Monter la Dune du Pyla et mourir, par Laura Jarry


Aqui.fr

Monter la Dune du Pyla et mourir, par Laura Jarry

Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 29/07/2011 PAR Laura Jarry

Il faut choisir.
Etre girondine et ne jamais avoir monté la Dune du Pyla, c’était la honte pour ma propre fierté, transmissible à mes possibles, quoi que très hypothétiques, progénitures et toutes les générations qui me suivraient. Une responsabilité importante et importable. Alors, cet été, c’était le meilleur moyen de se débarrasser de cette corvée, de se faire passer pour une bonne petite touriste en villégiature sur la côte atlantique qui, d’accord, oublie le combo lunettes et chapeau, mais place tous ses efforts dans la compréhension de cet énorme amas de sable. Et des efforts, il en faut.
Autant vous dire que, la Dune du Pyla, il faut se lever de bonne heure pour comprendre le pourquoi du comment. Déjà, tout au long de la route, les panneaux ne vous aident pas : tantôt vous vous rendez à la « Dune de Pyla » ou la « Dune du Pilat ». Elle s’étend sur500 m d’est en ouest, 2,7 km du nord au sud, contient environ 60 millions de mètres cubes de sable, et ils n’arrivent même pas à se mettre d’accord sur le nom. Pilat, en 1708, c’était plus bas, et le secteur de la dune actuelle, c’était les Sabloneys ; il a fallu qu’un promoteur, Daniel Meller, passe par là, baptise son site « Pyla-sur-mer » pour qu’en 1930, lorsqu’on renomme la Dune, les orthographes Pyla et Pilat se répondent et se confondent.

Le déclin, au fur et à mesure de la montée.
A mi-parcours, on se demande ce qu’on fait là ; aux trois quarts, on voit défiler sa vie et on commence à se poser des questions idiotes : pourquoi suis-je là, qui m’a obligée à la monter cette côte de sable où on a l’impression de faire du surplace, qui j’ai voulu impressionner en ne cédant pas à la facilité en prenant les escaliers, pourquoi les parents obligent leurs enfants (plus courts sur pattes, et donc obligés à de plus grands efforts) à les suivre dans ce qui devrait être considéré comme l’allégorie parfaite du sadisme parental, et bon sang, le sable, que je fais tomber en tentant d’avancer et de rester digne, qui c’est qui va le remonter en haut ? Et quand on croit être arrivé en haut, il en reste encore.
Quand on se pose enfin, harassé, épuisé, on admire le paysage. D’abord parce qu’il est magnifique, un océan vert de pins landais d’un côté et le véritable océan bleu atlantique de l’autre ; ensuite, parce qu’il n’y a pas grand chose à faire d’autre en haut. Les plus courageux (Une vue magnifique, en haut de la Dune.ou les plus frimeurs, au choix) descendent jusqu’aux pieds de la dune pour se mouiller les pieds, sachant pourtant pertinemment qu’ils vont devoir la remonter. Les autres observent, regardent, autour d’eux, devant eux. Il n’y a pas assez de place pour improviser une partie de football alors autant en profiter pour faire quelques photos et prévoir la fin de journée (prendre un Monaco au Repetto d’Arcachon au son, fruit du hasard, du concert gratuit du Collectif métissé).

La Dune du Pyla, c’est à faire. Premièrement, parce qu’il le faut : elle est belle, le paysage qu’on observe en son sommet est véritablement magnifique. Deuxièmement, parce qu’il le faut : elle est grande, pas besoin de faire semblant d’être passé à côté sans l’avoir vu. Troisièmement, parce qu’il le faut : elle est mobile, elle mange la forêt de pins à vitesse grand V et se fait grignoter par la mer, alors autant se dépêcher de la voir. Quatrièmement (et dernièrement, parce qu’après il ne me restera plus aucun doigt pour écrire), parce que… elle est quand même drôlement chouette notre Dune.

Laura Jarry.

Crédit Photo : Aqui.fr

Partagez l'article !
Copier le lien Partager sur FaceBook Partager sur Twitter Partager sur Linkedin Imprimer
Laissez vos commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

On en parle ! Gironde
À lire ! SPÉCIAL > Nos derniers articles