La rentrée des éditeurs:  » Des trains à travers la plaine », quatre voyages dans l’univers de Bashung.


Editions In 8
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Temps de lecture 2 min

Publication PUBLIÉ LE 30/09/2011 PAR Anne Duprez

Le jour où je suis mort, Claude Chambard: « né de père inconnu, mort parce que l’amour ne peut être que fou, Sam est du jour qui hurle, de la nuit qui geint, du fusil qui aboie. Son nom est Samuel Hall. Jamais nul autre que lui ne s’allongera ainsi parmi les déchets et les fleurs, comme un tireur couché. Comme un indien chassé auquel on aurait dit que sa montagne était trop loin … Mort de père inconnu. » Ecriture et nouvelle magnifiques, mêlant, comme une ballade de Bashung, douceur et cruauté des choses. Du miel sur fond de toile emeri.

Croiser les méduses, Eric Pessan. Une jeune fille, être et femme en devenir, nage entre deux eaux. Ni tout à fait femme, ni plus vraiment fille, toute à la fois fille de sa mère -dont elle observe les mouvements langoureux face à son homme du moment- et objet d’un désir qui danse, incongru, dans le regard des mâles.  La nuit, elle nage… se laisse volontiers engloutir par les vagues des sensations, des envoûtements inconnus. La sensualité contre la rudesse d’une réalité, à l’image de la mère qui bouge sur « Gaby », incantations chaudes pour étouffer les cris des disputes dans des promesses de nuits de sortilège. La jeune fille apprend sa propre sensualité et, se cherchant elle-même, elle frôle parfois le danger.

Nage entre deux eaux, Jérôme Lafargue. Histoire d’un fils. En totale incompréhension face à son père, il choisit la cavale, claque la porte, direction le large et les mauvais coups. Un braquage qui tourne mal, un bain de sang, et l’histoire bascule. Là où on ne l’attend pas, le père resurgit et montre un visage que, même son fils, n’aurait pas su inventer. Le plus rebelle  n’est pas celui qu’on croit. Sous la surface lisse des fleuves se dissimulent parfois des remugles,  des troubles, et des abîmes secrets.

Où vont les vaisseaux maudits ? Marie Cosnay. Une histoire de frères cette fois-ci, aux confins de la folie, des hallucinations, des malédictions. Il est question de la révélation d’un tableau inconnu, de 8 centimètres sur 8, du grand Velasquez, représentant Louis XIV et sa jeune femme Marie-Thérèse au soir de leurs noces. Scène à la violente minutie, traduisant un moment de souffrance plus qu’une douce union. Le tableau révélé divise les frères, jusqu’alors inséparables, jusqu’à la disparition de l’un d’eux. Hanté alors par l’absence, celui qui reste se perd : images de nuits de fièvre, où les cauchemars semblent si réels, où les sens s’affolent. Le tableau apparaît, grandit, devient réel. Peut-être…  Identité raptée par la démence, les repères s’effondrent. Qui suis-je face à la cruauté d’une part de moi-même ? Et qui pourra encore me sauver…

L’esprit de Bashung s’est déposé un matin de mars entre les pages des livres encore endormis. Les quatre auteurs que réunissent ici les éditions In8 sont là pour en rendre témoignage.

Anne DUPREZ

Des trains à travers la plaine, Marie Cosnay, Jérôme Lafargue, Claude Chambard, Eric Pessan. Editions In 8, collection La Porte à Côté. editions.atelier-in8.com
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