Le feuilleton des OGM : des gènes… jusqu’au consommateur…


Si les OGM, ou plutôt les PGM (Plantes Génétiquement Modifiées) n'existaient pas, José Bové se morfondrait sans doute dans les bruines hivernales de l'ennuyeux plateau du Larzac. Et quelques autres écologistes de renom seraient en quête d'arguments.

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Le feuilleton des OGM : des gènes... jusqu'au consommateur...

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 02/01/2008 PAR Gilbert Garrouty

Que la mise en oeuvre des conclusions du Grenelle ne satisfasse personne, en particulier les anti-ogm, on pouvait s’y attendre. On y a trop joué au poker menteur pour que les masques ne tombent pas au moment de la prise de décision. En ce cas, c’est la clause de sauvegarde qui est en cause, et José Bové et les siens entendent éviter qu’elle ne passe à la trappe. Semenciers et maïsiculteurs favorables aux PGM semblent en effet avoir manoeuvré pour que cette disposition qui permet à un Etat-membre de suspendre un OGM autorisé dans l’UE ne soit pas retenue. Le fils turbulent de l’ex-président de l’INRA de Bordeaux-Aquitaine, et le Charentais Yves Manguy, et au total une quinzaine de militants, vont donc par leur privation dans un lieu de la capitale, tenter de faire rétablir cette disposition. Laquelle n’instaurerait pas d’ailleurs automatiquement la paix des OGM puisqu’il resterait à la faire appliquer! Mais il est vrai que les semaines qui viennent sont capitales pour ce dossier, encore que pour celui-ci comme pour bien d’autres, seule l’UE fasse loi . Mais en France il s’agit de mettre en place la Haute autorité annoncée, laquelle est chargée d’évaluer le trop célèbre maïs Mon 810, lequel est d’ailleurs reconduit dans son autorisation par l’UE, mais suspendu provisoirement en France jusqu’au 9 février. Il est évident que l’on aura pas beaucoup semé de maïs en janvier!

Les abeilles menacées?

C’est dans ce contexte que Bio d’Aquitaine dévoile sur son site Internet les résultats d’une nouvelle étude « sur la pollution des ruches par le Mon810 ». Celle-ci a été commandée par le Comité de vigilance anti-ogm 47, Bio d’Aquitaine, et financée par la Fondation Terre Humaine. Organisations qui ont fait appel à des laboratoires dont la fiabilité ne saurait être mise en doute puisque aussi bien Ampligène qu’Atlangène sont agrées COFRAC. Il a également été fait appel à deux laboratoires apîcoles de référence: Cetam et Lune de Miel. La dissémination du pollen dans les ruches est constatée de façon différente qu’en 2006, avec des résultats qui varient selon les prélèvements et les laboratoires. Si parfois l’absence de pollen OGM est constatée, un prélèvement effectué en juillet en Lot-et-Garonne, indique 35g de pollen de maïs modifié sur 100g. En fait plus qu’un niveau de contamination l’étude démontre la variabilité et l’imprévisibilité de celle-ci. Apiculteurs et producteurs bios en concluent pas moins au risque permanent que font courir les PGM, et à « l’impossible cohabitation des cultures OGM et de l’apiculture ». Les auteurs de la synthèse de l’étude s’interrogent par ailleurs sur les incidences de la présence permanente de pollen de maïs OGM pour les abeilles, et surtout les larves de celles-ci. Des études allemandes mettraient en évidence les effets néfastes du pollen contenant la protéine insecticide. Interrogation qui appellerait des études spécifiques. D’autant que l’on sait que le « maïs insecticide » n’atteint pas seulement la pyrale, mais aussi la sésamie (autre parasite du maïs) et peut-être des larves d’autres papillons (ex:l’affaire du monarque aux USA).

Des droits

Dans tout ceci, il n’en reste pas moins quelques notions incontestables. Si le mal logé a le droit au logement, le consommateur doit quant à lui, s’il le désire, conserver son droit à l’alimentation non OGM. De ce fait l’apiculteur doit pouvoir garantir du miel sans OGM ou pesticides, et de même pour le producteur agricole bio. Mais la capacité productive de l’agriculture française n’en est pas moins à préserver. On s’étonnera donc que la voie du zonage n’ait pas été retenue au dernier Grenelle. La multiplication des semences n’est-elle pas depuis longtemps soumise à un tel régime? Alors pourquoi ne pas soumettre la culture des PGM au régime des ilôts? Se refuse-ton à écrire le dernier chapitre du feuilleton?

La grève

Une quinzaine de militants anti-ogm, dont José Bové ont effectivement entamé hier, 3 janvier, une grève de la faim à Paris. Partis à pied depuis la Tour Eiffel, ils se sont rendus au ministère de l’Ecologie, avenue de Ségur, où ils ont installé une caravane. Une délégation a été reçue par la secrétaire d’Etat à l’Ecologie, Natahalie Kosciusko-Morizet. Celle-ci a assuré que les engagements du Grenelle de l’Environnement et du Président de la république seraient tenus, et que les travaux de la Haute Aurorité sur les OGM « éclaireront les conditions de mise en oeuvre de la clause de sauvegarde ». Pour José Bové le gouvernement s’est engagé à appliquer cette disposition qui interdirait la culture du maïs Mon810. Or, selon lui, « la promesse n’a pas été tenue ».

A Bordeaux aussi

Divers mouvements de solidarité se développent en France en soutien à José Bové et ses amis bien que la secrétaire d’Etat ait annoncé qu’une décision serait prise en janvier. Ainsi une quinzaine d’anti-ogm de Vigilance ogm 33, des Faucheurs volontaires, de Greenpaece, d’ATTAC et des Amis de la Terre, ont entamé un jeûne de 48 heures à la Maison de la Nature à Bordeaux après avoir distribué des tracts en ville. Ils demandent aux députés et sénateurs girondins de leur rendre visite pendant le week-end.

Gilbert Garrouty

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