Des trésors de l’Egypte antique au musée des Beaux-Arts


Pour la première fois, des dizaines de pièces du collectionneur Périchon-Bey sortent des réserves du musée des Beaux-Arts. Trois expositions sont à découvrir jusqu’au 10 mars 2024.

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Une partie de la collection de Périchon-Bey est à découvrir au musée des Beaux-Arts de Limoges jusqu'au 10 mars 2024.

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Temps de lecture 4 min

Publication PUBLIÉ LE 15/12/2023 PAR Corinne Merigaud

Deux ans de préparation et six mois d’installation ont été nécessaires pour donner vie à l’exposition « Une vie en Égypte : Périchon-Bey et sa collection ». Après le succès de la précédente consacrée aux vitraux de Francis Chigot qui a attiré plus de 18 000 visiteurs, cette fabuleuse exposition devrait déplacer les amateurs d’antiquités égyptiennes.

L’idée a pris forme lorsque Thomas Duranteau, commissaire scientifique de l’exposition, a publié ses recherches sur Périchon-Bey, rassemblées dans l’ouvrage Canne à sucre et sarcophage (Les Ardents éditeurs). Ingénieur de formation, Jean-André Périchon a rapporté à Bessines, sa ville natale, 4 000 objets provenant de sites fouillés en Moyenne-Egypte et datant de 3 100 ans avant J.C. jusqu’à la conquête arabe en 619.

Des prêts du Louvre

Nommé directeur d’une sucrerie à Rodah, en 1885, puis d’une seconde à Mattaï en 1904, il est revenu sur ses terres natales et a installé son musée dans sa maison sur les hauteurs de Bessines. Si des privilégiés ont pu, voilà un siècle, admirer sa collection d’antiquités égyptiennes, le grand public pourra découvrir une partie des 2 000 objets légués au musée de Limoges en 1931. L’ampleur et la variété de sa collection, dont la moitié a été disséminée au gré des successions, étonnera les visiteurs par son état de conservation.

Ce masque funéraire a été acquis dernièrement par le musée des Beaux-Arts.

« Plus d’une centaine de pièces ont été sorties des réserves du musée et sont donc montrées pour la première fois indique François Lafabrié le directeur. Ces objets proviennent de fouilles que Périchon-Bey a menées sur 40 km autour de sa résidence. » En plus des œuvres du musée, des prêts prestigieux des musées royaux d’art et d’histoire de Bruxelles, du musée du Louvre ainsi que de nombreuses œuvres issues de collections privées, permettent de mesurer l’ampleur de sa collection et de dévoiler des pièces d’une grande beauté.

Jean-André Périchon s’est rapidement intéressé aux sites archéologiques autour de la sucrerie de Rodah construite, en partie, avec des pierres provenant des cités antiques d’Antinoé et d’Hermopolis. Ses fouilles ont sauvé de la destruction quelques oeuvres. « Il a par exemple bloqué des pilleurs qui étaient en train de couper la tête d’une statue de 4 mètres de haut commente-t-il, il a eu un rôle de protection. » Il avait par exemple confié au musée du Caire une grande stèle qui se trouvait dans son jardin et de plus petites ont été données à des égyptologues. « Il ne cherchait pas à en tirer un profit personnel mais avait la volonté d’en donner afin qu’elles soient étudiées » précise-t-il.

Des sites moins étudiés

Jean-André Périchon a noué des contacts avec les égyptologues qui participaient aux fouilles de sites majeurs à la fin du XIX ème siècle comme Jean Clédat, natif de Périgueux, et Albert Gayet. Sa réussite sociale lui vaudra le titre honorifique de Bey décerné par le khédive en 1897 qu’il accolera à son nom.

Les pièces proviennent de sites fouillés en Moyenne-Egypte à la fin du XIXème siècle.

Animé par une insatiable curiosité historique et scientifique, l’ingénieur s’emploiera à cartographier les sites de Moyenne-Egypte et établir une chronologie pour constituer une collection cohérente. Ses recherches ont été saluées dès 1912 par l’égyptologue français Gaston Maspero. Cette région était alors l’une des moins bien connues, difficile d’accès, bien qu’elle concentrait certains des plus beaux sites antiques. « Ces sites ont été les moins étudiés souligne Gaëlle Tallet, égyptologue et commissaire de l’exposition, il y a Amarna, le site majeur d’Akhénaton qui fut l’éphémère capitale sous son règne mais aussi Deir-el-Bercha, connue pour ses nécropoles de monarques et Meir, réputée pour ses modèles en bois. Quant à Antinoé, des tissus coptes ont été mis au jour et certains sont exposés. »

Les objets funéraires sont d’une grande variété comme, par exemple, des barques avec ses rameurs, des masques en plâtre, des statuettes en bois ou en cire. Des objets de la vie quotidienne sont dévoilés comme ces moules d‘amulettes.

Deux autres expositions au musée des Beaux-Arts

  •  « Egypte haptique » : Le musée a donné carte blanche à la jeune artiste Bérénice Sagaz dans le cadre d’une résidence tremplin en collaboration avec l’École Nationale supérieure d’art de design de Limoges. Elle s’est inspirée des oeuvres de la galerie égyptienne du musée, qui fête ses dix ans cette année, pour créer des pièces à partir de chutes de cuir sculptées, tissées, plissées ou percées qui dialoguent avec les objets antiques. Sollicitant le toucher, ses œuvres prennent une dimension haptique.

  • « Maîtres de vie » : aquarelles et collages de Thomas Duranteau, également inspirés d’œuvres de la collection égyptienne du musée.  Réalisées par l’historien en 2015 pour son livre au titre éponyme, on y découvre des scènes de navigation, de travaux agricoles, le travail d’artisans, etc.
Infos pratiques !

Canne à sucre et sarcophage par Thomas Duranteau Les Ardents éditeurs – 29 €
Publiée voilà un an, cette étude révèle des facettes méconnues de Périchon-Bey (1860-1929) et permet de mieux comprendre le parcours de cet homme qui a cherché à protéger, étudier et transmettre les objets antiques. 

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