Interview: Josy Reiffers, Adjoint au Maire de Bordeaux « cité numérique »


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Interview: Josy Reiffers, Adjoint au Maire de Bordeaux "cité numérique"

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Temps de lecture 5 min

Publication PUBLIÉ LE 19/03/2013 PAR Solène MÉRIC

@qui!: Bordeaux est souvent appelée « Cité digitale », et la Semaine Digitale organisée du 25 au 30 mars, est clairement le point d’orgue de cette « digitalité» municipale et urbaine… Mais « concrètement » et au jour le jour, qu’est-ce qu’une «ville numérique» ?

Josy Reiffers: Une ville numérique, c’est une ville qui utilise les outils du numérique au service de ses usagers, qu’ils soient permanents ou de passage. En effet, pour tant les Bordelais que les touristes, les outils du numériques facilitent les modes de transports, la découverte du patrimoine, la localisation de services, etc… Bref c’est la mise en place d’usages communs du numérique dans la ville. Mais, la ville numérique cible également une autre catégorie d’usagers que sont les écoliers à travers la e-éducations, et les nombreux outils qui sont mis à disposition des écoles : tableau numérique, environnement numérique de travail, etc… C’est aussi une ville qui utilise le numérique pour être mieux gérée soit dans ses services, soit pour répondre à certains défis énergétiques, dans le domaine des transports par exemple. Une ville digitale c’est également une ville qui crée de l’emploi grâce au numérique. Et pour cela deux possibilités s’offrent à elle : d’une part, elle peut favoriser l’installation et la croissance de la filière numérique sur son territoire, d’autre part, elle sensibilise les entreprises traditionnelles aux outils du numérique. Et parce qu’elle met tout ça en place, Bordeaux est résolument une ville numérique.

« 25 000 emplois dans le secteur du numérique »@!: Sur l’aspect économique, comment la ville parvient-elle à mettre en place les deux volets que vous évoquez? Comment d’abord, parvient-on à développer une filière numérique, quels sont les leviers d’action de la ville de Bordeaux?

J.R.: C’est un travail qui se fait très en amont, puisqu’il s’agit de favoriser l’esprit d’entreprendre dans le numérique. Dans cet esprit, nous avons mis en place une pépinière d’entreprises au cœur du quartier des Chartrons sur des projets au coeur de la ville et sur le numérique. Deuxième condition, il faut aussi se faire rencontrer les acteurs du numérique soit en créant des associations, soit en créant des espaces où ils viennent travailler ensemble. A Bordeaux, c’est le NODE, et il n’y a pas beaucoup d’autres villes qui disposent d’un tel lieu. Enfin, développer ou consolider une filière numérique c’est mettre en oeuvre une dimension économique et notamment numérique dans le projet urbain de la ville. Il faut prévoir des locaux d’entreprises à destination du numérique, si possible dans des quartiers ciblés, pour créer un écosystème du numérique, facilité par la proximité des acteurs. Dans l’agglomération bordelaise nous commençons à en avoir de très bonne qualité avec une croissance à deux chiffres et des départements recherche et développement particulièrement performants.

@!: Avez-vous quelques chiffres à nous livrer sur ces entreprises du numérique à Bordeaux? Ainsi que sur les perspectives économiques que cela peut représenter pour la ville?

J.R.: Pour les chiffres il faut d’abord rappeler que les deux secteurs les moins touchés par la crise, ce sont les services à la personne et le numérique. Selon une enquête de l’OCDE, le numérique représentera 30 à 35% des emplois créés dans les 10 années qui viennent. Rapporté à la CUB, sur les 75 000 emplois à créer sur la CUB dans les prochaines années, au moins 25 000 le seront dans le domaine du numérique. Il faut s’y préparer, et pour ça avoir des filières sur l’enseignement supérieur. A Bordeaux, nous souhaitons accueillir des écoles d’enseignement supérieur de petites tailles, privées, qui viendront augmenter le potentiel du Campus des Chartrons. Car 25000 emplois se feront dans le secteur du numérique à condition que les gens soient formés… Or la France est championne en matière d’inadéquation entre les postes à pourvoir et les formations. C’est pourquoi nous voulons non seulement installer de nouvelles écoles mais aussi sensibiliser les filles vers les métiers du numérique qui sont beaucoup moins présentes dans ce domaine. Cette sensibilisation, qui sera d’ailleurs le thème de la journée du mercredi 27 mars (Allez les e-filles! et conférence sur l’accès des femmes à la filière numérique, ndlr), permet non seulement de rééquilibrer les choses entre garçons et filles, mais également de pourvoir un plus grand nombre de postes sur des métiers déjà aujourd’hui en tension.

12 exemples concrets de croissance@!: Et sur le deuxième aspect que vous évoquiez concernant la  sensibilisation de l’économie classique aux outils du numérique, quels sont vos modes d’action?    

J.R.: Oui, comme je le disais, la croissance économique du territoire pourrait passer par l’utilisation du numérique dans les entreprises traditionnelles… à condition qu’elles se rencontrent. C’est justement le but de la Grande jonction organisée par la Mairie le 29 mars dans le cadre de la Semaine numérique. Pour cet évènement, 12 entreprises numériques partenaires vont donner des exemples concrets de techniques numériques ayant permis à des entreprises classiques de mieux exploiter leurs données, de développer le e-commerce, se développer à l’international, de gagner en part de marché ou encore développer de nouvelles productions. Le public sera composé d’entreprises privée et publiques, pour que ce rendez-vous, au-delà des témoignages et réflexions, génèrent une dynamique de rencontre et débouche sur des choses concrètes entre entreprises traditionnelles et entreprises numériques.
Quant au reste de cette journée, le matin aura lieu un séminaire avec des retours d’expériences de certaines grosses villes européennes, comme Amsterdam, Londres ou Bilbao. Des représentants de ces villes viendront évoquer ce qui chez eux a marché ou pas.
Enfin le soir, toujours autour de la croissance des entreprises, si ça n’est pas directement organisé par la ville de Bordeaux, mais par l’association Bordeaux entrepreneur, une soirée «Le quai des investisseurs», mettra en contact des entreprises numériques de Bordeaux qui ont besoin d’investissements pour se développer et des investisseurs potentiels.

@!: Pour en revenir à la Grande Jonction, c’est une première dans le cadre de la Semaine digitale.  Pourquoi avoir pris cette orientation économique?

J.R.: La dimension économique est en effet nouvelle dans la Semaine digitale. Nous n’avons plus trop à démontrer que Bordeaux est une cité digitale. Par contre dans une enquête récente auprès des bordelais, ils demandent au Maire de résoudre le problème de l’emploi. Une demande étonnante, puisque c’est hors de ces compétences. Pour autant, il faut bien nous aussi qu’on fasse des propositions sur l’emploi à notre niveau, d’où cette mobilisation nouvelle de la Semaine digitale autour de ces aspects économiques.

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