Entre-deux-mers : quand Sadirac se « zappe »


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Entre-deux-mers : quand Sadirac se "zappe"

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 11/01/2007 PAR Jean-Baptiste Rey

C’est une agréable commune de l’Entre-deux-Mers situéeà une vingtaine de kilomètres de Bordeaux, dans un pays qui se partage entre plateau couvertde vignes ( AOC bordeaux et bordeaux supérieur), et quartiers résidentiels. Sadirac (www.sadirac.com) dans le triangle le plus coté de cette rive droite de la Garonne en pleine expansion, compte déjà autour de 3 500 habitants, et doit passer au cours des prochaines années à 4 000. Mais, contrairement au scénario que l’on rencontre fréquemment dans les zones péri-urbaines, la croissance de l’habitat ne s’y fera pas de façon sauvage et incontrôlée.La porte de la construction,fermée pendant deux ans, ne se rouvrira qu’avec la mise en œuvre d’une station d’épuration.

Le maire, Roland Feredj, et son conseil municipal, tenant les engagements électoraux,ont opté en faveur du zonage de la commune dans le cadre d’un PLU (Plan Local d’Urbanisme)et, ce qui est moins courant, d’une ZAP (Zone Agricole Protégée). Cette dernière qui doit prochainement être promulguée par un arrêté du préfet de la Gironde, sera l’une des deux ou trois premières de France.

« Laisser aller général »

Roland Feredj qui est aussi le directeur général du CIVB (Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux) explique « qu’il est frappé, et désolé, du laisser aller général qui règne dans les zones péri-urbaines. On bétonne, on fait des lotissementsun peu partout, loin de la ville, et on détruit le paysage ». « Les maires, ajoute-t-il, disposent désormais d’un pouvoir exorbitant en matière d’attribution des permis de construire. Lorsque les permis étaient du ressort des services de l’Etat, l’intérêt général était davantage respecté ». Il ne remet pas pour autant en cause le principe de la décentralisation, « mais cette décentralisation ». Les réalités du terrain révèlent, à ses yeux de façon flagrante, les carences du développement. Des tranches importantes de population ne peuvent, ou ne veulent, se loger dans Bordeaux , et choisissent de résider parfois « à 50 ou 60km ». Des maires cèdent aux sirènes de la multiplication de leur population sans tenir compte des problèmes de transport, d’assainissement, d’éducation qui vont apparaitre. « Les gens découvrent ensuite les difficultés et le coût du trajet puisquele travail est à Bordeaux.Si la population est rejetée vers nos communes, rien n’est fait en matière de transports en commun. Le tramway de Bordeaux c’est très bien, ça coûte à tous les contribuables, mais ça n’est pas accessible pour nous. Il eut étéintelligent de réhabiliter l’ancienne voieferrée de la Pimpine, (ligne Bordeaux- Créon) plutôt que d’en faire une piste cyclable où il ne passe personne, sauf quelques Bordelais en quête d’oxygène » !

Zonage durable

Le PLUsuffirait, en principe, à éviter le développement anarchique de Sadirac. Mais Roland Feredjentend« verrouiller » durablement le zonage de la commune. La ZAP, est un cadreinstaurépar la loi d’orientation agricole de 1999 mais qui, jusqu’ici,est peu utilisé. Le maire de Sadirac y fait cependant appel. L’opération est subventionnée, dans sa phase d’étude,par le Ministère de l’Agriculture, et elle apporte une garantie de pérennité en ce sens qu’une remise en cause éventuelle exigerait l’accord du préfet.


Sa mise en place semble s’être effectuée sans trop de grincements de dents selon un processus qui prévoyait diagnostic (par la chambre d’agriculture), audition de la quinzaine d’exploitants agricoles de la commune (parmi eux trois ou quatre grosses propriétés viticoles), délibérations du conseil municipal, enquête d’utilité publique. La ZAP qui doit faire l’objet d’un arrêté dupréfet représente 500 ha- la zone AOC – sur les 1900 ha que compte que la commune.

Ainsi que le prévoient les textes des ZAP, tout changement d’affectation ou mode d’occupation du sol qui altèrerait durablement le potentiel agronomique, biologique, ou économique de la zone, devra être soumis à l’avis de la chambre d’agriculture et de la commission départementale d’orientation agricole. En cas d’avis défavorable de l’une d’elles, la décision revient au préfet (le code de l’urbanisme et le plan d’occupation des sols approuvé limitent toutefois ces dispositions).

Roland Feredj, qui dit ne pas vouloir solliciter un nouveau mandat, entend avant tout éviter que le développement de la rive droite de la Garonne défigure pour toujours Sadirac. Et il souligne que le zonage (PLU et ZNIEFF, Zone d’Intérêt Ecologique, Faunistique et Floristique) protège également les zones naturelles non agricoles de Sadirac.

Gilbert Garrouty


Notre photo : Roland Feredj : « la campagne ne doit pas être le dépotoir de la ville »( Ph. Aqui !)

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