Bordeaux, la fracture viticole. De 700 euros le tonneau de 900 litres à 1000 euros la bouteille…


Jean-Marc ROSIER

Bordeaux, la fracture viticole. De 700 euros le tonneau de 900 litres à 1000 euros la bouteille...

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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 26/09/2010 PAR Joël AUBERT

Quand les prix sont aussi bas, quand ils humilient le travail d’une année, la tentation de baisser les bras vous rattrape, à moins, et c’est désormais le cas, qu’il faille se séparer des salariés qui vous accompagnent, parfois depuis de nombreuses années. Et c’est en ces temps-là que, côtoyant un négociant de la place de Bordeaux, il ne cache pas son émerveillement en apprenant qu’une bouteille, un soixante quinze centilitres de grand cru classé 2009, vient de dépasser les 1.000 euros!

Une viticulture fracturée
Quel est donc ce plus grand vignoble d’appellation de vins fins du monde qui peut, à la fois, accepter, sans sourciller, qu’un tonneau de Bordeaux 2009, millésime reconnu de qualité se négocie à 650 euros au moment où une bouteille, une seule, de grand cru du même millésime, se vende 1.000 euros ?
Vigne du bordelais à l'abandon au mois de juillet 2010Une viticulture fracturée où le viticulteur de base qui a pourtant fait de considérables progrès, de la vigne au chai, a oublié de s’occuper du marché ?
Une terre devenue folle où la détresse lancinante, et parfois le pire, côtoient les sommets de la spéculation ?
Un univers où des métiers qui devraient avoir partie liée se regardent en chien de faïence ou, plus exactement, obéissent à des rapports de force encore «Moyenageux » où l’acheteur, l’air désolé, n’achète jamais assez à la baisse le vin que le viticulteur a produit bien plus cher qu’il ne le vend ?
Une interprofession que son mode de gouvernement alternatif, viticulture/négoce, condamneraità une forme de conservatisme des attitudes?
Un patrimoine d’une si grande diversité, 57 appellations, que le consommateur, perdu, face à la multitude d’étiquettes et aux écarts de prix indéchiffrables, pour qui n’a pas son bréviaire en poche, préfère se tourner vers des vins du Chiliou de la Rioja ?
Un secteur économique qui représente encore 33.000 emplois mais n’a pas encore fait sa mutation à l’heure de la mondialisation ?

Un monde à réconcilier
Bordeauxc’est tout cela à la fois. Un monde qui regorge de compétences et de talents, une société d’hommes et de femmes passionnés, du plus humble viticulteur, producteur de vin générique au plus titré des propriétaires de Pessac Léognan.
Un monde et une culture qu’il faut réconcilier, qui se doit à lui-même, et pour le bien d’une économie dont il est le phare, le plus grand effort de vérité.
L’enquête que notre journal, aqui.fr, lance aujourd’hui, entend à travers ce nouveau média qu’est internet, support naturel du dialogue, contribuer à ce que les choses soient dites.A ce que des constats soient faits et, bien entendu, à ce que soient mises en évidences les initiatives porteuses d’avenir. Que par exemple le plan Bordeaux, un nouveau Plan Bordeaux, fruit d’une réflexion interprofessionnelle, serve vraiment pareil objectif et, que pour y parvenir des moyens lui soient donnés. Et que les viticulteurs eux-mêmes soient écoutés et considérés.

Photo : Jean-Marc ROSIER


Joël Aubert

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