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L'ÉDITO

 par Joël AUBERT Joël AUBERT
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13/05/2018

Un grand défi pour la première région agricole d’Europe

L'homme sait en effet de quoi il parle et il le dira, le 18 mai. Il a fait, en effet, le choix remarquable de préparer, en liaison avec Anthony, un jeune dont il a fait son associé, le passage de témoin de son exploitation. D'une part par conviction et, d'autre part, parce qu'observant trop de ses collègues agriculteurs tourner la page sans espoir de succession, condamnant de fait des exploitations soit à l'agrandissement, soit à l'abandon inéluctable. Et son coup de gueule que l'on peut résumer ainsi : « Aidons-les ! » a retenu notre attention.

Il fait écho à ce dont témoignent tous ces jeunes passionnés, rencontrés au fil des semaines, pour qui devenir agriculteur participe du parcours du combattant; non pas qu'ils ne bénéficient pas du soutien, désormais plus affirmé, de toutes les structures et institutions, de plus en plus conscientes des enjeux vitaux pour les territoires du maintien d'une agriculture vivante. Les outils existent et se développent, à la fois pour acquérir du foncier et le faire sur un mode du portage par les organismes spécialisés, les Safer mais aussi les collectivités régionale et départementale, les banques, Crédit Agricole en tête. Les uns et les autres prennent la mesure de l'apparition d'une génération inventive qui propose, souvent, de s'engager dans de nouveaux modèles d'exploitation, intégrant l'aval de la production, la commercialisation, en recherchant d'emblée le lien avec le consommateur. Une génération qui sait utiliser les moyens de la communication contemporaine, numériques en premier.

Tout irait donc pour le mieux dans un monde de plus en plus attentif aux enjeux d'une politique d'installation renouvelée ?... Voire. Il reste beaucoup à faire, d'abord pour suivre de près dans chaque commune, chaque intercommunalité, l'évolution des exploitations, les possibilités de succession, l'attention vigilante que les élus doivent porter aux terres agricoles à protéger. Anticiper devrait être le mot clé; or cette étape semble souvent la moins bien satisfaite: le décalage entre la valeur patrimoniale de certaines exploitations et la valeur économique est un frein supplémentaire à la transmission. C'est comme cela que trop de foncier agricole disparaît, année après année, ou échappe à une agriculture de proximité, Les réponses, là, sont inséparables d'une grande politique nationale d'installation qui prendrait également en compte, par exemple, le niveau de retraite actuel des agriculteurs qui tournent la page d'une vie de labeur avec des pensions de misère. Quant aux jeunes qui venant d'autres horizons, en particulier ces « hors cadre familial », selon le terme en usage dans la profession, il faut mettre en place de façon décentralisée un suivi de leur parcours initial. Et, ceci, spécialement dans ce temps où, entre leur travail en direct sur l'exploitation pour alléger les coûts de l'installation, « ces mains dans le cambouis » qui les absorbent, la commercialisation qui requiert une veille attentive, la gestion cruciale pour tenir le cap, toutes ces figures imposées sont lourdes à assumer. A leur façon, ces nouveaux installés sont l'égal de ces start up que l'on choie particulièrement en milieu urbain. Et, comme elles, ils courent le risque, classique, pour toute nouvelle entreprise de l'échec prématuré. Voilà en tout cas un constat, nourri, de l'expérience du terrain qui mérite, dans la première région agricole de France et d'Europe, non seulement l'attention mais plus encore un véritable plan d'action.

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