C’est un renouveau à Blanquefort. Depuis la fin du démantèlement de la légendaire usine de boîte de vitesses Ford, la ville de la banlieue girondine attendait un repreneur. En 2023, Hydrogène de France Energy (HDF Energy) décide de reprendre le site, et d’y installer la première usine au monde de fabrication de piles à combustible de plus d’un mégawatt. Ces dernières doivent permettre de réduire drastiquement le taux de pollution en convertissant l’hydrogène et l’oxygène en eau pour produire de l’électricité.
Après 14 mois de construction, cette nouvelle installation est grande de 7 000 m2, avec une possibilité d’agrandissement sur 5 000 m2. Elle souhaite produire près de 80 piles par an, à l’aide de ses 150 experts. « On veut poursuivre l’industrialisation. L’hydrogène ça prend du temps, et on veut être là dans 10 ans, sans se brûler les ailes », explique Damien Havard, PDF et fondateur de HDF Energy.
Des objectifs tout tracés
Ces piles à combustible doivent servir à couvrir trois marchés : le transport maritime, la mobilité lourde ferroviaire et la production d’électricité pour les réseaux électriques publics.
Le secteur ferroviaire verra la création d’une locomotive à propulsion hydrogène à partir de 2026 à Saint-Avold. Le maritime pourra se targuer de posséder la première barge à hydrogène zéro émission au monde. L’idée est de fournir une électricité propre aux grands bateaux, tels que les tankers ou les porte-conteneurs. Des premiers déploiements verront le jour en 2026 sur l’axe Seine. L’électricité publique sera, quant à elle, produite via des centrales électriques à hydrogène. L’exploitation débutera en 2026, et ce, pour une durée de 25 ans.
Pour Alain Rousset, président du conseil régional de Nouvelle-Aquitaine, HDF Energy est « l’entreprise du futur », alors que « personne ne croyait en l’hydrogène ». Véronique Ferreira, maire de Blanquefort, se dit prête à « regarder vers l’avenir », après le « choc de la fermeture de l’usine Ford ».
Prendre la suite de l’usine Ford
Au-delà d’un défi énergétique, la mise en place de cette usine permet aussi de redynamiser la ville de Blanquefort. La fermeture de l’usine Ford avait fait perdre leur emploi à près de 2 000 personnes. HDF Energy, avec la reprise du site, promet d’atteindre entre 250 et 300 employés sur ce lieu dès l’année prochaine.
En outre, 70 % des besoins en matériaux de l’usine viendront d’entreprises locales, mais aussi européennes, permettant de mettre la ville sous le feu des projecteurs. “On a une reconnaissance locale, mais aussi nationale”, assure Hanane El Hamraoui, directrice générale adjointe et directrice industrielle de HDF Energy.
HDF Energy envisage désormais de démarrer sa production d’ici 2025, pour une capacité de production de 100 MW par an et 20 millions d’euros d’investissements. D’ici 2030, la capacité de production devrait atteindre les 1GW/an, et près de 1500 nouveaux emplois verront le jour.