Changement climatique en Aquitaine : la mission d’expertise qui passe au rouge


Région Aquitaine

Changement climatique en Aquitaine : la mission d'expertise qui passe au rouge

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 04/09/2013 PAR Solène MÉRIC

Page 29 du rapport «Prévoir pour agir, La Région Aquitaine anticipe le changement climatique», au détour d’un paragraphe sur les sécheresses estivales, la sentence tombe: «L’Aquitaine est une des régions de France où le réchauffement risque d’être le plus fort»; la faute en partie à «sa situation géographique, son positionnement par rapport à l’anticyclone des Açores» analyse Hervé le Treut. A cet égard, la multiplication actuelle des sécheresses n’augure rien de bon pour les prochaines décennies. Dans le pire des scénarios, à la fin du siècle l’Aquitaine pourrait vivre des températures estivales en hausse moyenne de 10°C. Pour autant, prévient l’expert du GIEC (Groupe d’ Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat), «le travail est délicat puisqu’on est dans le domaine de l’anticipation». Par prudence intellectuelle, 2 scenarii ont donc été pris en compte, l’un envisageant une hausse de 2°C au cours du siècle, l’autre, apparemment de plus en plus probable, de 4 à 5°C.

« Conséquences locales et multi disciplinaires »Pourtant, Hervé Le Treut, prenant en compte ces limites, souligne que «c’est une vraie nécessité de se poser les problèmes à l’échelle régionale, car c’est un des creusets où les impacts se manifestent avec des conséquences locales et multidisciplinaires: qualité de l’air, de l’eau, l’estuaire, la montagne, les forêts, la santé, la ressource vivante, l’agriculture ,…». Autant de thématiques abordées par le rapport, grâce aux travaux de 15 chercheurs entourés de plus de 160 experts contributeurs. Une mobilisation interdisciplinaire importante de la communauté scientifique jusque là inédite en Aquitaine. Une cellule scientifique, dont Alain Rousset en conformité avec l’une des recommandations du rapport, a annoncé la pérennisation au delà de cette mission afin de permettre une veille et l’approfondissement de questions encore non traitées comme l’impact du réchauffement sur la production d’énergie.

Les alarmes passent au rougeQuant aux projections faites par le rapport, elles démontrent que «le système global que nous connaissons pourra avoir changé de manière radicale dans 30 à 40 ans», prévient Hervé Le Treut. C’est le cas par exemple, dans le domaine viticole, lorsque le constat à terme défavorable est fait de l’augmentation de la teneur en sucre et en alcool des vins de Bordeaux. «En 2050, pour que les vins de Bordeaux aient toujours les qualités qui les caractérisent, il faudra travailler sur des terroirs plus frais et plus tardifs, mais aussi, peut être rechercher de nouveaux cépages, espagnol ou portugais, et voir comment les valoriser pour que les vins de Bordeaux gardent leur particularité», explique Nathalie Ollat, ingénieur de recherche à l’INRA.
La même nécessité d’adaptation est à penser plus globalement sur l’ensemble de l’agriculture et de la forêt… Avec un climat plus chaud, comment adapter ces productions phares de l’économie aquitaine, et comment limiter l’impact de nouvelles espèces invasives ou locales mais destructives qui se développeront plus facilement? Les questionnements sont aussi lancés sur la montagne. Quid du tourisme hivernal qui parie sur le tout ski? Comment protéger l’avenir de certaines espèces endémiques vivant déjà sous la forte pression des activités humaines? Et de la même manière, les alarmes passent au rouge sur le trait de côte, la gestion de l’air, la santé (catastrophes naturelles, allergies, pollution…) ou la gestion de l’eau pour laquelle on prévoit d’ici 2030 pour l’amont de la Garonne des baisses de débits annuels de 20 à 30%… Des questionnements dont le réchauffement climatique n’est certes pas la seule cause, mais qui les aggravent et souvent renforcent leurs connections.

Conflits entre société et scientifiquesMais le rapport pointe un autre type de risque: la vulnérabilité sociale. Autrement dit, l’acceptation par chacun de devoir modifier son mode de vie. « Le risque de conflits entre les scientifiques, arrivant avec des solutions toutes faites, et la société est réel si on ne passe pas à plus de dialogue et d’explications avec la population», avertit Denis Salles, le sociologue du groupe. Dans cette logique, ce rapport recommande fortement la dissémination des informations qu’il contient et sa confrontation avec ce qui peut avoir des incidences locales. Des débats et séminaires thématiques vont être organisés par la Région avec la participation des parties prenantes: décideurs, associations, professionnels…
Autre recommandation du rapport: repenser les modes de gouvernance et les politiques. Au niveau régional, Alain Rousset s’y est dit prêt si nécessaire.

Se procurer l’étude complète sur le site internet des Presses Universitaires de Bordeaux
(lien mis à jour au 15/07/2014)

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