Interview – Laurence Mayerfeld: NoA a donné toute leur lumière, notamment, à des événements sportifs, culturels…


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Télévision régionale : France 3 NoA veut séduire la Nouvelle-Aquitaine

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Temps de lecture 9 min

Publication PUBLIÉ LE 10/09/2019 PAR Joël AUBERT

@aqui! – Directrice du réseau régional de France 3… En quoi consiste pareille mission ?

Laurence Mayerfeld  : Cela consiste, d’abord, à faire vivre un réseau. Aujourd’hui, nous sommes dans une trajectoire qui va vers le triplement de l’offre régionale de France 3. Donc, le triplement cela peut se décider mais, après, ce qu’on y fait et comment ça se fait, il faut que cela vienne du terrain. J’essaie d’aller le plus souvent dans les autres régions puisque mon bureau est à Bordeaux et mes réunions sont à Paris. La semaine dernière c’était en Corse ; je suis allée à Rennes, à Grenoble.

@qui! : Quand les réunions sont à Bordeaux, les collègues de Paris viennent en Gironde?

L.M : Oui bien sûr. Aujourd’hui, par exemple, le Directeur des Ressources Humaines de tout France 3 est ici pour travailler avec moi. Il faut un petit peu inverser le paradigme, le jacobinisme habituel. Nous on est Girondins d’essence. Donc, ce réseau il faut l’animer autour de la réflexion éditoriale… Et porter, aussi, toutes les problématiques humaines puisque, évidemment, nous sommes un collectif très important, la plus grosse masse salariale de France Télévision. Le réseau c’est plus de 3 000 salariés. Donc, forcément, il y a un certain nombre de sujets, de sujets individuels, et bien sûr de sujets collectifs à prendre en compte. Les gens attendent un cap, attendent de savoir où nous allons sur la télé et sur le numérique puisque les deux sont des enjeux majeurs.

@qui! : Dans une période où l’on sort d’une certaine émotion, à propos de Soir 3, il est significatif que les réseaux régionaux fonctionnent bien et ont des résultats extrêmement intéressants en terme d’audience…

L.M : Tout France 3 a fait un très bel été en terme d’audience. Je crois que c’est un été que l’on n’a pas vu depuis 4, 5, 6 ans, donc vraiment un été particulier. Pour l’info régionale, on a été quasiment leader de la case, tout l’été dans toutes les régions. Tout l’été, sur internet, les pages régionales de France 3 ont affiché entre 35 et 39 millions de visites par mois.

@qui! : Cela veut dire quelque chose, doit bien avoir un sens profond ?

L.M : Cela veut dire qu’il y a une appétence des téléspectateurs et des internautes pour ce qui se passe chez eux. Moi je suis assez convaincue que plus le temps passera, plus les gens iront chercher des contenus sur les plateformes, toutes formes de plateforme; ils ont besoin de savoir ce qu’il se passe chez eux, près de chez eux.  Ma conviction, et c’était pour cela que j’ai proposé la création de NoA, je pensais qu’il y avait un vrai besoin, au-delà même de l’information, de partager de la culture, du sport, des évènements. Peut-être qu’il y aura d’autres NoA ; cela dépendra s’il y a d’autres collectivités pour le vouloir avec nous, parce qu’il faut être très honnête le fait d’avoir la Région Nouvelle-Aquitaine avec nous cela a été un atout majeur, déterminant. S’il y a d’autres régions qui veulent rentrer dans une histoire comme celle là, les portes ne sont pas fermées, bien au contraire. On voit qu’il y a BFM qui s’installe ici. Tout cela on le voit et tout le monde y compris BFM, le dit : « France 3 est leader et on voit que cela marche donc on y va ».

Le pari NoA est réussi

@qui! : Justement, vous évoquiez NoA : Septembre 2018-Septembre 2019 . Un an, ce 11 septembre. Difficile de faire des bilans au bout d’un an mais, quand même, quels premiers enseignements en tirez-vous ?  Qu’est ce qui a marché, qu’est ce qu’il faudrait faire pour l’améliorer ? Etant entendu qu’il faut créer aussi une appétence, un mouvement du téléspectateur, via la Box ou via Internet, pour apprivoiser une autre dimension. L’information est là, elle est même riche.

L.M : D’abord « tous les chemins mènent à vous » ce ne sont pas des journalistes mais c’est quand même aller recueillir la parole dans des territoires qui sont un peu oubliés, invisibles, reculés. Ces gens sont très attachants.

Je ne vais pas être modeste, je pense que le pari NoA est réussi aujourd’hui. Parce que le premier enjeu c’était : est ce qu’on est capable de créer une chaîne avec des programmes spécifiques, régionaux, 24h/24 ?
Un an après nous disons: oui, c’est fait. Est ce qu’on est capable de fédérer des personnels, parce qu’il n’y a pas eu de personnels supplémentaires à France 3? de fédérer le personnel, volontaire pour faire des contenus pour cette chaîne avec des nouveaux outils, des nouvelles écritures? La réponse est oui: ils le font tous les jours. Cela est infiniment satisfaisant. Et puis on s’est rendu compte, parce que franchement je ne sais pas si on le savait vraiment avant, qu’il y a une quantité d’évènements sportifs, culturels, notamment, dont on parle très peu ou infiniment peu et qui méritent toute la lumière qu’on leur a donnée sur NoA. Nous faisons beaucoup de sport le week-end, beaucoup de directs de concerts, de festivals et pas que des choses très connues. Donc nous faisons découvrir. Il y a une émission qui s’appelle NoA Pop où nous enregistrons des groupes de la région ; des groupes qui au demeurant ne sont pas connus et à qui on va donner une surface de diffusion nouvelle. Ils sont super contents de cela. Et nous on est content de ce qu’ils font.

@qui! : Une mise en valeur des richesses d’un territoire en quelque sorte….

L.M : Tout le monde peut se reconnaître dans cette chaîne parce que si elle ne raconte pas forcément ce qui se passe chez moi, elle raconte ce qui se passe pas très loin de chez moi. Aujourd’hui, quels que soient les modes de transports, les gens circulent dans une grande région comme la Nouvelle-Aquitaine. Et, franchement, de ce point de vue là nous sommes archi-payés de ce que nous faisons.

@qui! : Est ce qu’il y a en terme géographique des périmètres d’écoute plus forts que d’autres pour NoA ? Plus urbains par exemple ?

L.M : Nous prenons garde à ce que Bordeaux n’absorbe pas toute l’attention; nous sommes très attentifs à tout ce qui se passe en Limousin et en Poitou-Charentes parce qu’ils sont moins exposés. Et, en fait, il s’y passe des tas de choses extrêmement intéressantes. Donc, cela vaut la peine d’avoir cette petite prévention. Après, quand il y a un évènement majeur à Bordeaux, on le traite et on le couvre ; il n’y a pas de discrimination. Mais nous sommes vraiment attentifs à tous les endroits du territoire qui n’ont pas autant l’habitude d’avoir la lumière sur eux.

La matinale de Guéret…


@qui! : Cette dimension nouvelle de votre responsabilité vous amène à rencontrer, un peu partout, les équipes qui travaillent sur l’information locale. Or, à considérer vos programmes, on voit que le temps qu’on lui accorde va grandissant. Au moment où l’on nous condamne d’une certaine manière à ne pas avoir le choix d’autre chose que des plateformes, il y a un espace extrêmement important, perçu comme tel, par l’auditeur, le lecteur, le citoyen. Qu’en pensez-vous?

L.M : En fait, c’est certain qu’il y a aujourd’hui un besoin de connaître son environnement, ce qu’il s’y passe, au plus près de chez soi. Il y avait eu un débat il y a quelques temps à France 3 sur le maintien des éditions locales. Je pense que ce débat n’existe plus. Il n’existe plus et, vous savez, que nous sommes en train de nous rapprocher avec France Bleu; nous faisons des matinales communes, des matinales de France Bleu que l’on met à la télé.


La prochaine cela va être Guéret, dans la Creuse. Là, nous nous rendons compte d’un phénomène extrêmement intéressant; c’est que nous, France 3, nous n’avions pas de zone de diffusion spécifique à la Creuse. Nous sommes obligés d’en créer une pour la matinale de Guéret. Ce qui veut dire que dans l’avenir, si il y a un évènement en Creuse qui mérite d’être diffusé uniquement en Creuse parce qu’il n’aurait pas d’intérêt ailleurs, nous aurons un nouvel espace de diffusion et pouvons faire une nouvelle proposition éditoriale. Avec France Bleu nous allons avoir, d’ici 2022, 44 matinales communes. C’est dire, qu’aujourd’hui France 3 ce sont 24 antennes plus les locales. Nous allons être amenés à créer des nouveaux espaces de diffusion. Donc, pour moi, à partir du moment où il existe un espace de diffusion, c’est un espace éditorial possible qui s’ouvre.

 @qui! : Ceci est d’autant plus important que la presse quotidienne, la presse de proximité, a plus de mal à couvrir l’information locale.

L.M : C’est compliqué parce qu’il y avait, même à la télévision, des réseaux de correspondants importants. Aujourd’hui on se rend compte, qu’il n’y a plus forcément ce réseau de correspondants de proximité aussi dense mais nous disposons d’ outils très agiles qui nous permettent d’aller faire notre travail n’importe où. La difficulté c’est encore la couverture de la 4G. Nous pouvons espérer que le territoire va évoluer. Il y a toujours des zones blanches en plein Bordeaux. Mais à partir du moment où l’on a de la 4G on peut être en direct de n’importe où. Et donc sur NoA et donc sur France 3 et donc sur le numérique… et donc partout.

@qui! : Vous venez d’élargir vos tranches d’information sur la 3. Donc ça veut dire qu’il y a une demande, un espace ?

L.M : Il y a une demande, un espace maintenant il faut se rappeler la définition légale de France 3 : c’est une chaîne nationale  avec décrochages régionaux. Cela signifie, évidemment, que si l’on veut créer de nouveaux espaces régionaux il faut penser renoncer à d’autres choses qui étaient à l’antenne à l’époque. Mais il y a une volonté de Delphine Ernotte-Cunci, la présidente, et de Takis Candilis son numéro 2, le directeur des antennes, de vraiment développer l’info régionale.
Le premier signe que l’on a pu voir, dès la rentrée, c’est 7 minutes de plus avec un premier rendez-vous d’info à 11h53. C’est un rendez-vous intéressant pour nous parce qu’à 11h53 nous n’avons jamais vraiment eu d’offre d’info dans notre histoire. Donc on se posait, et on se pose encore la question: est ce que les téléspectateurs seront là? On peut dire qu’au bout d’une semaine, les téléspectateurs sont là. Maintenant nous attendons de voir s’ils y resteront; nous avons demandé aux rédactions que ce rendez-vous de 11h53 de 7mn soit vraiment ancré dans les territoires. C’était la seule consigne éditoriale qu’on leur a donnée, à tel point que d’une région à l’autre il y a des offres très différentes. Personne n’est obligé de faire la même chose. Chacun traduit le territoire et la proximité du territoire comme il veut. Et ensuite sur le 18h53, toutes les régions qui ont des locales ont remis les locales à cette heure là. Ceux qui n’en n’ont pas font une offre spécifique aussi, plutôt de proximité. Quand on met les locales à 18h53 on libère 7mn de créneau régional dans le journal, il augmente. Dans ces 7mn régionales, on a demandé aux rédactions de travailler sur ce que l’on appelle le décryptage, la pédagogie de l’info, de vérifier plutôt deux fois qu’une que l’on se fait bien comprendre et que des sujets complexes peuvent faire l’objet d’un dossier, de multiples entrées, de plusieurs angles pour qu’ils soient abordés de la façon la plus claire et complète.

@qui! : J’imagine que quand on circule comme vous le faites, et que l’on voit la diversité des régions, des territoires, des cultures, des attentes singulières de la société, on se dit  qu’à un moment donné l’on pourrait créer quelque chose qui puisse magnifier une offre, tout à fait singulière, du service public ?

L.M : Franchement, quand on a un réseau aussi grand, aussi divers on a plein d’envies. Mais après quand on a une envie, dans la responsabilité qui est la mienne, il faut qu’elle fédère. Pour l’instant, je suis tenue au secret parce que je veux que les directeurs régionaux l’apprennent, courant septembre, mais s’agissant des élections municipales nous ferons, dans le réseau, quelque chose qui n’a jamais été fait avant. Au plus près des territoires, avec une vraie envie de donner la parole. Je prévois du suspense car à mon niveau je ne prévois qu’un cadre. Le contenu, et j’y tiens; c’est forcement chaque rédaction qui le proposera.

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