2022, bonne année pour les viticulteurs des Graves


Dominique Guignard, président du syndicat viticole des Graves, lève le voile sur la qualité du millésime 2022. Il promet des pépites! Et ne se soustrait pas à l'effort d'introspection de l'appellation Bordeaux.

Dominique Guignard dans les vignes de Gravesathieu Anglada/Syndicat Viticole des Graves

Dominique Guignard, président du syndicat viticole des Graves

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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 17/04/2023 PAR Cyrille Pitois

Aqui: 2022 est désormais en bouteille. Une grande année ?


Dominique Guignard: Le millésime 2022 nous aura donné quelques inquiétudes avec les gelées tardives du printemps puis une période de sécheresse très importante. Et enfin des vendanges très longues. Nous avons commencé le blanc dès le 20 aout tandis que le cabernet-sauvignon nous a fait vendanger jusqu’au 15 octobre. Lorsque l’arrière-saison est ensoleillée, chaque cépage a le temps d’arriver à maturité avant d’être vendangé. Le résultat est maintenant en bouteilles : il a de la couleur, des arômes de fruits très prégnants, un tanin souple et de la rondeur. La couleur, la suavité, l’onctuosité, la fraîcheur sont les marqueurs clés de ce millésime. De quoi plaire au consommateur !  

Aqui: Vin de garde ?

D.G.: Le vin de cette année peut aussi bien être apprécié dès demain matin que dans trois ou quatre ans. En fait nos vins peuvent être conservés 15 ans, mais la réalité, c’est que 90 à 95% de la production est consommée dans les trois ans.

Aqui: Les quantités ?

D.G.: Au début de l’été, nous avions des prévisions très intéressantes de 50 à 55 hl à l’hectare. Mais le raisin n’a pas gonflé en juillet et aout, ramenant les rendements finaux à 41 hl à l’hectare. C’est mieux qu’en 2021. Même si ça ne compense pas, ça nous permet au moins de revenir à l’équilibre et de proposer des produits de qualité à des prix acceptables pour le consommateur, de 8 à 14 euros la bouteille. Chaque année est différente, mais il est certain qu’il y aura de très belles pépites étiquetées 2022!

Aqui: Impact des fumées d’incendies ?

D.G.: Nous avons connu plusieurs journées où les fumées des incendies ont été ramenées vers le vignoble. Nous n’étions pas très inquiets. Effectivement cela n’a ni modifié ni altéré le produit. Aujourd’hui on peut affirmer que c’est sans impact.

Aqui: Un beau millésime pour les Graves alors que Bordeaux se prépare à arracher 10% de ses vignes ?

D.G.: Les vins de Bordeaux c’est une famille. Et les Graves ne sont pas à l’écart de la famille. Nous travaillons sur ce sujet majeur avec toutes les appellations de Bordeaux. La nécessaire régularisation des surfaces ne résoudra pas tout et il ne faut pas s’abriter derrière l’argent qui est débloqué pour accompagner cet arrachage. Il faut encore trouver collectivement les voies de progrès et s’inquiéter des solutions dans nos exploitations pour reconquérir les consommateurs et rétablir la confiance des marchés.

vigne dans les gravesSyndicat Viticole des Graves

En quelques années nous avons perdu 50% de notre part, dans un marché qui a légèrement augmenté. Il y a forcément un manque de pertinence à certains égards, alors que dans la même période tous les autres territoires progressaient sur la qualité et le développement commercial. Quand le consommateur trouve ailleurs un meilleur rapport prix/plaisir, il se détourne du Bordeaux. Il est donc temps de ne plus s’abriter derrière les circonstances extérieures et de mener une introspection plus ardente. Nous allons y arriver avec toutes les fédérations et Organismes de défense et de gestion (ODG) des différentes appellations. Nous sommes capables de faire bouger les lignes de la tradition et de nous ouvrir à l’innovation. C’est une alchimie complexe à construire en travaillant en collectif, en confrontant les idées.

Aqui: Quelle partition pour les Graves dans ce travail ?

D.G.: Les Graves prennent leur part du sujet, en créant un nouveau label qui valorise les locomotives de notre appellation en tenant compte des efforts en matière d’environnement, d’oenotourisme ou de qualité du produit. Nous sommes challengés par le cahier des charges mais aussi par les consommateurs, via notre démarche Ambassadeurs des Graves. Nous sommes prêts à nous exposer à la sentence du consommateur et à dire que c’est lui qui a raison.


La démarche Ambassadeurs de Graves

– Plusieurs vins candidats aux Ambassadeurs sont proposés en échantillons à la société Techni’sens (La Rochelle), spécialisée dans les tests produits.
– Entre 80 et 100 consommateurs, inscrits comme testeurs auprès de Technisens, testent des échantillons de référence et des échantillons candidats. 
– Chaque échantillon candidat se trouvant au-dessus des échantillons de référence devient Ambassadeur. 

Infos pratiques !

Graves

4% du vignoble bordelais

200 producteurs

3 500 ha de vigne

3 couleurs: rouge (2500 ha) blanc sec et blanc doux

25 millions de bouteilles par an (Bordeaux 850 millions de bouteilles)

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