Il y a eu le Barbier de Séville, Don Giovanni et la Bohème. Une nouvelle étape que ce Carmen pour Laurent Laffargue qui dit lui même l’aborder avec humilité. C’est donc à son habitude, en tant que metteur en scène de théâtre, qu’il portera un œil neuf sur cet opéra-comique, tentant de lui apporter un souffle de réalisme contemporain. Car Carmen, il la souhaitait moderne et sensuelle, un brin caïd, provocante mais inexorablement serrée dans les mains du destin. Une transposition qu’il imaginait quelque part en Amérique du Sud, au Mexique, là où la mort n’est pas tabou, là où les zones frontières et le désert autorisent les plus grandes tragédies. Changement d’espace donc et de temps pour cette Carmen qui se joue, aujourd’hui, avec les codes qui en résultent, sexualité et sensualité comprises. Les femmes ondulent, talons haut perchés, sur les mélodies célèbres tandis que les hommes désirent, Don José (interprété par Gilles Ragon) le premier, malheureux officier ensorcelé par la fougue et la désinvolture de Carmen.Un jeu de l’amour dont on connaît la fin, porté par l’Orchestre National de Bordeaux, dirigé pour l’occasion par le chef d’orchestre roumain Cristian Orosanu. « Etsi je t’aime prends garde à toi … », un air à réentendre sans méfiance, jusqu’au 5 octobre.
Photo : Tom Kohler
Hélène Fizspan