La part’ de l’autre: partition pour une colocation au Glob Théâtre


Jean-Pierre Marcon

La part' de l'autre: partition pour une colocation au Glob Théâtre

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 11/04/2011 PAR Hélène Fiszpan

On pense à un film de Barbet Schroeder. Quand le quotidien vire au cauchemar, et que le prétexte d’un emménagement soulève des comportements étranges et violents. Après les premières heures insouciantes et les rires partagés, très vite la relation à l’autre s’impose comme un catalyseur de toutes les failles. Etre deux impose de se regarder à travers l’autre et d’y observer ses propres faiblesses.

Danser pour témoigner de la condition féminine

Si Francesca est volage, légère, charmeuse et très attirante, Claire épie à travers les persiennes son exact opposé avec convoitise et rage. Celle qui depuis l’âge de cinq ans séduit tous les garçons ignore t-elle les démons contre lesquels se bat son amie? Une mère absente, un mariage raté, une vie de soumission. Entre envie et frustration, la confrontation des deux femmes au sein de la colocation trouve rapidement un écho dans la danse. Une danse lascive et sensuelle sur fond de tango argentin pour Francesca et un hip hop ferme et autoritaire pour Claire. Poser la question de l’identité féminine prend la forme d’un combat pour la chorégraphe Sabine Samba, qui laisse paradoxalement peu de place à la féminité. Voire la pulvérise en s’en prenant symboliquement à sa colocataire. Le corps droit, syncopé, le visage serré, elle bouge avec rudesse pour dresser un rempart contre l’adversité ou se métamorphoser en bourreau. Elle est un homme caricatural, une femme jalouse, un être en fuite; des personnages qu’elle délivre à travers cette danse expressive et déroutante. La grâce sera réservée à Francesca, libérée dans ses moindres mouvements. La parole est présente pour compléter ce que les corps ne peuvent pas dire; elle invoque les souvenirs pour éclairer les réactions actuelles. Le couple mis en jeu est ici féminin, mais on comprend que le transfert est universel. Reste à savoir dans quelle mesure cette vision personnelle et sombre résonne chez le spectateur ou la spectatrice. Le point de vue de Sabine Samba est abrupt, il est le reflet de son engagement artistique, il s’accorde ou non avec notre vision du monde, mais une chose est sûre : il possède au moins la qualité de soulever les maux encore trop présents chez certaines femmes, écrasées par le poids de leur condition et la pression sociale extérieure.

Hélène Fiszpan

©Jean-Pierre Marcon

La Part’ de l’autre, Cie GestueLLe, http://www.compagnie-gestuelle.com/
Spectacle présenté au Glob Théâtre du 31mars au 8 avril 2011

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