Per Camins : des mots pour dire une nostalgie, le chagrin d’un arrachement de l’homme à la terre par un cruel oubli, celui de l’essentiel :
« De siècle en siècle
Se passe entre hommes
Ce sentiment profond
D’appartenance à la terre ».
Per Camins : des mots pour dire le désarroi d’un attachement, comme le vent du nord qui « Hurle et poignarde ». « Sais−je encore parler de la vigne ? » s’inquiète le poète. La vigne enroule sa liane autour du cœur de l’homme, en coupe le souflle mais le révèle aussi, en même temps. « Il faudrait que je m’éloigne » écrit−il, afin de voir à nouveau « la diaprure des vignes à ses pieds ».
Per Camins : deux langues jumelles, en miroir, révélant chacune les intimes secrets de l’autre, dont il faut s’éloigner afin d’en percevoir l’âme rebelle, réveillée par le duo des chants. Joan−Pau Creissac écrit en langue occitane, dont il livre ici la traduction avec Jean−Guilhem Rouquette. Un cheminement s’instaure au rythme du double itinéraire des mots.
Per Camins : la Poésie contre l’uniformité, contre les musts et les « ce qu’il faut voir et penser ». L’essence des choses mise en lumière par l’immense richesse des verbes et des sons, de la simple rudesse à la suavité sauvage.
Anne DUPREZ
Joan-Pau Creissac est l’un des animateurs des éditions Jorn fondées en 1980, consacrées à la poésie occitane contemporaine. Il a publié un recueil de poèmes en 1988, « Correspondéncia », paru aux éditions fédérop. Lauréat du Prix Jauffre Rudel en 1989.
« Per Camins, Cheminements », de Joan-Pau Creissac, éditions fédérop 2012.