Le « Beau monde » que nous fait revivre ici Olivier Mony est une galerie de portraits, un album aux photos couleur sépia que l’on feuillète en sa compagnie. Des visages ressurgissent, on les croyait oubliés. En fait, tous nous manquent » mais nous ne le savions pas ». La revue a le charme surranné d’une croisière sur le lit alangui d’un fleuve: la lumière est blonde, douce et fragile, halo impressionniste de nos fugaces remembrances. Lumière d’un couchant où tranche parfois l’éclat froid d’un reflet sur le miroir trouble de l’eau.
Olivier Mony raconte et raconte bien. On se laisse emporter par sa musique aux accents de jazz, lors d’une soirée de lin blanc lorsque la chaleur se meurt au crépuscule. Tels les notes égrainées au vent des émotions, ses souvenirs s’entremêlent au souvenirs des autres, ces quelques grands qui ne sont plus. Et leur image parfois tutélaire fixant notre mémoire nous renvoie vers notre propre amont, réveille en nous les bulles d’ une effervescence oubliée, la douce pétillance du temps jadis… Qui a dit que la nostalgie n’était plus ce qu’elle était?
Photo: couverture de « Du beau monde », éditions Le Festin, tous droits réservés.
Anne DUPREZ
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