Les Arabes et la Shoah, maux d’hier et mots d’aujourd’hui selon l’historien Gilbert Achcar


Lise Gallitre

Les Arabes et la Shoah, maux d'hier et mots d'aujourd'hui selon l'historien Gilbert Achcar

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 26/02/2012 PAR Lise Gallitre

Michel Cahen, historien et chercheur à Sciences-Po Bordeaux était chargé d’animer le débat.Présentant brièvement le livre de Gilbert Achcar avant que ce dernier ne le fasse plus amplement, il a décrit Les Arabes et la Shoah comme « un livre sain, dépassionné et rigoureux ».En effet, le thème abordé étant évidemmentpropice à la polémique et aux attaques, l’objectivité et la neutralité étaient ici nécessaires et il semble bien qu’il s’agisse là du point de vue de l’auteur qui reconnaît s’être attaché à une étude scientifique et minutieuse des textes afin de « donner la mesure de la complexité des rapports entre les Arabes, dans leur diversité, et la Shoah ». La diversité précitée est l’un des points sur lesquelsG.Achcar insiste en évoquant son travail et sa volonté de ne jamais adopter une attitude essentialisante : « Les Arabes ne sont pas une entité homogène, parler du discours arabe est stupide, il n’y a pas un discours arabe mais bien des discours arabes, il n’y a pas une attitude arabe mais bien des attitudes arabes, diverses et souvent conflictuelles». Quatre grandes familles idéologiques sont alors distinguées par l’historien : les libéraux-occidentalistes, les marxistes, les nationalistes et les panislamistes intégristes ou réactionnaires, autant de raisons de refuser les généralités du type « les Arabes ont dit, les Arabes pensent que… ».

Une véritable guerre des récits

 Le temps de la Shoah et le temps de la Nakba ; en traitant son sujet autour de ces deux traumatismes, la destruction des Juifs d’Europe d’une part et le déracinement des Arabesde Palestine d’autre part, Gilbert Achcar propose un examen approfondi et rigoureux des diverses réactions arabes à l’antisémitisme et au nazisme. Et plus récemment, au négationnisme. Il étudie alors minutieusement les racines historiques des discours anti-Juifs dans les pays arabes et de ce fait, le verbe prend ici une importance considérable. En sous-titrant son ouvrage « la guerre israélo-arabe des récits », il inscrit son propos dans une analyse textuelle assez singulière dans la mesure où, l’arabe étant sa langue maternelle, il a un accès direct aux textes et aux récits, à l’inverse de beaucoup d’autres auteurs qui « travaillent trop souvent sur des traductions et des interprétations très discutables » selon lui. L’historien décortique alors cette guerre singulière, qui ne se mène non pas armé sur les champs de bataille, mais à coups de récits interposés et surtout, à coup de négation de récits des autres. Cette dimension est selon Achcar l’un des points cruciaux de la situation actuelle: « S’affronter à coup de mots et de textes minimisant et infirmant les douleurs et les traumatismes vécus par les uns et les autres, c’est le début de la fin ». Reconnaître les maux d’hier avec les mots d’aujourd’hui, un nouveau début? à méditer…

Gilbert Achcar, Les Arabes et la Shoah, la guerre israélo-arabe des récits; Sinbad, Actes Sud, 2009; 528 pages

crédit photo: L.G

Lise Gallitre

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