aubert 

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