Lâchez les fauves et retenez les chiens au TNBA


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Lâchez les fauves et retenez les chiens au TNBA

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 13/11/2010 PAR Hélène Fiszpan

Fauves, une nouvelle expérience laborantine de Michel Schweizer.
Dix huit mois après Oqueens, Michel Schweizer resigne et confirme son insatiable questionnement sur des fragments de notre société, qu’il éclaire de son regard purement artistique, quelque-part sociologique, à mi chemin philosophique. Cette fois c’est autour de la question des adolescents qu’il concentre son attention, tentant de répondre à cette pensée qui traverse leurs aînés « Qui sont ces fauves? « . Une expérience qu’il n’ a pu organiser qu’après un casting entre Paris et Bordeaux, à la recherche d’amateurs entre 16 et 18 ans. Sur scène ils sont dix, 5 jeunes hommes et 5 jeunes femmes, amenés à se confier en présence de leur médiateur, Michel Scheizer lui-même, et d’un DJ présent pour l’ambiance. Tous ont un talent, ils dansent, chantent et jouent la comédie, tous sont soumis à des interrogations, des doutes et des vérités nues. Un travail d' »entertainment » rigoureux qui révèle une fois de plus ce don pour mettre en scène des non professionnels et faire sortir le meilleur d’eux-mêmes. Ces ados bien qu’imparfaits dans leurs rôles sont touchants, drôles et plein de vie. Ils sont une immersion dans l’hyper actuel, une réconciliation avec les à priori, le reflet exacerbé et parfait de leurs congénères. Comme à chaque fois la parole est biaisée par un discours philosophique, émanation des réflexions de Bruce Bégout sur cette période de l’adolescence. Paradoxe de cette pièce et de toutes les autres de Michel Schweizer, sonner faux pour dire le vrai. Elever le discours à son plus haut point d’intelligence pour parler du quotidien, de la relève. Rien de nouveau donc dans cette nouvelle mise en scène mais toujours cet oeil affûté, ce travail sensible et singulier, cette empathie franche pour ses personnages, ce regard sur le monde qui l’entoure avec une problématique majeure: placer l’humain au coeur de la création pour lui redonner corps et sens.

Entre chiens et loups, une incompréhension culturelle ?
Andreï Mougoutchi est l’une des figures incontournables de la création contemporaine russe. Metteur en scène et directeur du Formaly Teatr, il réunit au sein de sa troupe des peintres, musiciens et acteurs pour un travail d’expérimentation sonore et visuelle comme en témoigne sa création Entre chiens et loups; une émanation de cette recherche formelle autour d’une relecture du roman de Sacha Sokolov. L’adaptation est ici extrêmement minimaliste, donnant la primauté à l’image et au son, le dialogue n’étant qu’un élément secondaire…sans doute au détriment du sens. Très abstraite et déconstruite, l’histoire sectionnée en tableaux, s’échappe rapidement du plateau pour ne laisser qu’une succession de métaphores complexes et oniriques, péniblement déchiffrables. La vie de ces héros marginaux, voleurs mendiants et estropiés, laisse perplexe. Est-on capable de saisir la finesse de cet art 100 % russe, la poésie dans la tragédie? L’aspect kitsch de certaines séquences (irruptions inopinées d’une ballerine comme figure de la poésie et de la douceur, etc.) est-il aussi désuet en Russie? Que partageons-nous dans la création théâtrale aujourd’hui? Déstabilisé par cette rupture stylistique, on contemple le décor très réussi, sorte de ville enfouie à la Jean-Pierre Jeunet, pour se laisser gagner par l’idée que nous ne sommes peut-être pas à même de juger cette pièce avec tous les codes qui en découlent. Une façon douce de ne pas reléguer le spectacle au rang de très mauvaise création dont on aurait pu se passer. 

 Hélène Fiszpan

 Novart Bordeaux, jusqu’au 21 novembre, www.bordeaux.fr

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