Librairie Mollat ou la révolution numérique tranquille


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Librairie Mollat ou la révolution numérique tranquille

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 29/06/2015 PAR Solène MÉRIC

Parce qu’il faut bien mettre les choses à plat, Denis Mollat l’affirme tout-de-go en début d’intervention : « le livre numérique avec 1% du marché français n’existe pas. » Et pour l’instant les deux acteurs principaux, Amazone et Apple, ne jouant qu’avec pour l’un la liseuse Kindle et pour l’autre l’I-pad, « le système est fermé ». Dressant un rapide état du marché, « les librairies de notre taille vont bien, c’est plus dur pour les plus petites » admet volontiers Denis Mollat. La raison est quasi arithmétique : « sur un catalogue français de 350 000 références, nous en proposons 180 000 ». Difficile de s’aligner pour les plus petits acteurs. Mais pour tous, « globalement, quand la consommation a baissé, le livre lui a résisté », observe Denis Mollat.
Parmi un des éléments forts qui distinguent Mollat, d’autres espaces de ventes de livres comme la FNAC ou Cultura, « qui s’en sortent bien également », c’est tout simplement le nombre de libraires. « Ils représentent 3% de la masse salariale dans un Carrefour, 6% à la FNAC et 20% chez nous… Un libraire c’est un service ; or 65% des clients cherchent un rapport social dans une librairie. »

« 55 libraires curieux et ouverts d’esprit »Une « ambiance librairie », recréée au delà des murs du commerce de la rue Vital-Carles, grâce aux réseaux sociaux de tout ordre : Facebook, Twitter, mais aussi Youtube, Daily motion ou Vimeo côté vidéo ou encore Pinterest et Instagram pour les images. Des réseaux bien occupés qu’une série de photos originales prises par les libraires eux-même, s’est même vu récompensée du prix « meilleur Instagram » par le Magasine LSA Actualité, « à notre grande surprise », confie Denis Mollat. Des libraires investis qui y sont pour beaucoup dans le succès numérique de la librairie bordelaise, ne cesse de répéter leur patron. « J’ai 55 libraires curieux et ouverts d’esprit. Je n’ai jamais imposé quoi que se soit. Sur les réseaux sociaux, les formations se sont faites sur le volontariat, tout comme sur la réalisation de vidéos. Curiosité et formations ce sont les deux éléments forts chez nous. »
Mais bien avant cette intégration du numérique, concernant les vidéos d’interviews d’auteurs ou d’extrait de conférences, Denis Mollat a eu le nez fin. La création de la salle dédiée aux rencontres organisées par la librairie date de 1984. « Nous avons fait des enregistrements aléatoires des conférences depuis 1990, et les pod-cast ont démarrée suite au déménagement d’un ami en Egypte et à qui les rencontres culturelles de Mollat manquaient… » Désormais, grâce à l’ensemble des réseaux, les vidéos signées Mollat font entre 300 et 400 vues par jour, à tel point que la librairie s’est déjà vue rémunérée par You tube, sur les royalties des publicités… ! Là encore, le résultat d’un succès innattendu et non prémédité, pour Denis Mollat. Le succès de ces vidéos amenènent même régulièrement les libraires et le service de communication de la librairie à produre des images pour d’autres structures ou événements. « Nous faisons ça gratuitement, mais ça permet de véhiculer le nom de Mollat dans le monde entier… »
En outre, pour Denis Mollat, « le livre n’est pas isolé de la culture ». Une vision aussi mise aussi oeuvre dans  la stratégie numérique de la libraire à travers la création du site internet station-ausone.com, qu’elle édite en véritable portail de la culture à Bordeaux et en Aquitaine.

2016: une refonte totaleMais des trois sites actuels : mollat.com, station-ausone.com et mollatpro.com, la libraire va profiter de ses 120 bougies soufflées en 2016 pour une refonte totale en un site unique. Du nouveau sur la toile qui va intégrer un magazine culturel réalisé par des pigistes externes, explique le libraire. Quant à la technologie employée, « le futur site va aussi se pencher sur le Big data, confie Denis Mollat, à la fois pour proposer un meilleur service à nos internautes, mais aussi à destination des éditeurs pour lesquels les informations venues des lecteurs sont précieuses, notamment pour la production de livres lourds, qui représentent des investissements importants. »
Un renouveau sur la toile qui ne se fera pas sans lien avec  » la vie réélle » puisque la librairie va également proposer une grande salle, rue de la Vieille Tour, pour fournir des outils image et musique à de jeunes créateurs. « Ce sera notre manière de participer au développement de la culture en général. Un mécénat par l’outil en quelques sorte. »
Au total, à l’heure actuelle, pour la librairie qui cultive le lien de proximité entre le numérique et le lieu physique, le numérique apparaît bien plus comme un outil de notoriété. Et pour cause, les ventes sur le site internet représentent actuellement 4% du chiffre d’affaires de l’entreprise.
A Mollat, la révolution numérique n’en est sans doute qu’à ses débuts, d’autant que son dirigeant, qui est aussi le Président du Cercle de la librairie, a redit son engouement pour l’application « Readium ». Celle-ci pourrait bien à terme venir sévèrement concurrencer Amazon et Apple, proposant une application « open source », donc sans outils dédiés nécessaires, pour la lecture de livres numériques. Les tablettes prendront-elles bientôt leur place dans les rayonnages de la librairie bordelaise ? On ne serait plus à une surprise près de la part de la vieille dame…

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