« La revalorisation des déchets », un polar « dynamite »


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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 16/02/2015 PAR Romain Béteille

Imaginez une seconde. Vous êtes installé à Bordeaux, dans un petit cabinet adjacent à celui d’un psychologue légèrement accro à la cocaïne, et vous êtes en face d’un client qui veut que vous le débarassiez de son ancien ami, devenu son pire ennemi pour une raison quelconque. En filmant votre entretien avec lui, vous lui présentez un catalogue de vos « prestations », toutes plus originales les unes que les autres. Légèrement déconcentré par votre fantasme féminin imaginaire – aussi blonde que ne l’était la rousse et voluptueuse Jessica de Roger Rabbit – qui vous toise du regard et cette satanée Camille, votre secrétaire fan de Claude François qui écoute « Alexandrie Alexandra » à fond pour la dixième fois, vous écourtez l’entretien et sortez faire un tour sur la place Pey-Berland. 

A peu de chose près, vous venez de vivre une partie du quotidien de Richard Lapelouse, rebaptisé Dick pour l’occasion, tueur à gages « low-cost », qui a fait ses armes dans le milieu niçois avant de débarquer à Bordeaux. Une sorte de « criminel né », traumatisé par un père récidiviste. Si vous êtes un familier du bordelais Sébastien Gendron, vous savez probablement que c’est un amateur de situations loufoques et de personnages hauts en couleur, comme dans « Road Tripes » qui dressait le portrait au vitriol d’un sociopathe charentais. Le lecteur avait d’ailleurs déjà fait connaissance avec Dick Lapelouse dans « Le tri sélectif des ordures ». Dans « La revalorisation des déchets », on fait un peu plus connaissance avec son caractère, ses démons et ses obsessions. Tout au long de la cinquantaine de chapitres qui composent ce roman incisif et drôle, on entre peu à peu dans cet univers couleur rouge sang, à l’humour noir décapant, et on parvient très vite à s’attacher à la basse-cour qui compose cette odyssée mortelle. 

Sébastien Gendron ne s’étale jamais trop en longueur. Avec une écriture économe et aux références bardées de pop-culture et de folklore local (le héros consulte régulièrement le journal « Sud Ouest »*), il dresse le portrait hilarant malgré lui de l’enfant terrible du milieu criminel, concoctant un mélange un peu fou entre un « Pulp Fiction » sous acide et un « American Psycho » à la française. Parfois un peu succinte mais toujours à la recherche de la punchline qui fait mouche, l’histoire dévoile au fur et à mesure tout son potentiel suggestif jusqu’au feu d’artifice final qui part dans tous les sens et érige les derniers rebondissements en apothéose de l’absurde Rire, suspense et meurtre, voilà la recette explosive d’un polar attachant mais jamais trop dense, une sorte de trip, au potentiel sans prétention. Un polar qui vous fera « aimer » le crime. 

* Dommage il aurait pu lire aqui.fr aussi (ndlr)

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