Interview : Guillaume Pepy, Président de la SNCF : « Enfin le réseau Aquitain va être modernisé ! »


G. Uferas

Interview : Guillaume Pepy, Président de la SNCF : « Enfin le réseau Aquitain va être modernisé ! »

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Temps de lecture 6 min

Publication PUBLIÉ LE 21/06/2012 PAR Solène MÉRIC

@qui! : L’Aquitaine compte de nombreux projets en matière ferroviaire, quel est votre regard sur le programme lancé par RFF en partenariat avec la SNCF ?
Guillaume Pepy : L’important c’est que l’Aquitaine est la région qui a, aujourd’hui, le plus de travaux de toutes les régions françaises. Deux indicateurs qui sont frappants, il y a tout d’abord, un milliard d’euros qui est dépensé sur l’axe Bordeaux-Tours, et je ne parle pas de la grande vitesse, je parle de la ligne existante et d’autre part, il y aura l’année prochaine cinquante chantiers en une seule année, en Aquitaine. Ça donne la mesure de l’effort en faveur de la modernisation du rail.

@!: Quelles seront alors les conséquences pour les voyageurs et comment la SNCF compte elle alors prévenir les désagréments ?
G.P. : La conséquence, c’est qu’il faut se réjouir. C’est qu’enfin le réseau Aquitain va être modernisé ; il est en cours de modernisation et d’ici 2017 on aura à la fois une LGV, un réseau classique moderne et  une nouvelle gare de Bordeaux, donc c’est formidable. Maintenant, la période est difficile à gérer pour les 8000 cheminots, parce que réaliser tous les trains à l’heure de façon robuste avec un tel niveau de travaux c’est un sacré défi et puis évidemment pour les voyageurs il y a des moments difficiles. Mais je veux mettre en valeur le résultat des derniers mois, le deuxième trimestre de cette année, c’est-à-dire avril mai juin, où la régularité des TER atteint 92%, ce qui est 6 points de plus qu’au premier trimestre. Donc ça veut dire que les efforts payent.

Guillaume Pepy, Président de la SNCF et Solène Meric, d'aqui.fr

@!: Quels ont été les efforts justement ? Puisqu’en début d’année il y a eu des soucis avec le Conseil régional, qui, suite à de nombreux retards a été très critique vis-à-vis de la SNCF et de ses engagements sur la qualité du service ?
G.P.: Deux choses ont été faites. D’abord on s’est bien coordonné avec RFF pour mieux gérer les travaux. Ensuite on a mis des moyens supplémentaires pour la maintenance des trains et pour réparer des trains qui avaient des pannes. Donc on a remis à niveau notre matériel, et ces deux actions nous ont permis d’avoir un bon service pendant le deuxième trimestre.

@!: Donc pour tous les travaux à venir que vous évoquez, une des solutions envisagées c’est aussi un renforcement de la coordination avec RFF ?
G.P. : Des travaux d’une telle importance, ça créé de toutes façons des ralentissements, des risques que les travaux ne soient pas rendus à l’heure par les entreprises et ça crée aussi de la fragilité par la multiplication des chantiers Cela nécessite donc une coordination très forte entre la SNCF, RFF et le Conseil régional, notre autorité organisatrice, pour adapter les horaires à chaque fois que c’est nécessaire et tenir nos promesses.

@! : Il faut donc comprendre que les relations avec la Région, sont désormais au beau fixe ?
G.P. : La Région, elle est sévère mais juste, et nous, nous sommes très très mobilisés et très décidés à bien faire. Et les résultats du 2ème trimestre le montrent.

@! : Pourtant il y a bien encore des points noirs de circulation. On cite par exemple souvent la ligne Poitiers Angoulême Bordeaux…
G.P. :
Ce tronçon, c’est là où il y a les plus gros chantiers et donc des ralentissements. Il faut respecter l’horaire; mais quand ce n’est pas le cas, il ne faut pas faire attendre les TER, sauf quand c’est le dernier TER. Parce que sinon, vous mettez tout le système TER en retard puisque les retards se cumulent… Donc on ne peut pas faire dépendre les TER des TGV, les TER ne peuvent pas être subordonnés au TGV. On peut simplement faire des horaires qui sont réalistes et qui tiennent compte des travaux.

@! : D’accord, mais quand on demande à des voyageurs arrivés en Gare de Bordeaux de dormir à l’hôtel pour prendre une correspondance le lendemain matin, comme ça nous a déjà été rapporté par des lecteurs, c’est bien que la dernière correspondance n’a pas attendu… ?
G.P. : Et bien c’est une erreur. Si on a fait ça, ce n’est pas bien. Ce n’est pas bien.

@!: Au-delà du rail, il y a également un plan de développement SNCF qui est important en Aquitaine : gare de Bordeaux, projets de pôles multimodaux… Pouvez-vous nous en dire un peu plus?
G.P. :
Oui, là aussi les élus d’Aquitaine ont pris le taureau par les cornes. Il y a un Plan gares en Aquitaine qui est mis en œuvre dans lequel, et c’est ce qui est intéressant, on traite tous les niveaux. D’abord, la très grande gare de Bordeaux avec le projet Euratlantique; là-dessus on a un premier rendez-vous le 2 juillet en comité de pilotage pour parler du tour de table financier. Vous avez ensuite de nombreux pôles d’échange multimodaux qui sont en cours de réalisation ou qui vont être décidés, une dizaine et en même temps on traite les petites gares, ou les haltes pour avoir le service d’information, et le service de confort minimum. L’exemple, c’est que dès le second semestre, il y a 70 écrans supplémentaires qui vont être installés dans 52 gares d’Aquitaine. Ce sont des écrans qui donnent les horaires en temps réel des trains.

@!: Sur les différents projets LGV dans la région, les épisodes sont à rebondissement… Soit qu’il s’agit d’un souci en matière de financement, notamment sur l’axe Toulouse Bordeaux, soit par les oppositions que la LGV GPSO provoque au-delà de Bordeaux… Est-ce que ce sont des élements qui vous inquiètent ou restez-vous confiant sur les projets ?
G.P. :
Pour Tours-Bordeaux, c’est parti et ouverture à l’été 2017. C’est un projet formidable et on voit très bien que Bordeaux-Paris, c’est comme Lyon-Paris, ça va accrocher le Sud Ouest au réseau à grande vitesse.
La partie Bordeaux-Toulouse, c’est un débat actuel qui est entre le Gouvernement et les élus. Tout ce que je peux dire c’est que vu de la SNCF, l’entreprise de transport, c’est un projet qui fait sens. Là encore par analogie, Toulouse-Bordeaux-Paris, ça ressemble un peu à Marseille-Lyon-Paris. C’est une magistrale atlantique, et il ne faut pas oublier le Pays Basque parce que c’est l’ouverture vers l’Espagne, qui est le premier réseau européen de ligne à grande vitesse par la longueur. Tout ça, ce sont des éléments qui sont dans les mains du nouveau gouvernement.

@!: Vous évoquez l’Espagne, c’est donc l’occasion d’élargir le propos à une vision européenne. Quel est votre regard sur ce qu’il va advenir du système ferroviaire européen ? On parle d’ouverture à la concurrence, de rapprochement entre la SNCF et RFF …
G.P. : On est un peu à l’heure de vérité. L’heure de vérité, c’est que tout le monde veut plus de ferroviaire et que le train soit une sorte de colonne vertébrale des transports publics. A ça, il y a une raison forte, c’est que le train c’est de la mobilité durable. Le train fait partie, non pas des problèmes, mais des solutions. Sur le plan énergie, sur le plan climat, sur le plan service public, il est dans la catégorie des solutions. Pour ça, il faut, à mon avis, résoudre la question financière, y compris faire des économies, il faut unifier l’infrastructure pour plus d’efficacité et de simplicité et il faut permettre aux collectivités locales de choisir leur prestataire, leur partenaire ferroviaire. Le tout en développant le service public et un égal accès des territoires. Et ce sont ces éléments de réflexion qui je l’espère, seront à la base de la réforme ferroviaire. On est à l’heure des choix. Quant à RFF et la SNCF, c’est le moment de faire l’unité. Moi, je crois à un outil public unifié et à un Etat stratège. J’ai une très forte conviction.

@!: Dernière question, qui s’éloigne un peu de l’Aquitaine et du ferroviaire et qui est davantage en rapport avec l’actualité nationale. Quel est votre point de vue au regard du projet du gouvernement de plafonner les salaires des dirigeants des grandes entreprises publiques, telles que la SNCF, à 20 fois la moyenne des plus bas revenus.
G.P. :
Je n’ai pas de point de vue, puisque je suis dans l’enveloppe.


Crédit photo: anaelb

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