La MECA, nouveau « totem » de la culture régionale


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La MECA, nouveau "totem" de la culture régionale

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 28/06/2019 PAR Romain Béteille et Anna Bonnemasou

Ca ressemble à une arche, à une « rampe de lancement » ou bien à un totem. Les officiels n’ont en tout cas pas manqué de qualificatifs pour évoquer la MECA (pour Maison de l’Économie Créative de Nouvelle-Aquitaine), officiellement inaugurée ce vendredi 28 juin à Bordeaux. « Nous avons souhaité qu’il soit un monument totémique de la culture qui regroupe trois organismes culturels dans un même bâtiment dont la vocation est de les faire coopérer et travailler ensembles », a ainsi souligné le Président de la région Nouvelle-Aquitaine, Alain Rousset. Ces trois là, même s’ils n’habitent que très récemment les mêmes murs (on leur a confié les clefs la veille de l’inauguration), se connaissent bien. Le Frac (Fonds régional d’art contemporain), l’Oara (Office artistique de la région Nouvelle-Aquitaine pour le spectacle vivant) et l’Alca (Agence culturelle de la région Nouvelle-Aquitaine dédiée au livre, au cinéma et à l’audiovisuel), vont donc se partager ce bâtiment de quelques 18 000 mètres carrés (11 000 mètres cubes de béton) comprenant notamment une scène de création de 360 mètres carrés, des locaux permettant 25 résidences d’artistes par saison, 35 rendez-vous avec le grand-public chaque année et un grand espace (1200 mètres carrés) d’exposition pour le Frac qui permettra d’accueillir trois à quatre expositions annuelles. Le tout a été financé en grande partie par la région : elle a fourni 56 millions des 60 nécessaires à sa création. 

MECA

Lieu synergique

Au coeur du quartier de Paludate, en pleine transformation, la MECA compte rester ouverte au public : les marches de son vaste parvis, le restaurant et la terrasse panoramique ont visiblement, pour l’architecte Bjarne Ingels (associé à FREAKS freearchitects), à coeur de le prouver. Pour Bernard de Montferrand, Président du Frac, les objectifs ne changent pas. « On a pour vocation de soutenir la jeune création contemporaine. Avec les moyens de l’Etat et de la Région, nous avons constitué une importante collection d’oeuvres, l’une des plus montrées de France parce qu’elle est extrêmement diverse. C’est capital de continuer à soutenir cette jeune création. Nous avons aussi une action de médiation et de diffusion de cette collection considérable. Ceux qui nous disent que nous ne montrons pas assez nos collections ne savent pas que nous organisons près d’une centaine de manifestations par an dans toutes la Région. Si nous agissons, c’est en travaillant avec nos partenaires de manière systématique. C’est de l’aménagement culturel du territoire. En 2017, le FRAC a eu près de 148 000 visiteurs. Il intéresse, il surprend, il choque parfois mais il créé en tout cas un mouvement de curiosité dont la MECA sera la chambre d’écho ». LA MECA invitera d’ailleurs le public à assister à des « sorties de résidences », c’est à dire des coulisses de créations de spectacles pas encore totalement finalisés mais dont la phase de création a vocation à être partagée. 

« Ce n’est pas un lieu réservé pour Bordeaux », a précisé Alain Rousset. « D’ailleurs, les trois Frac régionales n’ont pas fusionné, et nous sommes en train de réhabiliter une friche industrielle sur Limoges pour y installer l’antenne locale ». Le vaste bâtiment aux atours anguleux, en réflexion depuis huit ans, est attendu au tournant. « Nous espérons assister à l’envol de ces coopérations entre les trois offices culturels dans les années à venir et voir comment la ville utilise ce nouvel espace », précise pour sa part Fabien Janelle, président de l’OARA. S’il compte être un totem, c’est aussi parce que l’économie culturelle et l’industrie créative pèsent lourd en région : à titre d’exemple, elle constitue le deuxième fonds de soutien français pour le cinéma derrière l’Ile-de-France. Pour autant, elle laisse le champ libre aux acteurs directs de l’industrie créative : « L’autonomie dans la gouvernance est important : nous l’avons confiée à des professionnels du livre et du cinéma qui constituent l’essentiel de notre conseil d’administration », précise ainsi Bruno Boutleux, Président de l’ALCA, pour qui « les collectivités territoriales pourraient, demain, après le CNC, être les seconds financeurs du cinéma français ». « Sa fonction doit être mieux comprise et perçue par les professionnels et les opérateurs, elle doit être une maison d’hôtes accueillante en plus d’être une vitrine et une rampe de lancement pour tous les artistes qui travaillent parfois de manière trop isolée », poursuit Fabien Janelle. Les ambitions sont là, et la première exposition du Frac déjà visible et accessible au public dès ce samedi : sans vraiment de rapport avec le western de Sergio Leone, elle a pourtant été baptisée « Il était une fois dans l’Ouest ». 

MECA Frac

La FRAC trouve dans la MECA le point d’ancrage d’une collection itinérante, qui comprend plus de 1200 œuvres réunies au cours des 37 dernières années. Cette collection sera donc désormais accueillie au grand complet entre les murs de la MECA. Pour célébrer cette arrivée, la directrice de l’agence Claire Jacquet présentait lors de l’inauguration du lieu, le 28 juin, une nouvelle exposition : « Il était une fois dans l’Ouest ». Cette première présentation est le fruit de multiples collaborations impliquant plusieurs commissaires d’exposition, et de nombreux artistes dont beaucoup ont un point d’ancrage ou sont originaires de Nouvelle-Aquitaine. La salle d’exposition à tout de la « white box », de grands espaces aux murs blancs et au sol de béton brut accueillent toiles et créations. Les pièces sont séparées par des façades aux coupes singulières. Autant de choix de gestion de l’espace qui pousse à la recherche quant à la disposition des œuvres et contribuent à l’atmosphère du lieu. La déambulation commence par l’audacieux et troublant tableau « Carnaval à Périgueux » de Martial Raysse vivant en Dordogne. Puis, le public traverse temps et espace pour découvrir les travaux de Rachel Labastie et Charles Fréger, sur l’âme basque des deux côtés des Pyrénées, avec « La suite basque ». Une présentation variée, qui inclut également l’œuvre photographique de Pascal Convert, basé à Biarritz, sur les falaises de Bamyan en Afghanistan. Une exposition ancrée dans les territoires de Nouvelle-Aquitaine donc, mais qui appelle aux voyages.

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