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PUBLIÉ LE 23/01/2012 PAR Isabelle Camus« Ils sont jeunes et ils comptent. Mais il y a plus que de l’archi chez eux », souligne Francine Fort, la directrice générale d’Arc en rêve. Et c’est vrai qu’il doit falloir une sacrée dose de valeur ajoutée pour se distinguer dans une ville comme Bordeaux qui compte bon nombre de professionnels, parmi lesquels autant de talents prometteurs que de maîtres d’oeuvre confirmés. La difficulté pour les jeunes équipes sans expérience étant d’avoir une chance de se voir confier des projets… « Chez Samira Aït-Mehdi et Sylvain Latizeau », continue Francine Fort, « c’est leur sensibilité qui porte ce qu’il y a en nous qui a fait la différence. Ce qui a été déterminant dans notre choix de mise en lumière des jeunes pousses de la Nouvelle Agence ». Car c’est bien là tout l’enjeu de chaque exposition : donner envie de faire de l’architecture avec les jeunes architectes.
Reflexion et vision globale
Jeune et néanmoins fertile, la Nouvelle Agence, fondée en 2004, compte dix réalisations à son actif et non des moindres. A commencer, en 2005, par la construction de l’aire d’accueil des gens du voyage, pour la Mairie de Bordeaux, la fontaine Lafargue, la Maison aux personnages de la place Amélie-Raba-Léon, le gymnase des Chartrons ou encore les aménagements sportifs du parc Saint-Michel et la maîtrise d’oeuvre du Respublica de Nicolas Milhé, surplombant les silos à grains des bassins à flot.
C’est tout celà que l’on retrouve dans l’exposition dont la première salle accueille des photographies : deux grands formats et près d’une centaine de cartes postales, tandis que sur trois écrans défilent des vidéos consacrées aux dix réalisations. En contrepoint des photos et des films, des extraits choisis de romans réalistes du XIXème siècle, choix littéraires personnels. « Des passerelles où on peut mettre de l’art dans tout, même quand on est boucher » souligne Samira Aït-Mehdi en faisant allusi
on au texte de Zola qu’elle a choisi.
Une pièce en forme d’ellipse plonge le visiteur dans l’univers des projets. Ces derniers cohabitant sur une longue table ovale sous forme de maquettes. Cohabitation, un mot imprégnant toute l’oeuvre des deux jeunes archis qui réfléchissent à tout : « s’adresser au plus grand nombre, donner à sentir, ne pas se contenter de répondre à une commande… » » Nous voulons explorer tout le spectre, dans la maîtrise des matières, de la forme… On sait que tout a un sens » confie Sylvain Latizeau. « Comment on vit à plusieurs, intégrer le vieillissement des matériaux ».
Petite scénographie entre amis
Une exigence et une réflexion qui imprègnent toutes leurs réalisations où dominent le bois, l’inox et l’acier. Un travail dont la poésie n’est pas absente, rehaussé par celui des artistes, Carol Bîmes, Pascal Fellonneau pour les photos, Benoït Schmeltz pour les vidéos, Jeremy Profit pour les dessins et ZEBRA 3 pour la table des maquettes, qui ont su instaurer un langage immédiat avec le public dans une mise en avant simplifiée. Des assiettes décoratives accrochées au mur racontent, en dessin, la phase de chantier des projets telles « Un clin d’oeil aux maîtres du monde que les architectes aimeraient être et à leur mégalomanie » explique Samira Aï-Mehdi avec humour. Une lucidité qui pour l’heure témoigne surtout de beaucoup d’humanité et opère sur deux projets en cours : 11 logements avec Aquitanis et un immeuble de logements avec Bouygues Immobilier dans le cadre du projet Ginko. La Nouvelle Agence n’a pas fini de faire parler d’elle.
Crédit photo : IC
Isabelle Camus
