Denis Darzacq « au centre » de la Vieille Eglise de Mérignac.


Denis Darzacq/ Courtesy Galerie VU'

Denis Darzacq "au centre" de la Vieille Eglise de Mérignac.

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 15/02/2013 PAR Lise Gallitre

Changement d’ambiance à la Vieile Eglise Saint-Vincent de Mérignac, après les couleurs saturées et la griffe so british de Martin Paar, c’est maintenant à Denis Darzacq d’installer son travail (littéralement, compte tenu du soin que ce dernier a mis à nettoyer, replacer ou déplacer les nombreux cadres afin que tout soit à sa place ce vendredi 15 février avant l’inauguration). Né à Paris en 1961, Denis Darzacq est diplômé de l’Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (secteur photo/vidéo). Depuis, il a orienté son appareil expert vers différents champs, de la scène rock française dans les années 80 aux films de Jacques Rivette ou de Chantal Ackerman en passant par le quotidien Libération. Depuis 1994, date à laquelle il commence à exposer, il n’a eu de cesse de s’intéresser à la place de l’individu et au décor urbain quel qu’il soit dans un contexte de mondialisation et de consommation accrues. Plus longue que les précédentes, cette exposition se tiendra donc du 16 février au 4 mai 2013 et proposera au public de découvrir quatre séries de photographies réalisées entre 1998 et 2009: Ensembles, Hyper, La chute et Recomposition I et II. 

Des pavillons de banlieue aux chaises Ikéa, un regard résolument moderne

Hyper 28 par Denis Darzacq

En rentrant dans la Vieille Eglise, ce sont d’abord les Ensembles de Denis Darzacq qui vous mettront au centre du propos. Dans cette série réalisée entre 1997 et 2000 dans plusieurs villes de France, des vues plongeantes se focalisent sur la place de l’individu dans l’univers urbain et proposent alors une vision socio-documentaire de la foule, du phénomène très moderne de ce qu’il est coutume d’appeler aujourd’hui la « masse ». A méditer… La série La Chute place quant à elle le spectateur dans une ambiance plus curieuse: au centre de chacune des photographies présentées, les modèles semblent être en lévitation, comme suspendus par magie dans ce décor urbain. Magie de la photo et de l’insant T où le doigt appuie sur le bouton, ce sont en fait des danseurs et des sportifs qui ont effectué des sauts devant des fonds que le photographe avait repéré, ancrant ainsi leurs corps et leurs ombres au centre de l’architecture moderne. Pour reprendre ici les mots de Denis Darzacq, »j’aime qu’à l’ère de Photoshop, la photographie puisse encore surprendre et témoigner d’instants ayant réellement existé, sans trucages, ni manipulations« .

« Une photo devient intéressante dès lors qu’elle interroge »

Nu 05 par Denis Darzacq'

Dans cette même idée du corps au centre du décor, les Nus présentés dans cette exposition sont assez singuliers: dans les quatre photographies présentées pour cette série, pas d’ambiance intime ou feutrée plutôt de mise quand il s’agit de photographier des modèles nus. Non, ici, ce sont quatre modèles qui, apparemment très confiants, marchent nus dans des rues au milieu de cités pavillonnaires. Où vont-ils si fièrement? Que font-ils nus sur ces pelouses où n’importe quel inconnu pourrait les épier depuis les lotissements devant lesquels ils marchent? Qu’en est-il de la liberté ou de la pudeur en ces temps de conformisme et de diktats? Autant de questions à vous poser devant ces grands cadres.
Plus colorés, les photographies de la série Hyper (référence au très moderne hypermarché) donnent à voir une nouvelle forme de lévitation, d’apesanteur. Dans des mises en scène assez similaires pour chaque cliché, Denis Darzacq photographie à nouveau ici des jeunes danseurs et sportifs. La consigne reste alors la même, celle d’effectuer un saut, mais le décor change radicalement: après les gris et beiges propres au bitume et au décor urbain, place ici aux couleurs vives puisque les prises de vue ont été réalisées dans des grands magasins de moquette (rappelons ici que ces photographies ont été réalisées, sans trucages certes, mais avec précaution et souci de sécurité; que tous les passionnés de moquette se calment, ce sont ici des professionnels. A ne pas imiter donc).
Pour rester dans l’univers de la maison, la dernière série de l’exposition, Recomposition I et II, plongera le spectateur dans l’univers bien connu des week-ends bricolages et autres sessions décoration: Ikéa. En effet, un peu isolée du reste puisqu’installée au fond de la Vieille Eglise, cette série est la seule où Denis Darzacq a utilisé le fameux Photoshop. Réalisés à New-York, Miami et Paris, ces clichés sont présentés comme des pièce en kit où corps, pièces de chaise Ikéa et cartons traduisent le regard critique porté par le photographe sur la société de consommation (même mise en garde que pour les magasins de maquette, il s’agit là d’un travail de professionnels). Entre cubisme et futurisme, voici donc des photographies qui interrogent. Pari tenu.

Denis Darzacq « au centre », Vieille Eglise Saint-Vincent de Mérignac, du 16 février au 4 mai 2013. (Tram A, Direction Mériganc Centre, Arrêt Mérignac Centre)

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