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L'ÉDITO

 par Cyrille Pitois Cyrille Pitois
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03/11/2022

Faut-il jeter la démocratie avec l’eau des bassines?

Les réserves d’eau à usage agricole, qui resteront dans l’histoire des enjeux paysans et sociétaux sous le terme de bassines, deviennent le symbole d’une confrontation technique et philosophique entre les tenants d’une agriculture productiviste et les partisans d’un modèle plus respectueux du rythme de la nature. Lobby contre lobby, le débat sans doute un brin caricatural, n’est pas récent, comme en témoigne le pour/contre publié par Aqui.fr (13 juillet 2022). Ce qui est nouveau cet automne, c’est que le sujet prend une ampleur nationale depuis le week-end dernier et les événements de Sainte-Soline (Deux-Sèvres). 

En organisant une manifestation d’importance réunissant aussi bien des militants pacifistes de la cause écologique que des black blocks pressés d’en découdre avec les forces de l’ordre, en agitant la menace de création d’une zone à défendre (ZAD) à la façon de celle qui lutta pendant près de dix ans contre l’implantation de l’aéroport Notre-Dame-des-Landes en Loire-Atlantique, les opposants ont enclenché la vitesse supérieure de la montée de la violence. L’Etat a pris sa part dans l’escalade, en interdisant la manifestation et en envoyant des escouades de gendarmes. Le rendez-vous ne pouvait pas se terminer autrement. Comme dans une cour d’école où deux caïds veulent faire la démonstration de celui qui a les plus gros muscles. 

Au passage,  est-ce bien raisonnable d’envoyer des forces de sécurité au casse-pipe dans un scénario écrit d’avance? La violence des opposants ne ferait-elle pas pschitt face au néant plutôt que d’être titillée par la présence de képis? Les escalades catastrophiques chaque samedi, pendant la crise des Gilets jaunes, ont montré que la conception du maintien de l’ordre, façon guérilla urbaine, en l’occurrence transposée à la campagne, se solde souvent par des échecs face à une poignée de casseurs ultra motivés. Le seul point marqué est celui de la médiatisation : une manifestation qui dégénère c’est un ticket assuré pour l’ouverture du 20 H ou la boucle enivrante des chaînes d’info en continu. Et l’illustration d’un modèle démocratique qui dysfonctionne. 

Rejoindre une manifestation, masqué, avec des boules de pétanque dans son sac à dos pour les lancer sur les forces de l’ordre, c’est pour le moins marcher à contre sens du dialogue et de la co-construction. De la part de l’Etat, interdire une manifestation n’est pas plus favorable au débat. Faire flamber la violence, c’est durcir les positions. L’écologie, l’avenir de la planète, la bonne gestion de l’eau et des ressources, méritent tellement mieux. 

Le déficit démocratique ne doit pas sonner le glas d’une démarche écologique dont la société et l’environnement ne peuvent plus se passer.

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