Le G P V Rive droite de Bordeaux-métropole: la création d’emplois passe par la mobilisation locale


Hugues de Domingo / GIP GPV

Le G P V Rive droite de Bordeaux-métropole: la création d'emplois passe par la mobilisation locale

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 30/01/2013 PAR Malika Ouaddah et Joël Aubert

Chacun en convient désormais, la politique de rénovation urbaine initiée, voilà une douzaine d’années sous l’égide de l’ANRU et concrétisée par la création du GPV, Grand Projet de Ville, unique en son genre en France, puisqu’il réunit quatre communes -Bassens-Lormont-Cenon-Floirac- a profondément changé l’image, les représentations de cette rive droite naguère délaissée. La combinaison de ce projet urbain avec la création d’une Zone France Urbaine (ZFU) et l’arrivée du tramway, ont crée les conditions d’un dynamisme économique et social rompant avec les vieux codes des quartiers déshérités. Ce fût en quelque sorte, selon le mot du maire de Lormont, Jean Touzeau « une décennie vertueuse ». Les chiffres sont là, déjà, pour en témoigner: 3476 emplois salariés en 1997, 10958 en 2202 et 15 741 en 2009. Mais la crise est aussi passée par là et elle s’y incruste et l’analyse plus fine des activités met en évidence par exemple le poids du secteur construction-bâtiment qui est le double de ce qu’il est sur l’ensemble de la Communauté Urbaine (16% contre 8%). L’entreprise sur la rive droite, à l’exception surtout de Bassens, où le tissu industriel historiquement lié au Port de Bordeaux reste dense et de qualité, est d’abord artisanale, et donc plus fragile. Il est d’ailleurs intéressant de noter que sur les 807 créations d’entreprises enregistrées en 2011 dans les quatre communes du GPV, 47% émanaient d’auto-entrepreneurs avec environ 30% de bénéficiares du Revenu de Solidarité Active (RSA). Le contexte socio-économique malgré le rattrapage réussi ne saurait être évacué d’un revers de main, dès lors qu’il s’agit de dessiner les perspectives d’avenir. Alain David, le maire de Cenon, l’a fort opportunément rappelé: « nous rassemblons ici le quart du logement social de toute la Gironde ». Pour être plus précis encore, 51% des logements des communes du GPV sont des logements sociaux; ils ne sont que 21% sur le territoire de la Comunauté urbaine…

Créer des emplois productifsLe nouveau défi du développement économique à relever va être d’autant plus rude que l’effet de la Zone France Urbaine s’estompe et que l’objectif de création d’emplois, lié à celui du nouveau parc de logements est élevé: 7.000 emplois, 20.000 habitants à accueillir. Etienne Parin, le directeur du GPV l’a rappelé; il convient de s’interroger sur la nature des emplois à créer et les conditions pour y parvenir. C’est d’autant plus important que le niveau de formation est plus faible que pour l’ensemble de l’agglomération. Rien de rédhibitoire pour autant comme le directeur d’Aérocampus de Latresne le souligne par ailleurs. Ce qui fera la différence, c’est la mobilisation de tous et la capacité de cette rive droite à soutenir ses activités productives. L’exemple de l’Atelier Industriel de l’Aéronautique et ses 1.200 emplois à Floirac, témoigne du potentiel existant, les activités industrielles de Bassens aussi qui s’égrénent autour d’entreprises qui se nomment Micheliin, Saipol, Lafon et distillent une culture de l’innovation. Des ateliers ont mis en évidence ce 29 janvier les points d’appui du développement entre la plaine rive droite qui demain fera face au centre Euratlantique, la zone portuaire où de nouvelles activités comme le démantélement des navires prend pied, sans oublier le noeud d’infrastructures existant.  » Notre développement jusqu’ici a été lié également à la desserte du territoire: vers Bergerac , vers Libourne et périgueux, vers le nord aussi via l’autoroute A 10 et la RN 10 rappelle Jacques Blouin directeur de Hauts de Garonne Développement. Ce n’est pas un hasard si les entreprises s’installent ici, à proximité, à Beychac notamment dont le développement des activités est remarquable. Mais nous avons encore un déficit d’image nous sommes encore perçus comme un territoire en rattrapage plutôt que désirable. Il nous faut donner un coup d’accélérateur aux dispositifs pour l’emploi et rendre plus lisibles pour tout le monde les structures d’accompagnement existantes. » Catherine Veyssy, vice-présidente du Conseil régional en charge de la formation ne dit pas autre chose en soulignant l’importance des contrats d’objectifs territoriaux. Et ceci, à partir de la bonne connaissance des besoins de formation. Elle insiste, aussi, sur la nécessité qu’il y a de casser certaines représentations traditionnelles au sein même des familles. Non, les emplois préparés à Aérocampus ne sont pas inaccessibles aux jeunes de cette rive droite…

Etienne Parrin, directeur du GIP/GPV Rive Droite et Luc Paboeuf, président du CESERLe grand témoin de ce remue-méninges, Luc Paboeuf, le président du Conseil économique social et environnemental régional a enfoncé ces clous-là en soulignant combien la clé de la réussite passera par la « désegmentation de l’action publique » et la capacité à susciter de l’intérêt pour l’économie productive. Le chantier, au fond n’est pas différent de celui auquel la Région et le pays sont confrontés; il suppose un effort supplémentaire pour mettre en mouvement toutes les forces vives de quatre communes dont le destin paraît plus que jamais indissociable de celui de la métropole. Et cela, après des années d’indifférence et de stigmatisation, témoigne déjà un grand bond en avant. J.A

S’appuyer sur ses propres ressourcesA l’occasion de cette journée, Jérôme Verschave, directeur de l’Aérocampus de Latresne était invité à partager son expérience lors d’un atelier consacré aux actions expérimentales et innovantes pour l’emploi. D’après celui-ci, la Rive Droite doit être l’actrice de son avenir, sans attendre que les solutions viennent d’ailleurs. Les entreprises locales auraient tout intérêt à se réunir par exemple en petit comité et à réfléchir ensemble à des projets ou actions communes. Cette rive doit également s’appuyer sur ses forces. Exemple de l’emblématique AIA à Floirac, une référence dans l’aéronautique en France.  L’ancien directeur de cabinet d’Alain Rousset au Conseil régional d’Aquitaine  propose de densifier l’activité autour de celle-ci dans le cadre du projet Euratlantique qui ne doit pas être réservé, selon lui, qu’aux seuls bureaux. Parmi les autres pistes évoquées lor du séminaire: la création d’un pôle BTP sur un territoire où la construction et le bâtiment représentent 16, 7%  de l’activité. Une solution que Jérôme Verschave écarte plutôt car le secteur est trop soumis aux aléas des cycles économiques. En revanche d’autres idées ont été mises en avant ; la création de pôles  autour de  la santé ou  des TIC. Enfin, dans les communes du GPV, 40% de la population n’a au maximum qu’un brevet d’où un point essentiel soulevé : la nécessité de tracer des chemins vers l’emploi en informant et en formant les jeunes et demandeurs d’emploi sur les formations, métiers et les emplois existants (aéronautique, pharmacie et imprimerie).

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