De l’eau sous nos pieds : Qu’en est-il des ressources en eaux souterraines en Aquitaine ?


JG65, Association Terre et Océan
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Temps de lecture 3 min

Publication PUBLIÉ LE 28/02/2012 PAR Jean-Baptiste Rey

En Aquitaine, le socle (roches profondes) est ancien et très érodé, vestige de la chaîne « hercynienne » ou « varisque », érigée à la fin du Permien (fin de l’ère primaire, autour de 230/210 millions d’années) sur un continent unique appelé « Pangée ». Il est recouvert par des couches sédimentaires qui se sont déposées au cours du temps. L’étape ultime du « remplissage » est le dépôt, en son centre, de sédiments fluviatiles et de sables éoliens au cœur des Landes.

De l’eau sous nos pieds :
Chaque année en Aquitaine, les prélèvements en eau atteignent près de 1,1 milliard de m3 pour satisfaire les activités humaines ; 61 % des eaux à usage domestique proviennent des nappes d’eau souterraine.

Répartition des prélèvements d'eau en Aquitaine par an

Les couches « aquifères » les plus exploitables sous nos pieds sont d’âge jurassique à pliocène, couvrant les 200 derniers millions d’années.Il désigne la « roche réservoir » ainsi que l’eau qu’elle renferme (l’aquifère est une formation perméable qui permet l’écoulement d’une nappe d’eau souterraine et le captage d’une quantité d’eau appréciable (exploitable)).

En Aquitaine, les aquifères du Sable des Landes et les alluvions des grands cours d’eau, représentent les ressources en eau les plus accessibles (car à plus faible profondeur) et donc les moins couteuses à exploiter. L’eau contenue dans ces roches est relativement récente. Elle est cependant sensible aux pollutions et souvent de qualité médiocre, ce qui la rend impropre à la consommation humaine.

Une distribution des nappes d’eau en relation directe avec le sous-sol :
La distribution des aquifères, est inégale et dépend de la nature et de la disposition des roches et des couches souterraines.
En Aquitaine, on distingue trois grandes nappes :
– les nappes du Quaternaire (alluviales et Plio-Quaternaire), peu profondes
– les nappes du Tertiaire (Miocène, Oligocène et Eocène)
– les nappes du Secondaire (Crétacé et Jurassique).

Les grands aquifères sont d’extension inégale, séparés par des niveaux peu ou pas perméables, continus ou discontinus permettant des échanges verticaux entre les couches que l’on appelle « drainance ».

Nappes libres ou captives ?

Deux grands types de nappes d’eau peuvent être différenciés :

-les nappes libres dont les eaux sont capables de circuler librement dans les roches
-et les nappes captives, généralement profondes, qui circulent entre deux couches de terrains imperméables. Elles sont recouvertes, totalement ou partiellement, par une couche de terrain imperméable. Ces nappes sont sous pression.

En Aquitaine, de nombreux grands aquifères contiennent des nappes libres en périphérie du bassin aquitain qui deviennent captives en son centre.


Un « modèle » pour simuler l’état des nappes :

Le modèle hydrodynamique Nord-Aquitain ou « MONA » a été développé par le BRGM dans les années 1990, suite à la baisse importante constatée des niveaux piézométriques de la nappe d’eau souterraine de l’Éocène en Gironde.
Cet aquifère est en effet l’un des plus exploités en Aquitaine, pour l’alimentation en eau potable.

Le modèle MONA est utilisé comme un outil d’aide à la compréhension du fonctionnement des systèmes aquifères et sert également d’appui aux politiques publiques pour la gestion des eaux souterraines.

De nombreux développements du modèle se sont succédés dans le cadre des deux conventions régionales « Gestion des eaux souterraines en région Aquitaine » signées entre l’État, la Région Aquitaine et le BRGM, avec le concours financier de l’Agence de l’Eau Adour-Garonne et de l’Europe (fonds FEDER). Le MONA a beaucoup évolué pour arriver à un niveau de représentativité du milieu souterrain toujours plus fin.

Ce modèle répond principalement à des problématiques de nappes profondes à renouvellement lent. Il constitue un auxiliaire de diagnostic, d’évaluation et de gestion des nappes d’eau souterraine.

Représentation des formations géologiques aquifèresprises en compte dans MONA
 Légendes

Représentation en trois dimensions des formations géologiques aquifères
prises en compte dans MONA

Il est notamment utilisé pour faire le diagnostic de l’état de la ressource :
– y a-t-il surexploitation de la ressource ?
– peut-on atteindre un nouvel équilibre et au bout de combien de temps ?

L’évaluation concerne également l’offre potentielle :
– si l’équilibre de la nappe est menacé, quelle quantité d’eau faut-il économiser ?
– peut-on solliciter le stock sur une certaine durée (en tablant sur les capacités de « récupération » de la nappe) ?
– quelle sera l’impact de nouvelles ressources de substitution ?

Le MONA permet la gestion de la ressource en eaux profondes contribuant à valider des stratégies d’exploitation fondées sur des scénarios simulés par le modèle.


Pour en savoir plus, consultez le site duSIGES – Système d’information pour la gestion des eaux souterraines en Aquitaine : http://sigesaqi.brgm.fr/
Photos : JG65, Association Terre et Océan – Tous droits réservés

Bérengère Clavé-Papion
Géologue, Médiatrice scientifique
Association Terre et Océan
http://www.ocean.asso.fr
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