Conférence Unesco à Bordeaux : la France, mauvaise élève pour la protection des langues et cultures régionales ?


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Conférence Unesco à Bordeaux : la France, mauvaise élève pour la protection des langues et cultures régionales ?

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 02/06/2010 PAR Solène MÉRIC

De ces deux journées riches de nombreuses interventions, on retiendra d’abord que la sphère supra nationale reconnaît et protège les cultures et langues régionales ou minoritaires. Que ce soit par la Convention Unesco de 1995 ou la Charte européenne des langues régionales ou minoritaires de 1992, les instruments juridiques internationaux existent. Selon Philip Blair, ancien directeur des Institutions démocratiques auprès du Conseil de l’Europe, ils se révèlent efficaces dans les pays qui les ont ratifiés. Mais, de ces journées on retiendra également que la France a choisi de ne pas ratifier la Charte européenne, lui ôtant ainsi tout caractère obligatoire sur notre territoire. Une attitude qui inspire au Conseiller régional, David Grosclaude, une réflexion amère selon laquelle en matière de langes régionales, « la France ne veut pas comprendre ».

« Justifier l’inaction de l’Etat »
L’intervention de Yann Tanguy, professeur de droit public à l’Université de Nantes, sur le cadre légal national de la diffusion des langues régionales confirme par ailleurs ce triste constat : « en France, il n’y a pas de droit à s’exprimer dans la langue de son choix. Au mieux, on admet une liberté d’expression dans la langue de son choix. Autant dire que les langues minoritaires sont acceptées dans la sphère privée, mais c’est autre chose dans la sphère publique ». Même la révision de la Constitution en 2008, qui reconnaît pourtant les langues régionales comme « appartenant au patrimoine de la France » ne va pas jusqu’au bout de cette reconnaissance puisqu’elle place ces langues sous la responsabilité des collectivités locales, et non de l’Etat. « Une astuce très pratique pour justifier de l’inaction législative de l’Etat quant à la protection de ces langues » selon Yann Tanguy. Une responsabilité locale d’autant plus incertaine au regard de la réforme territoriale qui laisse quelques doutes sur les compétences et moyens financiers des collectivités.

« Une diversité fondue dans l’universalisme révolutionnaire »A. Modoux, Prés. d'honneur du réseaux ORBICOM des Chaires en communication de l'Unesco et M. Mattiens, dir. Chaire Unesco en Communication, Université de de Strasbourg
Isabelle Rigoni, docteur en sciences politiques à l’Université de Poitiers explique qu’en France, « les minorités culturelles et linguistiques se sont fondues dans l’universalisme républicain. Contrairement à l’Italie ou l’Espagne, il n’y a aucune existence légale reconnue aux cultures locales. » Une absence particulièrement visible dans les médias. Que l’on soit en Corse, en Bretagne, en Occitanie ou même en Pays Basque, les médias des services publics de proximité que sont France 3 et France Bleue, ne laissent souvent que très peu de place à l’expression des langues régionales, et les intervenants le soulignent: 1h45 par semaine sur France 3 Bretagne est un maximum, la plupart des autres langues régionales se contentant souvent de programmation de quelques minutes par semaine.

Une société civile très dynamique
La survivance des langues régionales dans les médias, est donc principalement portée par la société civile, à travers radios, presse et initiatives web, qu’elles soient bilingues ou entièrement rédigées ou parlées dans la langue régionale. Mais ces médias souffrent généralement de faibles diffusions, et d’un certain amateurisme, qui s’explique d’ailleurs par l’absence de formation journalistique adaptée. Seul le Pays Basque voit son paysage médiatique un peu plus étoffé mais c’est en partie dû à son caractère transfrontalier. Le Pays Basque sud, situé en Espagne bénéficie en effet d’une législation plus protectrice de la diversité culturelle…

Solène Méric

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