Une expédition citoyenne et scientifique sur la Leyre pour traquer la pollution nanoplastique


PNRLG et La Pagaie Sauvage

Une expédition citoyenne et scientifique sur la Leyre pour traquer la pollution nanoplastique

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 25/06/2020 PAR Solène MÉRIC

C’est une aventure pas comme les autres, mais, au sein de la Pagaie sauvage, c’est le genre de mission que l’on affectionne. Ce laboratoire citoyen, implanté à Bayonne, forme des bénévoles qui sillonnent les rivières et les bassins versants, dans une traque sans pitié des micro-plastiques. Une traque qui vise à leurs analyses par des laboratoires partenaires. L’association compte 270 points de prélèvement au niveau national. Au-delà des prélèvements, effectués selon un protocole scientifique établi, l’association participe aussi à la rédaction des rapports d’analyses au côté de laboratoires, puis à la diffusion des résultats auprès du grand public et acteurs du territoire. Une manière pour l’association de « promouvoir la recherche par l’action ».

Etudier l’incidence des nanoplastiques sur le vivant
Pour ce qui est plus précisément du projet PlasCote, chapeauté et financé par l’Universté Bordeaux 1 via le Laboratoire d’Excellence LabEx Cote et réalisé en partenariat avec le laboratoire EPOC, l’IRSTEA, l’INRAE et l’UMR 6118 Géosciences Rennes, « les choses sont un peu différentes, nuance Lise Durantou. La particularité de ce projet, c’est qu’il se concentre sur les nanoplastiques et moins sur les microplastiques ».

Les nanoplastiques, ce sont ces particules de polymère qui sont inférieures à 100 nanomètres, résultats de la dégradation des macro et microplastiques. Si la particularité alarmante de ces derniers, réside en leur capacité à accumuler d’autres polluants dissouts, et à ainsi devenir un vecteur de pollution important pour l’environnement (jusqu’à la santé humaine via la chaîne alimentaire), la plus petite taille encore des nanoplastiques inquiète quant à elle par la capacité qu’elle donne à ces particules de s’immiscer dans les cellules vivantes, et de fixer la pollution dissoute dans l’eau plus facilement. Eclaircir les incidences de ces nanoplastiques sur le vivant est ainsi la mission que ce fixe le projet PlasCote (comme PLastics and ASsociated COnTaminants in thE Leyre ) et l’expédition sur la Leyre. Un fleuve qui sous ses airs sauvages n’échappe pas au fléau de la pollution plastique, dont l’humain est l’unique responsable.

Protocoles spécifiques et mollusques bivalves
Les bénévoles qui s’apprêtent à participer à cette aventure pour la deuxième année, ont été formés par les chercheurs sur d’autres types de modes opératoires que ceux que l’association diffuse habituellement pour les prélèvements des microplastiques. « C’est un autre protocole qui va être mis en oeuvre avec un mode opératoire qui est plus complexe, et sur des sites sur la Leyre qui sont déjà pré-définis pour leur contamination plastique élevée (proches d’anciennes décharges sauvages par exemple ou de zones de rejet d’eaux usées par exemple, ndlr) . L’ensemble de ces relevés sera ensuite traité à Rennes et à Bordeaux. » Parmi les recherches menées, des petits mollusques bivalves d’eau douce vont être mis en contact avec les mixtures de nanoplastiques recueillis. « Il s’agira d’étudier l’effet de ces nanoplastiques sur le cycle hormonal des mollusques, et les effets sur les générations futures, dont le suivi sera fait en laboratoire », explique Lise Durantou.

Après deux séquences de relevés dans la Leyre (en 2019 et 2020) et d’études de ces relevés en laboratoire, la « troisième année du projet Plascote aura vocation en 2021 à partager ces résultats avec le grand public, pour les sensibiliser à ces pollutions, mais aussi, d’entrer dans une phase de concertation avec le Parc naturel régional des Landes de Gascogne et le SAGE de la Leyre pour dresser un état des lieux et réfléchir aux actions à mettre en œuvre pour limiter ces pollutions et leurs impacts ».

Sensibiliser le public aux liens entre la nature et l’être humain
Côté expédition, la grande aventure prendra donc son départ le 4 juillet à Commensacq dans les Landes, d’où l’équipage partira pour 6 jours de canoë au fil de la Leyre pour une arrivée prévue sur le port de Biganos en Gironde le 10 juillet. Entre Commensacq et Biganos, cinq bivouacs sont prévus sur des aires dédiées à Trensacq, Pissos, Moustey, Belin-Beliet et Mios. Cinq bivouacs « zéro déchet » s’engage l’association qui sont autant de rendez-vous fixés par les aventuriers de la Leyre au grand public.
En effet, chaque fin d’après-midi à 18 heures (excepté à Mios, à 15h) les bénévoles de la Pagaie sauvage attendent habitants, curieux, touristes, sur leur bivouac pour des temps de rencontre dédiés à l’environnement en général et aux liens entre la nature et l’humain en particulier, dans la droite ligne de la mission de sensibilisation des publics que s’est fixée l’association. Se succéderont ainsi au fil des jours, des animations sur les rivières et les microplastiques, sur les trucs et astuces d’un bivouac « sans trace » tant sur les itinéraires que la cuisine ou l’équipement, sur le maniement de la pagaie, les plantes sauvages comestibles, ou encore, une séance d’observation de la nature.

Une observation de la nature plus utile que jamais puisque si l’irruption du Covid-19 a imposé de nouvelles règles de distanciation et de comportement sur les bivouacs pour les bénévoles, les importantes précipitations des 10 et 11 mai derniers, laissent encore planer le suspense sur la tenue de l’expédition aux dates prévues. « Nous surveillons la Leyre, on attend que le niveau baisse… Nous nous préparons pour que tout soit prêt au 4 juillet. Il faut être prêt à partir, mais s’il le faut nous retarderons l’expédition… » avoue avec un brin d’appréhension le coordinatrice de l’association.

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