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PUBLIÉ LE 23/10/2010 PAR Olivier DarrioumerleCe n’est pas grâce à son ascendance bordelaise que Lionel Duroy a reçu le Prix Mauriac. Et pourtant c’est en replongeant dans ses racines qu’il a trouvé la matière de son roman. « Une matière véridique transformée par le geste créateur qui fait de lui un écrivain à part entière » déclarait Jacques Rigaud, président du jury. Tivoli et Caudéran, n’ont pas de secret pour lui. Les hypocrisies et les aveux non plus. Une atmosphère familière à Lionel Duroy. « Le chagrin » divulgue les secrets d’une famille bordelaise à la respectabilité bourgeoise bien installée. Il dissèque la rigueur désincarnée de cet univers. Les êtres soumis au devoir d’un rang à tenir. C’est l’ombre de Mauriac qui plâne sur les faux semblants de ce milieu. Mais Mauriac évoluait dans une famille ordonnée; celle de Lionel Duroy était compliquée et bousculée.
Du maurrassien au mauriacien
Accroché au pupitre de l’Hôtel de Région, ému par les circonstances, il nous parle de la bibliothèque familiale. L’oeuvre de François Mauriac était consacrée, comme une fierté des gens de Bordeaux. Mais sur les rayons, elle venait juste après Charles Maurras. Né en Tunisie et militant d’extrême droite à 26 ans, Lionel Duroy a lutté contre son éducation. C’est en lisant « Le Noeud de Vipères » qu’il approcha l’âme profonde de sa mère. Il comprenait alors pourquoi les discours de sa mère l’horrifiaient. Le prix François Mauriac entre les mains, il confie à l’auditoire que sa mère avait lu Mauriac et en parlait très bien, mais qu’elle ne comprenait ce dont il était question dans ces lignes. Et de conclure d’une voix rageuse : « Mais c’est de toi qu’il parlait ! »
Olivier Darrioumerle
