Naissance. Dans une bulle transparente, un corps presque nu est recroquevillé en position fœtale. La bâche respire, le mouvement est lent, incertain. Le corps se déploie et se débat dans cette coquille souple. Clarisse Pinet, danseuse aux cheveux de feu expose ses formes au public. Fragile et forte à la fois, elle donne à voir l’intime. La nouvelle performance de la Compagnie du M, Regard(s), en cours de création, cherche à insuffler le trouble. « C’est comme se retrouver nu face à son miroir » explique la jeune danseuse, « on voit les défauts, les imperfections du corps, et pourtant il est là, bien réel. » Le public se retrouve alors face à sa propre sensibilité en regardant ce corps se débattre pour naître d’une coque rigide, comme dans un tableau de Salvador Dali.
Marion Collard et Mathilde Agard, toutes deux 24 ans, se sont rencontrées sur les bancs de l’université en arts plastiques puis en Master pro scénographie. De leur amour de la scène et des arts elles ont décidé d’en faire un projet. Ainsi est née la Compagnie du M, dont la première performance/vidéo, Tâches, a été présentée en 2007 à la maison des arts de Pessac. Depuis, les deux plasticiennes travaillent à développer leur thème de prédilection, l’intime. Si la danse et le théâtre prennent de plus en plus de place dans leurs créations, elles s’attachent à faire de chaque représentation un événement unique. « Il y a dans toutes les créations une grande part d’improvisation, souligne Mathilde. Nous donnons un canevas aux danseurs en fonction de ce que nous souhaitons montrer et nous les guidons pas à pas. » Une méthode qui permet de surprendre les acteurs et les danseurs eux-mêmes.
De nombreux projets
Actuellement en résidence au centre AREA de Villenave d’Ornon pour le spectacle Regard(s), les deux jeunes artistes, toujours en ébullition créative ont de nombreux projets en tête et en cours de réalisation. En juin 2010 elles ont obtenu le prix AJC de la mairie de Bordeaux pour leur projet Le Shpäck en parenthèse-(s). Ambitieuse, la création a pour objectif d’investir la Bourse du travail pour faire découvrir le bâtiment grâce à des installations, des vidéos et des performances. Pour l’instant la réalisation du projet est en suspens pour des raisons de sécurisation du lieux. Mathilde et Marion développent donc actuellement un autre projet pour mettre en valeur les lieux en friche et le patrimoine bordelais. Maxime Nguyen, le régisseur de la compagnie du M, va ainsi photographier Clarisse Pinet dans divers endroit de la ville.
Le 24 février, la compagnie présente Regard(s) dans un appartement récemment détruit par les flemmes. Une manière originale de mettre en confrontation la « poésie du corps », la mise à nu de l’intime et l’objet.
Crédit photo : Maxime Nguyen
Audrey Chabal