Goya: la guerre telle qu’ elle est au Centre Jean Moulin de Bordeaux


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Goya: la guerre telle qu' elle est au Centre Jean Moulin de Bordeaux

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 09/11/2012 PAR Solène MÉRIC

Au fil de ces gravures, le visiteur doit avoir le cœur bien accroché. Car ici ni bons ni méchants, ni nation, ni ennemis, seulement au final des hommes dans tout le Mal que seule l’humanité est capable. Avec ces gravures publiées 35 ans après la mort de l’artiste, l’art porte un regard inédit sur la guerre. Oubliées les scènes épiques, les épées brillantes, les uniformes rutilants, et les fiers soldats combattants en rangs serrés sur un front ordonné. Jusque-là l’histoire de l’art n’avait retenu qu’une guerre propre, lisse et efficace, à la gloire d’une Nation ou d’un seul homme.
Ici, avec les gravures de Goya, place à la boucherie, à l’horreur, à la torture, aux exécutions, à la famine et aux pillages. Place aux cadavres, aux corps mutilés, aux femmes violées, aux charniers, aux fosses communes, aux combats violents, désordonnés et sans règle… Haches, couteaux, baïonnettes, fusils tranchent et transpercent les corps et les chairs, les visages sont grimaces de terreur, de douleur, de deuil… ou à l’inverse d’acharnement, de férocité, de cruauté.

Rares images épiques

Exposition Goya, chroniqueur de toutes les guerres. Les Désastres et la photographie de guerre

Goya grave implacablement « Les désastres de la guerre », de fait, son horrible réalité, celle qui rend meurtrier et tortionnaire, quelque soit le camp. Qu’ils soient soldats français ou paysans espagnols, ils sont bourreaux et victimes à tour de rôle, c’est toute l’objectivité de Goya, et dans le même temps toute sa dénonciation de l’absurdité des affrontements.
Seules les femmes, quand elles ne sont pas victimes, ont le meilleur rôle. Elles seules ont droit, sur quelques estampes, à un peu d’héroïsme, comme cette mère qui tient son bébé sous un bras tout en combattant contre un soldat de son autre bras armé d’une pique. Une des rares images à dimension épique de la série présentée au centre Jean Moulin.
Car pour le reste Francisco Goya se comporte en véritable chroniqueur de guerre, à l’avant-garde des photojournalistes. Ceux ci « armés » d’appareils photo légers commenceront véritablement à apparaître lors de la seconde guerre mondiale, mais s’affirmeront dans une posture de relai d’opinion avec la guerre du Vietnam. Une mise en perspective entre les œuvres de Goya et la photographie de presse faite dans l’exposition à travers quelques photos de guerre d’archive ainsi que dans un film retraçant l’histoire du photojournalisme.
Comme souvent, on ressort du centre Jean Moulin marqués de ce que l’on y a vu, mais aussi interloqués se demandant si le fameux devoir de mémoire, pour lequel travaille cette exposition, n’est pas parfois, un peu vain. Car l’implacable guerre dont témoigne Goya, l’actualité internationale nous la rappelle chaque jour.

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