L'ÉDITO
par Solène MÉRICL’interminable recherche du « en même temps » perdu
Si la ministre démissionnaire de l’Education nationale, mais ministre tout de même, annonce que depuis ce lundi, des profs sont devant les classes « dans l’immense majorité des situations », force est de constater en cette rentrée 2024, que tels des élèves de classe de terminale assis devant une chaise vide pour leurs cours de lettres ou de physique, le prof principal du Gouvernement manque toujours à l’appel. Un peu plus que de simples lycéens, certes, le peuple français attend face une chaise sempiternellement vide. Le proviseur de l’Elysée a enfin ouvert le poste mais le recrutement ne sera sans doute pas effectif avant mercredi. Espérons que le délai soit tenu.
Il y en aura pourtant eu des candidats et des candidates. Alors qu’on pensait ces jours-ci entrer dans une phase finale entre Bernard Cazeneuve et Xavier Bertrand, les rumeurs élyséennes, qui savent comme aucune autre finir à la une dans la presse, bruissent du nom d’un nouvel outsider…
Ces interminables jeux de devinette sur le nom du futur hôte de Matignon, sont franchement longs. Il est temps désormais de s’inspirer des athlètes que le président a lui-même tant loués. Comme Léon Marchand ou Gabriel dos Santos Araújo, il lui faut se jeter à l’eau avec il est vrai, déjà, la certitude qu’il n’aura pas la médaille d’or. La tripolarisation qu’il a lui même provoquée dans l’urgence des législatives anticipées, fait que de toute façon, l’heureux successeur de Gabriel Attal, ne pourra convenir à tout le monde « en même temps ». Si tant est qu’une nomination de premier ministre ait déjà réussie à le faire, même au temps jadis (et béni ? ) des majorités parlementaires.
Dans une interview de La Tribune, en date du 26 juin dernier, l’outsider en question, Thierry Beaudet, figure du secteur mutualiste et président du CESE (Conseil Economique, Social et Environnemental), décrit sa responsabilité à la tête des conseillers de cette assemblée comme celle de « les faire échanger, coopérer, co-bâtir ensemble, donc dans le respect de leurs singularités et de leurs libertés de conscience. Je dois veiller à protéger le CESE du risque de la division afin de préserver son essence : être un espace de compromis, de dialogue apaisé, propositionnel et constructif. » Douce musique aux oreilles de Macron qui dit rêver d’unité, de compromis, de coalition...
L’homme, de centre gauche, qui brandit son rejet du RN, et « ne renvoie absolument pas RN et NFP dos à dos », pourrait-il être l’homme providentiel pour Macron ? Sur la forme, peut-être, (même s’il n’est pas certain qu’un député, soit aussi conciliant qu’un conseiller économique et social, culture d’assemblée oblige...) mais sur le fond ? Si son nom se confirme, ce serait alors à l’Assemblée Nationale, enfin, d’en décider et de peut-être avancer sur les nombreux dossiers qui attendent à sa porte depuis plus de 2 mois.