Le goût est une question d’identité, un ADN commun


Claude-Hélène Yvard

Le goût est une question d'identité, un ADN commun

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 17/05/2018 PAR Claude-Hélène Yvard

 Créée il y a deux ans, l’institut du goût de Nouvelle- Aquitaine, regroupe des passionnés du terroir régional, de ses traditions et de ses savoir- faire. L’association, présidée par Anne-Marie Cocula questionne le goût d’un point de vue pluridisciplinaire (sensoriel, gustatif, intellectuel), elle a aussi pour objectif la valorisation des produits agroalimentaires du terroir régional ainsi que leur transformation, dans le respect des traditions. L’autre ambition de cette jeune association, c’est le partage des savoirs « Le goût est un héritage venu du fond des âges, il s’inscrit dans notre identité et de notre culture. En Chine, certaines personnes mangent du chien, ce qui est difficilement concevable pour un Français,  » a souligné, Dominique Graciet, président du Salon de l’agriculture de Nouvelle- Aquitaine, le goût s’inscrit dans notre ADN et c’est le résultat d’une histoire commune écrite au fil des siècles. La meilleure appréciation de cet héritage est contenue dans la collecte de témoignages, issus de différentes époques. Au cours d’une conférence, l’historien et maître de conférence de l’Université de Bordeaux Montaigne , Philippe Meyzie, a tenté de démontrer à partir de repas d’exception ou de réceptions organisés au cours de différentes époques (XVIIe siècle, XVIIIe siècle, IIIe République), quels étaient les liens entre gastronomie et politique et comment la politique a contribué à valoriser un certain nombre de produits régionaux. A travers plusieurs exemples obtenus à partir de nombreuses archives datant du Moyen-âge à nos jours et issues de plusieurs villes de France (Angers Bordeaux, Versailles, Bayonne), il a mis en avant les liens entre alimentation et politique. « Mis en scène et répondant à des règles précises de bienséances, ces banquets sont organisés par les municipalités. Ils invitent les puissants, les gouvernants pour qu’ils assurent une forme de protection. »

Rôle politique des menus d’exception

Les menus sont réservés à une élite, sont très onéreux et mettent déjà en avant la diversité des mets proposés. Ils jouent un rôle politique : exemples sous la Troisième république, servir de l’ananas en dessert met en avant la France coloniale. Quand on propose de la truffe, on est dans un contexte de rapprochement avec la Russie. « Sur certains menus, on ne trouve aucun produit local, les plats sont uniquement représentatifs de la cuisine parisienne ou française, avec des suprêmes de volailles. « En Nouvelle-Aquitaine, on rencontre pourtant des exemples de menus, notamment à Bayonne, qui introduit des produits locaux de qualité au XVII et XVIIIe siècle. Il s’agit de menus de réception à l’occasion de la venue d’ambassadeurs, » précise le conférencier. Les documents d’archives apportent des connaissances sur les habitudes alimentaires, les coûts. 

Cadeaux alimentaires

Au final, ce sont la pratique des cadeaux alimentaires qui vont davantage contribuer à la renommée de la gastronomie régionale à la veille de la Révolution. Les menus d’exception y participent oui, certainement -mais dans une moindre mesure. Dans le sud ouest aquitain, aux  XVIIe et XVIII e siècle, les cadeaux alimentaires sont une pratique sociale répandue dans toutes les institutions. Ils concourent à l’entretien des réseaux amicaux professionnels. Ils entrent dans le jeu complexe de bienséances de la France d’Ancien régime et ont  aussi un rôle politique. Les villes dont Bordeaux qui servent de bons vins, souvent les plus prestigieux, de bons produits obtiennent les faveurs des puissants (ministres gouvernants). Certains produits culinaires aquitains sont ainsi appréciés à Paris, à Versailles.  

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