Bordeaux ne comptait il y a 20 ans qu’un seul hôtel 5 étoiles, ils sont aujourd’hui une dizaine, quand les 4 étoiles sont maintenant une trentaine, soit plus que le nombre d’hôtels une et deux étoiles réunis. Des chiffres qui interrogent sur l’envie de l’hôtellerie traditionnelle de s’intéresser encore au visiteur au budget moyen, ainsi encouragé à se tourner vers les plateformes de location de courte durée ou les chaînes d’hôtel en périphérie.
De l’aveu même de certains hôteliers, cette surenchère des établissements de luxe a entrainé une compétition féroce, et des taux de remplissage qui ne sont pas toujours satisfaisants. Mais il reste cependant rare de voir de gros investissements hôteliers dans le milieu de gamme.
Couleurs pastels, références appuyées au bassin d’Arcachon, matières nobles et ambiance familiale, l’hôtel Arcanse qui vient d’être entièrement rénové pourrait être une exception intéressante. Acheté il y a deux ans par le groupe familial Inwood qui possédait déjà des hôtels sur Paris, un 5 étoiles à Bordeaux et un 4 étoiles à Arcachon, cet établissement ouvert il y a plus de 20 ans n’a pas vocation à devenir un hôtel de luxe.
Pas de vue mer pour ses 55 chambres de surface modeste, pas de restaurant confié à un chef, pas de spa, des chambres à partir de 150 euros, on mise ici sur un emplacement à proximité de la mer, sur de grands espaces collectifs conviviaux, et cette décoration toute douce pour se sentir chez soi.
Pourtant le groupe Inwood croit fermement en la capacité de rentabilité d’un établissement de ce type. « Nous nous adressons ici à une clientèle plus régulière et plus fidèle que sur le segment du luxe, précise Alexandre Desboeufs, directeur marketing du groupe. Les clients sont essentiellement français, ils ont envie de se sentir comme à la maison, mais choyés avec des prestations hôtelières qui correspondent à leur budget, et quand ils se sentent bien, nous savons qu’ils reviennent souvent ».
Faire du sur-mesure
Le cahier des charges confié au Studio MHNA en charge de la restauration va pleinement dans ce sens. « L’idée était vraiment de faire du sur-mesure pour s’adapter à cette clientèle : rien d’ostentatoire, tout est très naturel et encourage à la proximité, comme la suppression du haut comptoir d’accueil traditionnel dans les hôtels au profit d’une zone plus informelle, ou bien de la zone de petit déjeuner entièrement escamotable pour permettre de profiter d’espaces d’échanges ou de télétravail tout au long de la journée », précise Nicolas Adnet, associé du studio, pourtant plus coutumier des liftings de palaces.
Seule concession à la tendance des locations de courte durée, l’hôtel proposera également un appartement complet pour quatre personnes avec cuisine et terrasse privative. Une nouveauté pour un établissement de ce type, et une grande inconnue en matière de clientèle et de rentabilité, et voilà l’hôtellerie qui concurrence les plateformes, dans un style plus élégant et personnel que les apparthotels.
« Loin des chaînes, Arcanse se veut un établissement typiquement arcachonnais. Arcanse vient d’arcanson, la résine de pins que l’on exploitait ici et qui a donné son nom à la ville » reprend Alexandre Desboeufs. Tout récemment réouvert, l’hôtel espère valider son pari sur la saison estivale, et peut-être montrer ainsi le chemin à d’autres établissement plus abordables.