Une profession qui jouit d’une excellente image
Le premier constat de Roland Cayrol tord le cou à une idée reçue parfois répandue chez les agriculteurs et sonne comme une grande reconnaissance pour le monde agricole. En effet, si certains se sentent parfois incompris, caricaturés médiatiquement ou mal aimés, le métier d’agriculteur reste l’un des plus populaires auprès des Français, derrière les traditionnels pompiers et infirmières et devant les professions de l’éducation et de l’enseignement. Les principaux adjectifs que les Français donnent pour qualifier les agriculteurs correspondent sans surprise à cette popularité, « courageux », « travailleurs », « sympathiques » « dynamiques », « innovants ». Le métier d’agriculture bénéficie donc d’une excellente image en France. Et en Aquitaine aussi bien sûr. Les mentalités évoluent avec le temps et avec la profession elle-même, les agriculteurs sont reconnus de plus en plus comme des chefs d’entreprise et des dirigeants d’exploitations dotés de nombreuses capacités, à tel point que les Français sont de plus en plus nombreux (près de la moitié contre 19% il y a encore 20 ans) à répondre « oui » quand on leur demande s’ils encourageraient leur enfant à se lancer dans la profession d’agriculteur.
La question du Bio et de la protection de l’environnement, une histoire d’argent
Mais derrière ces déclarations d’amour vis-à-vis de l’agriculture on voit vite qu’il y a une limite, qui fait toute la différence entre les intentions et les actions réelles, celle de l’argent. Le constat est criant concernant les questions du bio et de la protection de l’environnement, car si la société a de grandes attentes de ce côte là (et particulièrement en Aquitaine), trop peu encore sont prêts à payer plus cher pour des produits de meilleure qualité et respectueux de l’environnement. De même, les agriculteurs se déclarent majoritairement prêts à produire avec les méthodes de l’agriculture durable, mais seulement si l’investissement ne leur coûte pas trop et ne représente pas un risque majeur pour eux. C’est un peu le serpent qui se mord la queue et face à cette situation, des questions d’ordre politique se posent, concernant l’aide à accorder aux agriculteurs désireux de répondre aux attentes de la société, qui sont en grande partie les leurs aussi.
Le mythe de la ville à la campagne
Ainsi, et c’est particulièrement vrai en Aquitaine, le métier d’agriculteur est globalement compris et sa place reconnue, tout comme son besoin et son envie de changement pour répondre aux attentes sociétales. Saluée pour sa qualité d’ensemble, l’agriculture régionale et nationale est appréciée, surtout quand elle sait « se vendre » par l’installation de circuits courts et l’instauration d’une relation directe entre producteurs et clients. On observe d’ailleurs, une tendance assez paradoxale dans une société qui tend à s’urbaniser de plus en plus, celle de la volonté d’aller vivre à la campagne. Comme une sorte de mythe de la grande ville dans la nature, une nature qui serait cependant « apprivoisée » et davantage propice à la vie familiale qu’à la difficile vie agricole.
Voilà en somme le bilan de la vision des Aquitains et des Français sur l’agriculture qui est perçue comme un domaine important, dynamique et d’avenir, comme une activité appréciée, mais dont on attend beaucoup en matière de qualité et de respect de l’environnement. Des attentes partagées par bon nombre d’agriculteurs, qui sont cependant démunis face un contexte économique difficile et qui doivent pourtant s’adapter dans l’espoir d’une aide conjoncturelle censée les aider à se réinventer.