Point de vue – L’économie collaborative : une économie horizontale construite sur

Cette forme d’économie alternative propose d’autres modèles de développement territorial, parfois présentés comme nouveaux alors qu’ils reprennent les bases de modèles préexistants (modes de consommation privilégiant l’usage à l’appropriation, manières de produire en pair-à-pair, relations de confiance, etc.) en y ajoutant une nouvelle définition de proximité grâce aux réseaux sociaux et aux nouvelles technologies.

Cette économie sociale émergente crée de nouveaux lieux collaboratifs et redessine le rapport de l’homme à son territoire par la volonté de privilégier la qualité à la quantité et de renforcer le lien social au travers de valeurs communes.

Une crise de civilisationParmi les éléments développés, on retient l’intervention de Rachel Botsman (auteur de « What’s mine is yours » et fondatrice du cabinet de conseil Collaborative Lab). Elle explique que l’émergence de cette économie collaborative est le résultat d’une remise en question des valeurs sociétales dans un contexte de crise et de récession, et cite quelques exemples concrets d’application : BlaBlaCar, AirBnB, jestocke (que l’on retrouve dans une table ronde intitulée « De la vie chère à la vie share : tour d’horizon des modes de consommation émergents »).

Mais cette analyse à l’échelle de l’individu citoyen ne satisfait pas Hugues De Jouvenel (fondateur et directeur en chef de la revue Futuribles) qui apporte un éclairage plus critique. Il pose la question de savoir si « ces acteurs peuvent réellement dépasser ce niveau de réflexion individuelle et répondre au défi auquel nous sommes confrontés ? ». Il pointe du doigt les gouvernements qui essayent selon lui de « consolider un système obsolète, un navire qui prend l’eau », au lieu de réellement soutenir les initiatives locales encore trop isolées. Il interpelle les élus à l’échelle étatique, garants du changement de paradigme.

« Villes, territoires et économie collaborative » : nouveaux lieux incubateursAu travers d’exemples comme celui de l’association Collporterre ou du projet Darwin, l’économie collaborative développée s’appuie sur des filières existantes avant d’en initier de nouvelles. Son empreinte écologique est faible puisqu’elle se base sur un modèle sans externalités négatives qui respecte l’environnement (comme l’explique Gwendal Briand de Collporterre). Enfin, elle préconise la mixité des genres qui contribue à « lutter contre le cloisonnement urbain » grâce à la mutualisation des acteurs et des compétences (Philippe Barre l’un des fondateurs du projet Darwin).

« La mutualisation », Jean-Marc Offner en parle aussi. Le directeur général de l’A’urba la considère comme une donnée essentielle. Elle entraine une rentabilisation du temps, la production de mixité (fonctionnelle, intergénérationnelle et sociale) et une réduction de la consommation de l’espace territorial. Ce partage entre individus a pour objectif d’optimiser l’accès aux ressources et leur rentabilité.

L’OpenGov / l’OpenData : le citoyen au cœur de l’action publique et politiqueCette ouverture des données publiques est-elle la clef d’une démocratie collaborative ? C’est la question à laquelle Anne-Marie Keiser (Vice-Présidente du Conseil général de Gironde) répond en décrivant les objectifs de transparence et de démocratie participative des collectivités. L’OpenData est une manière d’accompagner une autre forme de gouvernance, dont le but est « la co-construction de l’appropriation de l’information par tous les utilisateurs (particuliers, associations, entreprises, journalistes…) ». Romain Lacombe (chargé de l’innovation et du développement ETALAB) et Armel Le Coz (co-fondateur du collectif Démocratie Ouverte) parlent d’un contexte de crise dans lequel le citoyen doit être partenaire de l’expert afin de réinventer une gouvernance, plus proche de l’homme et de son territoire.

En s’inscrivant dans de nouvelles modalités d’exercice du pouvoir et en s’appuyant sur de nouvelles technologies, l’OpenGov et l’OpenData permettent une meilleure compréhension des mécanismes socio-économiques et suscitent l’innovation et la créativité.
Ce modèle alternatif d’économie collaborative est au cœur d’une nouvelle forme de capitalisme basé sur une autre répartition des richesses. Cependant, les risques et les limites inhérents ont été survolés. Seul Philippe Frémeaux (éditorialiste au magazine Alternatives Economiques) a abordé le sujet et cela aurait mérité d’être plus développé.

« Cette économie relève tout autant d’une nouvelle appropriation des richesses, que d’une nouvelle façon de les répartir » (Philippe Madrelle, Président du Conseil Général et Vincent Feltesse, Président de la Communauté Urbaine de Bordeaux).
Il apparaît que la métropole bordelaise possède de nombreux outils favorables au développement de cette économie collaborative. En instaurant ce forum, elle démontre son implication comme acteur clef et porteur de ce genre d’initiatives et de projets. Espérons que ce terreau fertile saura être cultivé dans le temps pour de beaux et bons résultats.

Pour en savoir plus…
BlaBlaCar : http://www.covoiturage.fr/
AirBnB : https://www.airbnb.fr/
Collporterre : http://www.collporterre.org/
Darwin : http://www.darwin-ecosysteme.fr/
ETALAB : http://www.etalab.gouv.fr/
Démocratie Ouverte : http://democratieouverte.org/
OuiShare : http://ouishare.net/fr/

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