Le Conservatoire n’a pas toujours eu de succès. Après des débuts difficiles il y a 30 ans, moment où ceux qui croyaient au changement passaient pour des rêveurs, les éleveurs ont enfin réalisé que des races disparaissaient, en particulier les vaches : en 10 ans l’association a pris son envol. Les financements, assurés aux trois quarts par les régions des Pyrénées Atlantiques, de la Gironde et des Landes, n’ont pas toujours été assurés. Seule la passion de ces bêtes oubliées a permis au projet de survivre.
« Un animal ne vit que s’il est valorisé »
L’association n’a pas seulement voulu sauvegarder ces races disparues. Pour Isabelle Maillé, trésorière, il s’agit surtout de réintégrer ces animaux dans le cicuit économique: « un animal ne vit que s’il est valorisé. » C’est pourquoi le Conservatoire s’applique à ce que les animaux soient pris en charge par des élevages, en cherchant des exploitants désireux de travailler à nouveau avec ces bêtes. Ces derniers peuvent ainsi se réapproprier les races : une association a même été créée spécialement pour la vache Béarnaise. De plus en plus d’éleveurs demandent des races anciennes au Conservatoire, pour apporter des qualités génétiques aux races saturées par la sélection. « Par exemple, la Bordelaise est utilisée pour sa bonne production de lait. Un lait de qualité, qui permet à l’éleveur de moins complémenter les aliments pour ses animaux. En plus, ce sont des rustiques, qui présentent moins de problèmes de vêlage et sont plus résistantes aux maladies » ajoute Isabelle Maillé. De plus, des partenariats sont effectués : la mairie de Bordeaux a sollicité le Conservatoire pour l’entretien des espaces. Un bon compromis pour ces animaux qui ont besoin d’espace, et la ville qui assure ainsi la gestion de ses espaces verts.
Un rôle de veille permanent
Le Conservatoire assure aussi le suivi des bêtes chez les exploitants, en veillant à ce qu’il n’y ait pas de débordement : l’idée est de conserver un esprit traditionnel, dans des élevages de petite taille. Actuellement 300 éleveurs travaillent en partenariat avec l’association et vivent de leur métier. Les circuits courts sont très avantageux pour les éleveurs : ils sont synonymes d’une bonne valorisation, grâce à l’absence d’intermédiaires. A l’heure actuelle, seuls les poneys, chevaux et ânes, qui sont des animaux de loisir, ne trouvent pas de débouchés. Les membres de l’association, d’un optimisme impressionnant, espèrent bientôt trouver une utilité aux équidés, que le tracteur a remplaçé.
Caroline Marinthe