Médias et politiques, entre « fascination et répulsion »


Retour sur une table-ronde, organisée vendredi 15 octobre dans le cadre des Tribunes de la presse, analysant la véritable nature des relations entre la presse et les responsables politiques.

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Conférence "médias et politiques : je t'aime, moi non plus"

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 18/10/2021 PAR Margaux Renaut

La deuxième journée des Tribunes de la Presse, ce vendredi 15 octobre, a commencé par un débat sur le thème « Médias et politiques : « Je t’aime, moi non plus ? » » , animée par Arnaud Gonzague, rédacteur en chef à l’Obs et en présence de Sylvie Maligorne, adjointe à la rédaction en chef France de l’Agence France Presse (AFP), Stéphane Fouks, vice-président exécutif du groupe Havas ainsi que Nicolas Brimo, directeur général délégué du Canard Enchainé. Une table ronde destinée à mettre en lumière et à déconstruire les fantasmes que suscitent les relations entre les politiques et la presse.

Aux yeux d’une partie de l’opinion publique, médias et politiques appartiennent au même monde, sortent du même moule et, par conséquent, le discrédit de l’un affecte l’autre. Des relations, inévitablement étroites « dont la nature a changé » selon Nicolas Brimo, directeur général délégué du Canard Enchainé. « La relation entre la sphère politique et la sphère médiatique s’est, depuis quelques années, considérablement distendue, affirme-t-il. Pour communiquer avec l’opinion, les politiques ne passent plus par des intermédiaires tels que les journalistes, ils peuvent désormais s’adresser directement aux citoyens, notamment au travers des réseaux sociaux ». 

Une analyse partagée par Sylvie Maligorne, qui considère que « les politiques évitent autant que possible le contact avec les journalistes ». Que les politiques cherchent à supprimer tous les intermédiaires entre eux et les citoyens est selon Stéphane Fouks, vice-président exécutif du groupe Havas, « une façon et une volonté de mieux maîtriser leur communication, et surtout, de choisir ce qui va être révélé ou pas, notamment des informations ayant pu être révélées en off ». 

Le off, expliquent les journalistes présents, est le moment où le politique peut s’adresser au journaliste, en sachant que les paroles prononcées ne lui seront pas directement associées, mais plutôt sous les expressions « un proche de » ou « un étroit collaborateur ». Un procédé qui a pour objectif de créer un climat de confiance entre le journaliste et son interlocuteur, lui permettant d’obtenir davantage d’informations. Une confiance mutuelle donc, puisque le politique fait « une faveur » au journaliste en comptant sur le fait qu’il ne sera pas directement cité. « Le off ne fonctionne qu’en tête-à-tête, et non pas si plusieurs journalistes sont présents » explique Nicolas Brimo, « malheureusement si certains brisent le secret du off, la confiance est rompue ». La question que se pose cependant Stéphane Fouks, est de « savoir comment la confiance peut se construire dans un pays où le mensonge fait partie de la boite à outils du discours politique ».


« Les politiques abandonnent les intermédiaires « 



Mais alors, les politiques exercent-ils une quelconque pression sur la presse et si oui, par quels moyens ? Selon Sylvie Maligorne, ces moyens de pression sont « surtout économiques, très peu d’organismes de presse pouvant gagner de l’argent sans les aides de l’État ». Par ailleurs, « il peut évidemment arriver qu’un politique appelle la rédaction pour se plaindre d’un article, mais c’est le rôle du patron de réagir et de défendre son journaliste ». Malheureusement, c’est un constat général, « la profession est beaucoup moins combative que ce qu’elle a pu être ». 

Stéphane Fouks, constate que « les journalistes n’ont plus, pour les politiques, la même utilité qu’avant. En effet, l’information suit d’autres trajectoires, avant verticale, la transmission est désormais horizontale, les politiques s’adressant directement à l’opinion, sans passer par des intermédiaires ». L’information, elle aussi, a changé de nature, « le ressenti et les émotions passent souvent par-dessus les faits, un phénomène particulièrement dangereux, l’émotion étant forcément biaisée ». Et c’est par cela, que la fonction même des journalistes a évolué. « La fonction de service qu’avait avant la presse, est totalement révolue » affirme Nicolas Brimo. 

Que serait une conférence sur les relations entre les médias et les politiques, surtout à l’aube des élections présidentielles, sans évoquer « le cas Eric Zemmour ». « C’est un peu la question de la poule et de l’œuf, à savoir si la presse a fabriqué Eric Zemmour ou est-ce qu’Eric Zemmour se sert de la presse pour exister » se demande Sylvie Maligorne, « s’ajoutant à cela, la difficulté d’interpréter correctement les sondages, créant ainsi un climat de peur et d’incertitudes, du politique évidemment, mais aussi des citoyens ».

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